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La 25ème Heure

La 25ème Heure

Titel: La 25ème Heure Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Virgil Gheorghiu
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rester à la maison comme maintenant et te reposer tranquillement. Je ferai toutes les démarches nécessaires au Standesamt , au Wohnungsamt, à l’Erncihrungsamt, à l’ Arbeitsamt, au Polizeiamt (6) , bref partout où il le faudra. Il ne faut surtout pas que tu te fatigues.
    Iohann Moritz était d’accord. Les arguments de Hilda étaient logiques. S’ils se mariaient il ne pouvait en résulter que des avantages.
    Et ils se marièrent. Ils eurent un appartement de trois chambres, salle de bains et cuisine. On leur remit aussi les deux mille marks, ainsi que des tickets pour la literie, le linge, les meubles, la vaisselle, le bois, le charbon, le vin et la viande pour les noces, une radio et beaucoup d’autres choses encore.
    – Nous aurions été bien bêtes de ne pas nous marier, puisque nous avons tellement d’intérêt à le faire, dit Hilda en aidant Moritz à s’habiller pour aller à la caserne.
    – Tu ne dors pas mieux à la maison qu’à la caserne ?
    – Bien sûr, répondit-il.
    – Et les plats que je prépare pour toi le soir, ne sont-ils pas meilleurs que ce que tu manges à ta compagnie ? Hilda était enchantée.
    –  Dans deux mois je déclare que je suis enceinte, je prends un autre congé de sorte que tu pourras également déjeuner à la mai son. Nous toucherons encore plus d’aliments. Les femmes enceintes ont droit à trois cartes d’alimentation. Tu pourras très bien manger. Je voudrais tellement te voir engraisser !
    Iohann Moritz sourit et lui dit :
    – Tu es une bonne fille, Hilda !
     
     
     
87
     
     
     
    Le poste de gendarmerie de Fântâna reçut une circulaire en double exemplaire, à afficher. Le gendarme Nicolae Dobresco la lut : " Le juif Moritz Ion, dit Iohann, dit Jacob, dit Iankel, est recherché par tous les poètes de police du pays. Il s’est évadé d’un camp de travail. Toute personne qui l’héberge, ou, sachant où il se trouve, ne le dénoncera pas aux autorités, est passible de prison. "
    Dans le coin de droite de l’affiche, il y avait la photo de face et de profil de Iohann Moritz.
    Le chef de poste la regarda et se dit : " Cet individu était donc vraiment juif ! " Il fit appeler un soldat.
    – Prends ton fusil et amène-moi tout de suite la mère et le père du juif, lui ordonna-t-il. Colle l’affiche sur le mur extérieur. Colle-la bien pour qu’elle ne s’envole pas au moindre coup de vent.
    Il neigeait à Fântâna. Le chef du poste regarda par la fenêtre. Sur la route devant la gendarmerie, passait le prêtre Alexandru Koruga. Ses épaules étaient voûtées et il portait une serviette sous le bras.
    Peu de temps après, le sergent revint.
    – J’ai amené seulement la femme, dit-il. Le père est malade.
    Le chef de poste se mit en colère. Il aurait voulu interroger les deux parents à la fois.
    – Si vous l’ordonnez, je l’amène de force, dit le soldat. Mais il ne peut pas se tenir sur ses jambes. J’ai tiré la couverture et je l’ai regardé. Son corps est enflé comme une outre.
    Le chef de poste réfléchit un moment. Puis il renonça à l’interrogatoire du père de Iohann Moritz. Il ordonna au soldat d’introduire la femme qui attendait devant la porte.
    Aristitza entra dans le bureau, blême de colère.
    – Comment oses-tu envoyer le gendarme me chercher avec un fusil comme une criminelle ? demanda-t-elle. Tu n’as pas assez de voleurs et de criminels à faire venir nu poste et tu as commencé à arrêter les honnêtes gens à leur place ? Ou bien c’est moi qui ai commis un crime ?
    Aristitza était hors de ses gonds. Lorsque le soldat était entré dans la maison pour l’emmener, elle avait décidé d’arracher les yeux au chef de la gendarmerie.
    – Tu n’es pas une criminelle, dit le gendarme. C’est ton fils qui est recherché par toute la police.
    Aristitza regarda l’affiche que lui tendit le chef, et voyant la photo de son garçon, elle se mit à pleurer.
    – Ce qu’il a pu maigrir, le pauvre ! dit-elle.
    Du moment que Iohann avait maigri, c’est donc qu’il était maltraité et plus rien d’autre ne l’intéressait.
    – Lis, ordonna le gendarme.
    – À quoi bon ? dit-elle en essuyant ses yeux. Je vois le portrait et je sais qu’il doit crever de faim, qu’il doit être dévoré par les poux, qu’il est battu et enfermé. Que veux-tu que je lise encore ? Ça me suffit comme ça !
    Le gendarme lut la circulaire à haute voix. Aristitza lui coupa la parole dès

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