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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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ennemis barbares dans des camps de concentration – comme vous avez d’ailleurs commencé à le faire – et leur donniez seulement quelques centaines de calories par jour jusqu’à ce qu’ils deviennent tous des femmes. La nation qui serait votre ennemie resterait sans mâles. Personne ne pourrait plus vous déclarer la guerre. Je crois que votre grand État-Major utilisera cette découverte. En tenant compte de l’esprit pratique et particulièrement inventif de votre Civilisation, je crois que vous effectuerez aussi l’opération inverse : la suralimentation des femmes de votre patrie qui veulent s’inscrire comme volontaires et leur transformation en mâles. La main-d’œuvre s’en trouverait ainsi accrue.
    Je propose donc que les rations de cinq cents calories accordées aux prisonniers du camp que vous dirigez, soient encore diminuées. Les prisonniers se transformeront peut-être ainsi plus vite encore en véritables femmes.
    Le Témoin.
     
     
     
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    Préparatifs de départ. Les quinze mille prisonniers devaient être transférés dans un autre camp. Il était deux heures du matin. Des tanks et des camions étaient massés autour du camp. Tous les phares, y compris ceux des tanks, étaient allumés et éclairaient comme en plein jour. Les canons de toutes les armes automatiques étaient braqués sur la foule des prisonniers qui s’écoulait, tel un fleuve, par la porte. Traian Koruga et Iohann Moritz avançaient côte à côte. Moritz claquait des dents. jour. Les canons de toutes les armes automatiques étaient braqués sur la foule des prisonniers qui s’écoulait, tel un fleuve, par la porte. Traian Koruga et Iohann Moritz avançaient côte à côte. Moritz claquait des dents.
    À la porte, il y avait deux équipes de soldats armés de bâtons. Ils comptaient les prisonniers qui sortaient par la porte, et les répartissaient en groupes.
    – Ils veulent nous mettre à soixante-dix dans un camion qui normalement ne peut contenir que dix ou douze hommes, dit Traian. Comment vont-ils s’y prendre ? As-tu jamais entendu parler de la loi d’impossibilité d’interpénétration des corps humains ?
    Moritz ne répondit pas. Il tremblait. Traian regardait attentivement les soldats charger le premier camion. Au début, ils y firent entrer vingt hommes. On aurait dit qu’il n’y avait plus de place pour personne. Les soldats se mirent à frapper à coups de trique ceux qui se trouvaient déjà dans le camion. Les hommes se serraient les uns contre les autres. Les soldats firent alors monter encore une dizaine d’hommes. Puis les triques recommencèrent à fonctionner. Les nouveaux venus se pressèrent contre ceux qui s’y trouvaient déjà. Et il y eut de la place. Les soldats firent monter encore dix hommes. Maintenant on aurait juré qu’il n’y avait plus de place, même pour un enfant. Les soldats retournèrent leurs armes et se mirent à distribuer des coups de crosses. Et dix autres hommes purent encore grimper dans le camion. De tout le groupe de soixante-dix hommes, aucun n’était resté en bas. Tous étaient dans le camion. Les coups cessèrent. Le camion attendait le signal de départ.
    Traian Koruga monta dans le camion, tenant Iohann Moritz par la main. Ils ne voulaient pas se perdre.
    – Il n’y a pas de lois absolues, mon vieux Moritz, dit Traian. La physique elle-même n’a pas de lois invariables. Elle prétend que deux corps ne peuvent pas occuper au même moment, la même place dans l’espace. Et dans le cas présent, sept hommes occupent la place d’un seul. Est-ce qu’on peut encore se fier à la physique ? Est-ce que tu as entendu parler de Picasso ?
    – Non, monsieur Traian.
    La voix de Iohann Moritz était étouffée.
    Traian était grand et pouvait avoir de l’air. Iohann Moritz était petit. Sa tête était écrasée contre des poitrines. Ses poumons étaient tellement comprimés qu’ils ne pouvaient contenir la moindre bouffée d’air.
    – J’étouffe ! dit Moritz.
    Il fut pris de panique et eut envie de pleurer. Il ne pouvait plus bouger. Ses narines cherchaient l’air – un tout petit peu d’air. Et il n’en trouvait pas.
    – J’étouffe, monsieur Traian. Je sens que je meurs ! dit-il.
    – Réponds-moi, as-tu jamais entendu parler de Picasso ?
    – Je n’en ai pas entendu parler, dit Moritz. Je ne sais rien. Mais j’étouffe. C’est sûrement la fin.
    Traian voulut relever la tête de Moritz. Mais il ne pouvait pas

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