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Khadija

Khadija

Titel: Khadija Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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saïda ! Jamais. Je le jure devant Dieu ! s'écria le jeune homme en se levant.
    Waraqà se leva lui aussi. Il avança sa jambe valide et pointa l'index sur Zayd. Sa voix grinça d'ironie :
    — Ah, Dieu ! Ici, des dieux, il y en a beaucoup, mon garçon. Ton maître te conduira devant notre Ka'bâ, et tu les verras. Des centaines de dieux. Et le plus grand de tous : Hobal. Et la plus puissante de tous : Al'lat. Ici, dans Mekka, un dieu sans apparence n'est qu'un dieu sans pouvoir. Un dieu sans pouvoir n'est que la lubie d'une cervelle dérangée. Qui peut croire en un Tout-Puissant sans apparence, sinon des fous égarés dans le désert ?
    — Je ne suis pas fou ! protesta Zayd, entre larmes et colère. Mon père ne l'était pas. Ceux d'El Kessaï, eux...
    Il s'interrompit, cherchant l'aide de Muhammad du regard. N'avait-il pas rencontré lui aussi ceux d'El Kessaï ? Et n'avait-il pas vu qu'ils n'avaient rien de commun avec lui ?
    Muhammad n'eut pas à intervenir. Waraqà leva la main en signe d'apaisement. La moquerie plissait ses yeux, mais d'une voix adoucie, presque affectueuse, il dit :
    — Ne t'enflamme pas, mon garçon. Qui te dit que je ne suis pas aussi fou que ton père ?
    La surprise laissa Zayd bouche bée.
    — Si tu sais lire l'écriture de Juifs aussi bien que tu sais l'écrire..., poursuivit le vieux sage.
    — Je sais aussi un peu celle de Ghassan...
    — Mais tu n'as pas appris à te taire et à ne pas interrompre un ancien quand il te parle ! Cousine, soupira Waraqà en s'adressant à Khadija, ce garçon a la bêtise de son âge. Il a aussi des yeux que je n'ai plus. Il pourra m'être utile pour déchiffrer les rouleaux de mon père et de ses pères.
    Khadija désigna Muhammad d'un petit signe de tête.
    — Ce garçon reste dans ma maisonnée et au service de mon époux. Vois avec lui selon tes besoins.
    Waraqà fronça le sourcil, la mauvaise humeur déjà pinçant ses lèvres.
    — Ton époux, cousine Khadija, dit-il comme si Muhammad ne se trouvait pas à deux pas de lui, doit apprendre que ce qui s'écrit à la pointe du stylet se lit à la pointe des yeux. Les balbutiements d'un esclave ne suffisent pas à l'enseigner. Qu'il apprenne les règles des nombres pour son commerce suffira à impressionner les marchands. Pour le reste, s'il se soucie de la mémoire des anciens et de ce qui échappe au pouvoir des hommes, qu'il vienne me voir.

Fils et filles
    Ainsi, comme s'ils obéissaient à l'injonction du sage Waraqà, Khadija et son jeune époux vécurent dix années de profonde félicité. Dix années durant lesquelles il sembla que pas un jour les dieux de Mekka ne songèrent à assombrir leur bonheur. Tout les comblait. Très vite, Khadija fut enceinte. Elle donna naissance à une première fille que, en accord avec Muhammad, elle nomma Zaynab. Pour rappeler ce moment où, à l'ombre douce du tamaris, celui qui devint son époux lui offrit le sucre des épousailles.
    Porté par la force nouvelle d'être père, Muhammad reprit la route de Sham. Zayd, Bilâl et Al Sa'ib l'accompagnaient. Abu Nurbel, lui, se trouva trop vieux pour un tel voyage.
    — Tu n'as plus besoin de mes avis et de mes grognements, dit-il à Muhammad, tandis que moi, j'ai besoin de manger mes galettes en paix dans ma cour. Ce que tu dois encore apprendre, Al Sa'ib te l'enseignera.
    À sa place, il lui recommanda un de ses cousins dont le clan possédait des territoires au nord de Mekka et était désormais assez riche pour faire commerce. L'homme, plus jeune que Muhammad de deux ou trois ans, s'appelait Abu Bakr al Siddîq. En peu de jours à travers le désert, sa nature franche et joyeuse en fit un bon compagnon. Quand ils parvinrent dans la ville d'Homs, tout au nord du royaume de Ghassan, l'amitié déjà les liait.
    Cinq mois plus tard, au retour de la caravane, une nouvelle fille attendait Muhammad dans les bras de Khadija. Celle-ci ne cacha pas son dépit. Elle avait espéré que son époux trouverait un fils entre ses seins.
    Sa déception amusa Muhammad. La couvrant de caresses et de baisers comme aux premiers jours de leurs épousailles, il l'assura que des fils, Al'lat leur en donnerait bientôt. « Le temps des dieux n'est pas celui des hommes », dit-il.
    Afin de bien montrer son affection envers la nouveau-née, il la souleva haut au-dessus de sa tête pour la présenter à la maisonnée réunie pour son retour, et la nomma Ruqalya, « Celle qui se tient en haut ». Et les dieux

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