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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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colline, le juif parla :
    – Ils ont pris ma maison. Elle est réquisitionnée. Dans quelques jours je dois déménager. Autrement les gendarmes m’expulseront. C’est la maison que j’ai construite à la sueur de mon front. D’abord c’est Marcou qui a été réquisitionné. Et maintenant la maison. En quoi suis-je coupable, mon Père ?
    Le juif s’était tu. Le cheval s’arrêta.
    – Je finirai par me pendre. Je n’en peux plus, dit le juif. Le cheval reprit sa marche. À l’entrée de la ville, Goldenberg descendit de la voiture. Le prêtre le vit disparaître dans les ruelles étroites du ghetto.
     
     
     
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    Après s’être séparé de Goldenberg, le prêtre Koruga alla à la préfecture. Il laissait le cheval aller au pas. Le prêtre regardait les maisons, des tas de maisons superposées en étages qui n’en finissaient plus de monter plus haut, toujours plus haut.
    Devant la préfecture le cheval s’arrêta tout seul. Le prêtre y venait au moins une fois par semaine pour essayer de savoir ce qui était arrivé à Moritz. Le cheval savait bien où se dirigeait le prêtre en allant en ville. Et il s’arrêta de lui-même devant l’immeuble. Le préfet n’était jamais à son bureau. Et même lorsqu’il s’y trouvait, il était toujours occupé. Le prêtre Alexandru Koruga n’était jamais arrivé à lui parler. Les secrétaires et les concierges le connaissaient et lui souriaient chaque fois avec compassion. Mais aujourd’hui le secrétaire lui fît un sourire qui ne ressemblait pas aux autres.
    – M. le préfet vous reçoit, dit-il. Dans une demi-heure ce sera votre tour.
    Une heure après, le prêtre Alexandru Koruga se trouvait enfin devant le préfet.
    – Un jeune homme de ma paroisse a été arrêté il y a six mois, dit le prêtre. Je voudrais savoir l’endroit où il se trouve et pourquoi il a été arrêté. J’ai entendu dire qu’il se trouvait dans un camp de juifs. Mais il est Roumain et chrétien. C’est moi qui l’ai baptisé. Je voudrais intervenir pour qu’il soit mis en liberté.
    – En principe, je refuse toute intervention, répondit le préfet.
    – Mais l’homme dont je suis venu vous parler n’est coupable de rien.
    – Mais l’homme dont vous êtes venu me parler se trouve dans un camp de juifs, répliqua le préfet. Vous venez de le déclarer.
    – Mais il n’est pas juif.
    – C’est la même chose. Du moment qu’il est dans un camp de juifs il tombe sous le coup de lois et dispositions spéciales qui ne sont pas de mon ressort. Voilà pour la première question. Quant à la seconde, que je considère comme principale, et pour laquelle je vous ai accordé cette audience, je vais vous la dire : je n’aime pas que les prêtres de mon département au lieu d’avoir soin de leur paroisse, interviennent continuellement auprès des autorités avec toutes sortes de requêtes. Nous nous trouvons en état de guerre et chacun doit être à son poste. Considérez mon avertissement comme officiel. Je ne voudrais pas être mis dans l’obligation de prendre des sanctions en ce qui vous concerne.
    – Travailler pour le bien de l’Homme et pour la Justice humaine c’est travailler pour l’Église et pour Dieu ! répondit le prêtre. Intervenant pour Iohann Moritz j’interviens pour l’Église et pour Dieu. C’est là ma mission de prêtre. Ce qui vient d’arriver à Iohann Moritz est injuste.
    – L’injustice n’existe que dans votre imagination ! La voix du préfet était cassante. Nous sommes en état de guerre. Nous luttons pour la Patrie et l’Église contre l’Antéchrist. Vous soutenez qu’il est injuste qu’un individu quelconque ait été envoyé travailler aux fortifications, et serve ainsi notre cause sacrée ?
    – Cet individu est un être humain, répondit le prêtre. Cet être humain a été arrêté et envoyé aux travaux forcés sans être coupable et sans même avoir été jugé.
    – Sornettes que tout cela, mon Père. S’il fallait nous occuper de chaque individu à part, la marée bolchevik nous submergerait bientôt et nous ne tarderions pas à nous balancer au bout d’une corde, vous le premier. Nous avons la certitude de combattre pour la Croix !
    – Celui qui ne tient pas compte de l’homme ne saurait prétendre lutter pour la Croix, répondit le prêtre. Personne ne peut être en même temps le défenseur de la Croix et son ennemi.
    – Vous voudriez peut-être que nous relâchions

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