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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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longtemps.
    — Il y a longtemps, grommela Abu Nurbel, la voix pleine de doutes. Saurais-tu nous y conduire sans nous perdre ?
    Comme à son habitude, Zimba prit le temps de peaufiner sa réponse. Finalement, il s'inclina sur le côté de sa selle et cracha dans la poussière.
    — Tu paies pour être conduit, Abu Nurbel al Illih. Pas pour être perdu. Quand je vais, je sais où je vais.
    — En ce cas, laissons un esclave ici, qu'il puisse indiquer à Yâkût et à ses mercenaires quelle direction nous prenons, proposa Al Sa'ib.
    — Après quoi, ils se perdront quand même dans l'obscurité, marmonna Abu Nurbel.
    — Non, intervint Zimba. Je montre à esclave le point qu'il fixe pour avancer.
    Une volée de cris aigus jaillit de la colonne des femmes à l'arrière. Des youyous stridents vrillèrent l'air du soir. Des bras agitèrent des foulards de couleur depuis les palanquins.
    — Ah, fit le vieil Abu Nurbel avec un sourire qu'on lui connaissait peu, les femmes ont appris la gloire du jeune Ibn `Abdallâh.
    Il décrocha la gourde de sa selle et la tendit à Muhammad.
    — Tu ne m'as toujours pas rempli cette gourde, garçon. Dieu sait où le guide va nous conduire, et c'est encore aux jeunes d'aller remplir les gourdes des vieux. Et puis il y a là-bas des mains qui sont sûrement impatientes de te rendre la figure plus aimable.
    Mais alors que Muhammad allait faire tourner son méhari, Al Sa'ib le retint.
    — Attends, Ibn `Abdallâh ! Montre-nous ce sabre que tu as pris au pillard.
    Fièrement, Muhammad tira l'arme du fourreau. Les taches de sang séché maculaient encore l'acier luisant. Al Sa'ib approcha la lame pour mieux l'admirer avant de pousser un brusque juron.
    — Abu Nurbel ! Qu'Al'lat me protège de tous les démons. Abu Nurbel, regarde ça !
    L'index d'Al Sa'ib désignait une trace noire près des quillons de garde. Ce n'était pas du sang mais une gravure profonde de l'acier. Un entrelacement de lettres avec lesquelles, à Mekka, on désignait la Pierre Noire du dieu Hobal. Et dessous, juste au-dessus de l'ongle épais d'Al Sa'ib, creusées bien nettement dans l'acier, deux courbes, longues comme un œuf d'hirondelle, s'opposaient par le ventre, chacune rehaussée d'un triangle à la pointe dressée vers l'extérieur.
    — Les cils d'Abu Sofyan al Çakhr, murmura Abu Nurbel.
    Al Sa'ib releva le visage et fixa Muhammad, sidéré.
    — Qu'Hobal garde sa paume sur toi, Ibn `Abdallâh. Tu as tué un homme d'Abu Sofyan.

Une proposition indécente
    Du coin de l'œil, Abu Sofyan guettait la réaction de Khadija. Elle n'en montra aucune, se contentant de conserver un sourire sur les lèvres. Abu Sofyan desserra ses poings noués sur sa dague, eut un grognement embarrassé et s'assit. Les murs et le plafond de la salle renvoyaient le moindre bruit. Les yeux d'Abu Sofyan, glissant vers le visage de la belle Ashemou comme l'eau sur la pente, évitaient ceux de Khadija. Il désigna la statue à ses pieds et reprit ses explications, cette fois sur un ton froid, distant, presque indifférent.
    — Qu'elle soit la puissante Al Ozzâ, c'est ce que les marchands à qui je l'ai achetée à mon dernier voyage au pays de Ma'rib prétendent. Et aussi que l'homme qui lui a donné vie dans l'albâtre l'a fait il y a longtemps. Bien avant les pères des pères de nos pères. Al Ozzâ a voyagé dans le temps jusqu'à nous sans rien perdre de sa beauté. La vérité, cousine Khadija, c'est qu'au premier regard, j'ai su que je voulais l'acquérir pour t'en faire présent.
    Khadija plissa les paupières et laissa courir un rire joyeux sur sa bouche.
    — Un présent si plein de valeur et des compliments, cousin Abu Sofyan ! Comment t'en remercier, moi qui n'en suis pas digne ?
    — Tu l'es, tu l'es, cousine ! Et tu le sais.
    — Oui ? Je ne compte plus le nombre d'années durant lesquelles, même à Mekka, nous n'avons pas été face à face, seigneur Al Çakhr. Et aujourd'hui te voilà ici pour me combler, moi, simple veuve cloîtrée dans sa demeure.
    — Simple femme tu l'es, et vivante et de vraie chair, à la différence d'Al Ozzâ. Mais ne sois pas trop modeste, Khadija bint Khowaylid. Ta richesse te rend digne des bienfaits des dieux plus qu'aucune autre femme du Hedjaz.
    — Tu égrènes trop de compliments, cousin Abu Sofyan. Que veux-tu de moi ?
    — Que nous avancions ensemble plutôt qu'en ennemis.
    — Je ne suis pas ton ennemie, seigneur Al Çakhr. Je mène mes affaires, tu mènes

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