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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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selle, et suis-moi. Laisse ici tout ton bagage, et je vais te faire entrer au service d’un homme où si tu ne prospères pas ce ne sera pas la faute de la fortune, mais la tienne.
    – On ne peut mieux ; de tout mon cœur : je suis prêt dans un instant. Holà ! hé, palefrenier ! qu’on selle mon cheval au plus vite, ou gare ta caboche ! Cicily, gentille Cicily ! viens me faire tes adieux, et que je te donne la moitié de ma bourse pour te consoler de mon absence.
    – Par le nom de Gog {29} , s’écria Giles Gosling qui venait d’entendre ces préparatifs de départ, Cicily n’a que faire de tes présens. Bon voyage, et puisses-tu trouver la grâce quelque part, quoique, à dire vrai, je ne pense pas que tu ailles au pays où elle pousse.
    – Fais-moi donc voir ta Cicily, mon hôte. On prétend que c’est une beauté, dit Varney.
    – Une beauté brûlée par le soleil, en état de résister à la pluie et au vent, mais qui n’a rien qui puisse plaire à des galans comme vous, monsieur ; elle garde sa chambre, et ne s’expose pas aux regards des courtisans.
    – À la bonne heure, mon cher hôte ; que la paix soit avec elle. Mais nos chevaux s’impatientent ; nous vous souhaitons le bonjour.
    – Mon neveu s’en va donc avec vous, monsieur ?
    – Telle est son intention, répondit Varney.
    – Tu as raison, Michel, reprit Gosling, parfaitement raison. Tu as un bon cheval, maintenant prends garde au licou. Ou, si de toutes les manières de finir tes jours la corde est celle qui te convient le mieux, comme cela me paraît vraisemblable d’après le parti que tu prends, fais-moi le plaisir de choisir une potence le plus loin de Cumnor qu’il te sera possible.
    Sans s’inquiéter des adieux de mauvais augure de Giles Gosling, l’écuyer du comte et Lambourne montèrent à cheval, et coururent avec tant de rapidité qu’ils ne purent reprendre leur conversation que lorsqu’ils eurent à gravir une montagne escarpée.
    – Tu consens donc, dit Varney, à entrer au service d’un seigneur de la cour ?
    – Oui, monsieur, si mes conditions vous conviennent.
    – Et quelles sont ces conditions ?
    – Si je dois avoir les yeux ouverts sur les intérêts de mon maître, il faut qu’il les ferme sur mes défauts.
    – Pourvu qu’ils ne soient pas de nature à nuire à son service.
    – C’est justice : ensuite si j’abats du gibier, je dois avoir les os à ronger.
    – Rien de plus raisonnable. Pourvu que tes supérieurs soient servis avant toi.
    – Fort bien. Il me reste à vous dire que, si j’ai quelque querelle avec la justice, mon maître doit m’aider à en sortir les mains nettes. C’est un point capital.
    – C’est encore juste, pourvu que cette querelle ait eu pour cause le service de ton maître.
    – Quant aux gages, dit Lambourne d’un air indifférent, je n’en parle point, parce que je compte vivre sur les profits secrets.
    – Ne crains rien ; tu ne manqueras ni d’argent ni de moyens de te divertir. Tu vas dans une maison où l’or sort par les yeux, comme on dit.
    – Cela me convient à ravir ; il ne s’agit plus que de m’apprendre le nom de mon maître.
    – Je me nomme Richard Varney.
    – Mais je veux dire le nom du noble lord au service duquel vous devez me faire entrer.
    – Comment, misérable ! te crois-tu trop grand seigneur pour m’appeler ton maître ? Je te permets d’être impudent avec les autres ; mais songe bien qu’avec moi…
    – Je demande pardon à Votre Honneur ; mais je vous ai vu si familier avec Tony Foster, avec lequel je suis si familier moi-même, que…
    – Je vois que tu es un rusé coquin : écoute-moi. Il est vrai que je me propose de te faire entrer dans la maison d’un grand seigneur ; mais c’est moi qui te donnerai tous les ordres, c’est de moi que tu dépendras. Je suis son premier écuyer. Tu sauras bientôt son nom. C’est un homme qui gouverne l’État, qui porte tout le poids de l’administration.
    – De par le ciel ! c’est un excellent talisman pour découvrir les trésors cachés.
    – Quand on sait l’employer avec discrétion. Mais prends-y garde, car tu pourrais évoquer un démon qui te réduirait en atomes.
    – Suffit. Je me renfermerai dans des bornes convenables.
    Les deux voyageurs reprirent alors le galop, et arrivèrent bientôt au parc royal de Woodstock. Cet ancien domaine de la couronne était alors bien différent de ce qu’il avait été quand,

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