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Kommandos de femmes

Kommandos de femmes

Titel: Kommandos de femmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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il y a longtemps que ma maigre ration de pain a été engloutie.
    Je fais celle qui dort, sinon, affamés ils nous attaquent et nous sautent dessus. C’est très intelligent un rat et souvent je les ai regardé faire, d’abord c’est un vieux mâle qui vient flairer pour se rendre compte du degré du danger, en quelque sorte c’est l’éclaireur de la troupe. Si tout va bien, il part, et revient avec les autres.
    Je tente de me rendormir, sans plus de succès.
    Soudain, la porte de la baraque s’ouvre sans bruit et des silhouettes se profilent devant le cadran lunaire ; elles se glissent furtivement à l’intérieur ; la porte n’a même pas couiné. Je me garde de bouger, je veux voir la suite. Mince alors, je voudrais bien savoir ce qu’elles viennent faire ici, quoique je le devine.
    De plus, je me demande bien comment elles ont pu éviter la ronde ? Les soldats devaient avoir le dos tourné. Le fait est, elles sont là. Je ne fais pas un geste et j’attends la suite, les yeux grands ouverts, parée pour la défense.
    Elles s’approchent et regardent si nous dormons ; tranquillisées par le charmant vacarme des ronflements, elles discutent entre elles, bien sûr je n’y comprends rien car elles parlent en polonais et j’en reconnais quelques-unes qui sont arrivées dans notre convoi, elles étaient au Strasblock et portent le triangle vert, couleur des droits communs.
    Ah ! elles ne perdent pas de temps et doivent avoir une résistance du feu de dieu pour rôder dehors à cette heure, après ce pénible voyage. Où puisent-elles cette énergie ? Et de plus, qu’espèrent-elles trouver sur nos pauvres loques ?
    Comme un pantin sortant d’une boîte, je me dresse d’un bond, écrasant des orteils au passage, ce qui provoque des hurlements de douleur.
    Je crie en allemand, d’une voix de stentor, où que je voudrais telle :
    — Saloperies vivantes, voleuses, foutez-le camp ou je hurle à l’assassin.
    J’aurais eu bonne mine de crier ça, par ici, il y en a des assassins en liberté ! Sur le coup, elles sont tellement sidérées qu’elles restent une seconde rivées au sol. Je ne suis pas du tout mécontente de mon petit effet, effet qui a surtout réussi à réveiller la moitié de la baraque, laquelle me chahute proprement en me disant d’aller rêver tout haut dehors. Ma mère inquiète me demande si je ne fais pas un cauchemar.
    — Non, fais-je d’un ton lugubre, le cauchemar je le fais tout éveillée, ici même, et j’explique aux quelques Françaises qui sont avec moi ce que j’ai vu.
    Jeannette et Marguerite sont sceptiques et cette dernière doit avoir le réveil mauvais car elle me lance :
    — Si t’as des visions, ma vieille, pas la peine de nous en faire profiter, les nuits sont courtes ici, très courtes.
    — Mais bon sang, puisque je vous dis que j’ai vu une bande de filles avec le triangle vert, les mêmes filles qui étaient dans notre convoi, elles étaient tout juste entrées lorsque j’ai crié :
    — Et tu leur as fait peur à toi toute seule ? Bravo !
    J’ai beau y mettre tout mon talent de persuasion, rien n’y fait, personne ne me croit et encore moins celles qui ne comprennent pas le français.
    À présent, toute la baraque est réveillée, tout le monde discute, gesticule dans sa propre langue, sauf, bien entendu, celles qui sont mortes pendant leur sommeil ! C’est un vrai chahut, d’ailleurs les trois quarts du block ignorent totalement la raison de ce réveil brutal, et l’autre quart doute !
    Un bon moment se passe dans un vacarme indescriptible qui va faire rappliquer les Allemands avant peu. Pour la seconde fois, la porte s’ouvre de nouveau, mais cette fois, sans douceur et avec du renfort. Du coup, les camarades qui me prenaient pour une illuminée sont bien obligées de reconnaître que j’avais vu juste.
    — Alors, qu’est-ce que je vous disais, hein ? Mais non, j’étais dingue, j’avais des visions, dis-je, en savourant mon triomphe.
    Déployées en éventail, les voilà qui foncent sur nous, elles sont bien une vingtaine. Deux gardent la porte. Rien à dire, elles ont le sens de la stratégie. Ce qu’elles convoitent ? Tous nos sacs où sont enfermés nos trésors. Mais qu’est-ce qu’elles s’imaginent y trouver ? Un morceau de peigne cassé, un bout de savonnette, un vieux croûton de pain datant de huit jours qu’une vieille n’a pas mangé. Et pourquoi faire ? Pour du troc ? Impensable !
    Ces dames

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