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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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d’un côté, tantôt de l’autre.
    Alors, à la Convention et au Comité, on était las du sang de Lyon, on voulait en finir.
    Dubois-Crancé qui avait forcé Kellermann à bombarder, hésitait à donner l’assaut.
    Il avait « ses motifs ».
    Couthon, qui voulait l’assaut et qui avait « ses raisons », se trouva l’adversaire quand il eut amassé les « rochers d’Auvergne ».
    Il y eut lutte entre eux.
    Mais Couthon écrivit à la Convention et au Comité.
    Ses « raisons » l’emportèrent sur les « motifs » de Dubois-Crancé. Celui-ci fut averti par des lettres de ses amis de Paris que sa disgrâce était prochaine et qu’on lui reprochait sa mollesse.
    On allait arrêter Kellermann dont il avait stimulé le zèle.
    Il allait être destitué, lui, Dubois-Crancé, pour ne pas avoir risqué un assaut dont il redoutait les conséquences, et pour Lyon, si l’attaque réussissait, et pour les républicains, menacés d’un désastre si leurs colonnes, repoussées, étaient poursuivies et reculbutées par les Lyonnais.
    Il eût voulu prendre la ville par la famine.
    À son tour, on l’accusait de mollesse.
    Un accord tacite lui avait laissé le commandement en l’absence de Kellermann.
    Il fut averti par ses amis de la Convention que l’on allait nommer Doppet général en chef et que lui, Dubois-Crancé, serait rappelé à Paris et obligé de s’expliquer devant la Convention.
    Il vit l’échafaud se dresser pour lui.
    Dubois-Crancé était un galant homme et un gentilhomme ayant conservé quelque chose de l’ancien régime, ce qu’il avait de mieux, sa politesse et une pointe de chevalerie. Sur le point de tomber en disgrâce, il s’était hâté de rendre service à ses amis, notamment à Saint-Giles.
    Après avoir renvoyé Kellermann à l’armée des Alpes, il avait voulu attacher à sa personne Mouton dont il appréciait la valeur.
    Mouton, nommé capitaine, était devenu aide-de-camp de Dubois-Crancé.
    Celui-ci, ne voulant pas entraîner cet officier dans sa chute, le fit appeler.
    Mouton trouva Dubois-Crancé en face de plusieurs lettres venues de Paris.
    – Mon cher capitaine, dit Dubois-Crancé en tendant la main à Mouton, vous apprendrez sans étonnement que la disgrâce de Kellermann est irrémédiable et que son arrestation aura lieu sous peu si elle n’est pas un fait accompli à cette heure.
    – Gare à sa tête   ! dit Mouton. Du reste, ce serait un malheur pour la France que l’on fût obligé de lui couper le cou. C’est un bon général.
    – Vous savez qui lui succède   ?
    – Mais… vous…
    – Moi… avant quelques jours, je serai rappelé à Paris avec Gauthier, mon collègue, par un décret de la Convention.
    – Allons donc   !
    – C’est comme je vous le dis. Des lettres d’amis reçues aujourd’hui m’en avertissent.
    – Et pourquoi tombez-vous aussi en disgrâce   ?
    – Trop mou… mon cher… trop mou… Le citoyen Couthon est un terrible cul-de-jatte. Il m’a dénoncé à Robespierre comme « un escargot de tranchée », comme un « limaçon de batterie » me tramant sous Lyon au lieu de donner l’assaut.
    – Au fait, demanda Mouton avec sa brutale franchise, pourquoi ne brusquez-vous pas les attaques   ? Vous me paraissez devenu aussi indulgent pour les Lyonnais que Kellermann l’était.
    – Avec cette différence que Kellermann est Girondin et que je ne le suis pas.
    – C’est vrai, je le crois.
    – Je n’en suis pas moins coupable et je me suis trompé…
    – Diable   ! fit Mouton fronçant les sourcils. En ces temps-ci un homme politique qui se trompe est un homme perdu.
    – Peut-être d’ici peu me fera-t-on payer mon erreur de ma tête. Je sens l’ombre de la guillotine s’allonger vers moi qui menaçais Kellermann de la hache au début du siège.
    – Et en quoi vous êtes-vous trompé   ? demanda Mouton.
    – J’ai eu confiance au canon, mon cher capitaine.
    – Défaut d’artillerie   !
    Dubois-Crancé sourit.
    – Vous avez vu, dit-il, comment j’ai forcé Kellermann à bombarder la ville. J’espérais l’intimider, la réduire, l’amener à capituler. Elle a résisté et résiste encore. J’ai pilé ses maisons sous nos projectiles, mais je n’ai pu la dompter.
    – Alors donnez l’assaut   !
    – Il faut quinze jours pour le préparer et je n’ai pas vingt-quatre heures devant moi.
    – Parce que…
    – Parce que le médecin Doppet, général depuis trois mois,

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