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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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presque, en revenait à Khadija bint Khowaylid. Nul ne doutait que les paroles prononcées par son jeune époux dans la salle de la mâla avaient été les siennes. Elle s'en montrait pleine de fierté. Ce qu'elle avait désiré depuis si longtemps, depuis les premiers jours de son veuvage, était advenu : sa voix était entendue parmi les hommes de Mekka.
    Cependant, Abu Talib, au caractère toujours enclin à la prudence et à la suspicion, répétait à qui voulait l'entendre :
    — Le message est clair. Abu Sofyan dit à la saïda bint Khowaylid qu'il vaut autant qu'elle vaut. Il sait que l'heure n'est pas aux mots de haine ni à la guerre. Se montrer aimable envers Muhammad ne lui coûte que de la patience. Il sait que la paix ne dure jamais plus que l'égalité du jour et de la nuit.
    Et pour bien faire comprendre que ce temps n'était que celui de l'illusion, il soulignait ses mots d'un claquement de paumes.

Un fils nommé Al Qasim
    Abu Talib se trompait. Cette paix dura plus longtemps qu'il ne le croyait. La richesse et le bonheur demeurèrent sur la maison de Khadija. Plus encore : les dieux exaucèrent enfin son vœu le plus cher. Lorsque Muhammad revint de Saba et de Ma'rib avec une nouvelle caravane lourdement chargée des précieux produits des royaumes du Sud, ce fut un fils que Khadija lui tendit. Après sept années d'épousailles ! Sur l'autel d'Al'lat et dans la fumée de magnifiques offrandes, l'enfant fut nommé Al Qasim, « Celui qui partage ». Car désormais, dit Khadija, plus rien ne pouvait être comme avant.
    — Mon époux est plus riche que je ne le suis ! s'exclama-t-elle. Il possède le temps. La vie de sa lignée respire entre ses bras.
    Et Al'lat aima ce fils. Cette fois encore, malgré mille craintes, mille alertes et autant de nuits sans sommeil, le nouveau-né survécut à ses premières saisons. Il franchit sa première année, puis encore une autre, tout aussi vaillant que ses sœurs.
    Le bonheur s'accumulait à foison dans la maison de Khadija. Muhammad allait et venait, menant des caravanes de plus en plus opulentes. Si, de temps à autre, la menace d'une razzia se réalisait, les mercenaires, nombreux et grassement payés, se faisaient un plaisir de la mettre en déroute. À l'occasion, Muhammad se joignait à eux, exerçant le savoir du sabre et de l'arc qu'Abdonaï lui avait enseigné. Après avoir ainsi repoussé plus d'une attaque, ses caravanes acquirent une telle réputation que les tentatives de razzia se firent de moins en moins fréquentes.
    Dans Mekka, les Hashim, les Abd al Muttalib, les clans d'Abu Talib et de Muhammad étaient désormais considérés aussi nobles et puissants que les Al Çakhr et les Khowaylid. Une noblesse et un pouvoir que nul ne cherchait plus à discuter. Cette paix entre les plus riches de la cité était un bienfait pour tous. Ainsi les dieux maintenaient-ils leurs paumes au-dessus de Khadija et de son époux sans qu'une ombre vienne gâcher leur joie.
    Abu Talib lui-même se mit à songer que, peut-être, pour une fois, l'usure du temps ne serait pas la ruine de la paix. Alors que s'achevait la huitième année de ses épousailles, Khadija enfanta de nouveau une fille. Muhammad n'en montra aucune déception. Khadija, elle, ne put retenir des grondements contre Hobal et Al'lat. Une mauvaise humeur qui fit rire son époux.
    La bébé était si potelé que Barrira suggéra qu'on l'appelle Omm Kulthum, ce qui signifiait « Petite Mère Joufflue ». Khadija protesta. On ne pouvait appeler ainsi une enfant ! On se moquerait d'elle jusqu'à la fin de ses jours ! Muhammad l'apaisa. Ce nom serait celui de l'opulence et de la tendresse, et sa fille serait la plus heureuse des femmes : les hommes seraient nombreux à vouloir goûter à sa douceur. Le sage cousin Waraqà enregistra sans protester le nom de l'enfant dans son rouleau de mémoire.
    Comme ses sœurs et son frère, Omm Kulthum vainquit les maladies et les faiblesses qui tuaient si souvent les vies nouvelles. Pourtant une obsession commença à dévorer les pensées de Khadija : donner un autre fils à son bien-aimé Muhammad. Un deuxième fils. Et d'autres, peut-être, encore.
    La vieille Barrira, la première, devina ce qui tourmentait sa maîtresse. À ses questions, Khadija répondit sans détour :
    — Je veux un fils.
    — Khadjiî ! Tu as déjà le plus beau fils de Mekka ! Al Qasim est aussi beau que son père.
    — Tu sais très bien ce que je veux dire. Un

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