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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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aimèrent cette enfant. Comme Zaynab, son aînée, elle survécut aux menaces des premiers jours et des premières lunes qui, à Mekka, terrassaient tant de nouveau-nés.
    Quelques temps plus tard, aux premiers nuages de la nouvelle saison, alors qu'ils reprenaient leur souffle sur leur couche après s'être encore rassasiés de plaisir, Khadija dit à Muhammad :
    — Maintenant, tu dois aller devant les puissants de Mekka et parler comme l'époux de la riche Khadija bint Khowaylid.
    Elle entendait par là : que tu prennes ta place à la mâla, la Grande Assemblée. L'occasion était parfaite. Les clans de Mekka devaient décider de la construction de nouvelles tours pour la porte du Sud, d'un agrandissement des entrepôts de l'est et d'un mur pour ceindre l'esplanade de la Ka'bâ.
    De plus en plus de pèlerins, à chaque saison, venaient saluer leurs idoles et soumettre leurs destins, leurs espoirs ou le rachat de leurs fautes à la toute-puissance de la Pierre Noire d'Hobal. La renommée de Mekka se répandait bien au-delà du Hedjaz, atteignant Yarim et Sanaa, les riches royaumes du Sud, et même, de l'autre côté de la mer d'Afrique, Aydat et Sawakin. Ainsi le commerce de Mekka n'en générait-il que plus de richesses pour tous.
    Mais ces foules qui parfois s'agglutinaient en désordre autour de la Ka'bâ apportaient également leur lot de troubles, voleurs et mauvais larrons. Autant de menaces pour le commerce et la bonne réputation de la cité que les puissants se devaient de prévenir et de punir. Pour cela, il fallait davantage de contrôles aux portes de Mekka et plus de clôtures de protection à l'intérieur.
    Khadija dit à Muhammad :
    — Propose à la mâla de payer la moitié des travaux. Cela impressionnera et fera taire les mauvaises langues. Et, cette fois, présente-toi devant tous avec la nimcha marquée du signe d'Abu Sofyan sous ton manteau. Les Çakhr la reconnaîtront. Les autres aussi. Ils sauront ton courage et comprendront que tu as bonne mémoire.
     
    C'est ainsi que, le jour venu, Muhammad se présenta devant le dhar al Nawda, le palais des ancêtres. À l'intérieur, dans une salle aux murs longés de gradins de pierre, se tenait l'assemblée.
    Il s'avança sans ostentation, derrière son oncle Abu Talib et les puissants des clans alliés de Khadija : les Hashim, les Abd al Muttalib, les Banu Awâmm, les Banu Assad. À son côté se tenait son nouvel ami, Abu Bakr.
    Comme l'avait prévu Khadija, Abu Sofyan et les siens ne furent pas longs à repérer la nimcha sous son manteau. Avec désinvolture, Muhammad gardait la main posée sur la poignée comme s'il tenait là, sous sa paume, le souvenir de Tabouk. Et, bien sûr, les Al Çakhr et leurs alliés choisirent d'ignorer ce qu'ils voyaient.
    Quand vint le tour de Muhammad de parler, il annonça qu'il offrait à la cité le coût des travaux du mur de la Ka'bâ, ainsi que d'une bonne partie des nouveaux enclos.
    — Les affaires de mon épouse, Khadija bint Khowaylid, et les miennes ont été bonnes ces dernières saisons, déclara-t-il. Si elles ont été bonnes pour notre maisonnée, elles doivent l'être aussi pour Mekka, qu'Hobal le puissant aime et protège.
    Abu Sofyan se dressa aussitôt et salua vivement sa générosité. Comme toujours soigné, vêtu d'un caftan pourpre, le chef des Al Çakhr ne pouvait laisser le dernier mot à Muhammad. À son tour, il annonça que son clan fournirait les matériaux et les hommes pour réaliser le reste des travaux.
    — C'est une joie pour les miens autant qu'un devoir pour nous tous, déclara-t-il avec emphase.
    L'une et l'autre proposition furent grandement louées. On vanta la sagesse d'Abu Sofyan et de Muhammad. Avec enthousiasme, les anciens de Mekka déclarèrent qu'une vie nouvelle commençait dans la cité, autrefois abandonnée dans le désert et où nul ne croyait pouvoir vivre.
    — Puisse-t-elle un jour devenir aussi resplendissante que les grandes cités du Sud et du Nord que l'on prétend recouvertes d'or ! clamèrent-ils d'une même voix.
    Tous, ensuite, allèrent déposer des offrandes et chanter les louanges d'Hobal en tournant autour de la Pierre Noire de la Ka'bâ. Au soir, ils décidèrent que ce jour, le dixième de la huitième lune de l'année, serait, pour tous les temps à venir, fêté comme celui de la grande puissance de Mekka.
     
    Pendant plus d'une lune, les cours des maisons bourdonnèrent de cet événement. La louange, sur toutes les bouches ou

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