La 25ème Heure
ont changé les noms, sans réussir à leur faire changer de sang. Le sang de la " Famille héroïque " est demeuré pur comme une larme de cristal.
Le colonel se dirigea vers le fonctionnaire de l’usine et lui dit :
– Ce jeune homme est mis à partir d’aujourd’hui à la disposition de l’Institut national d’études de la Race, c’est un exemplaire dont nous avons besoin.
– Il ne travaillera plus à l’usine ? demanda le fonctionnaire.
– Non, répondit le colonel sèchement. Je vous enverrai ultérieurement des dispositions spéciales à son égard.
Le colonel regarda Iohann Moritz et pensa : " La science a fait des progrès extraordinaires. Mais nous sommes encore loin de la perfection. Cet exemplaire d’élite, ce représentant d’un groupe ethnique extrêmement intéressant devrait être conservé dans un Jardin anthropologique, qui abriterait tous les types rares et précieux de la race humaine. Mais ce jardin n’a malheureusement pas encore été créé. En Europe, nous avons des parcs pour la sé lection et la conservation des différentes races d’oiseaux et d’animaux. Mais les préjugés ! Nous ont empêchés de créer les " Parcs anthropologiques ". Et c’est une grande perte pour la science. Dans ce domaine, les Américains ont pris les devants. Ils ont des parcs où ils enferment les exemplaires intéressants d’Indiens. Mais nous aussi nous en construirons en Europe. Il faut d’abord que nous ayons la Victoire. Dans une prochaine conférence je proposerai l’institution du premier Parc anthropologique. La science aura ainsi à sa disposition des exemplaires rares qu’elle pourra étudier à son aise. Ce membre de la " Famille héroïque " sera un des premiers éléments qui ornera notre parc, et c’est moi qui en ferai le don. "
Le colonel Müller regarda Moritz et sourit. Il se l’imaginait dans le Parc anthropologique, dans le pavillon de la Race allemande, y habitant avec sa femme et ses enfants. – Ce rêve se réalisera un jour… dit le colonel. Pour le moment, nous devons trouver à ce jeune homme une occupation digne de son origine. La chose qui l’enchanterait le plus serait d’être soldat. Je connais bien la " Famille héroïque ". C’est le groupe le plus guerrier de la race germanique. Donnons-lui la possibilité d’être soldat. Les officiers félicitèrent de nouveau le colonel Müller. Sa proposition leur avait plu. Le colonel rougit de nouveau de plaisir. Il demanda à son aide de camp sa serviette et écrivit sur un papier à en-tête de l’O. K. W. line recommandation pour l’enrôlement de Iohann Moritz comme soldat S. S. Ensuite il tendit le papier au fonctionnaire de l’usine.
– Faites toutes les formalités nécessaires, ordonna-t-il. Et sans retard.
Le colonel Müller se tourna en souriant vers Iohann Moritz :
– Au cours du mois prochain, je veux recevoir de lui une photo en uniforme de soldat. Elle me sera extrêmement précieuse pour mon étude sur la "Famille héroïque " à laquelle tu appartiens. J’en enverrai une au D r Gœbbels. Et tu pourras te contempler dans les journaux et les revues illustrées.
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– Cet homme est inapte pour le service armé, dit le capitaine, docteur de la commission de recrutement après avoir examiné Iohann Moritz.
" Il a des taches sur le poumon droit. Les soldats doivent avoir des poumons solides.
Trois semaines étaient déjà passées depuis l’entrevue de Moritz avec le colonel Müller.
Iohann Moritz avait d’abord pensé que les soldats recevaient presque un demi-pain par jour, de gros souliers à travers lesquels l’eau ne passait pas, de bons vêtements bien chauds, qu’ils mangeaient bien et qu’ils avaient des cigarettes. Il savait qu’il valait mieux être soldat que prisonnier. Et malgré tout, en entendant qu’on ne voulait pas l’accepter il fut content.
– Ce jeune homme est recommandé par le colonel Müller du Grand Quartier général et de l’Institut national d’études de la Race, dit le docteur en feuilletant le dossier. Nous ne pouvons pas le réformer.
Les trois docteurs regardèrent Moritz.
– Est-ce que tu sais faire un travail de bureau ? demanda le capitaine. Quel métier avais-tu comme civil ?
– Laboureur, répondit Moritz.
Les docteurs se consultèrent et dirent à Moritz d’attendre le résultat dehors. Lorsqu’ils le rappelèrent, ils lui communiquèrent qu’ils l’avaient reconnu bon pour le
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