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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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rendait audacieux.
    —Je m'attendais à voir plus de monde, remarqua bientôt Élise
    —Je te parie que nous les trouverons tous alignés près de l'hôpital.
    Eugénie suivit les badauds, pour la plupart des filles de son âge de toutes les conditions sociales. Sa prédiction se révéla exacte : la moitié au moins de l'effectif de la minuscule armée canadienne se tenait au garde-à-vous. Les uniformes kaki étaient soigneusement repassés et les boutons de laiton brillaient sous le soleil à force d'avoir été frottés. Un casque colonial blanc rappelait le vaste empire britannique à tous les spectateurs en mal d'exotisme.
    Afin de faire la meilleure impression possible sur les visiteurs venus de la métropole, des milliers de miliciens se joignaient aux professionnels. Des étudiants, des commis, des boutiquiers raidissaient le dos, prenaient une allure martiale afin de paraître aussi virils que les soldats de métier.
    —    Tu dois convenir qu'ils ont meilleure allure que les rigolos qui visitent nos salons depuis quelques mois, commenta Eugénie.
    —    Bien sûr, je rêve d'avoir dans ma vie un homme qui joue au soldat, ironisa son amie.
    Un officier hurla un ordre en anglais, tous les militaires et les miliciens au garde-à-vous tentèrent de paraître un peu plus grands encore. Un britannique vêtu d'un uniforme chargé de dorures, un bicorne orné de plumes d'autruche sur le crâne, s'avança au milieu d'un groupe de notables.
    —    Tu sais de qui il s'agit? demanda Elise.
    —    Pas la moindre idée, répondit Eugénie. Sans doute une grosse légume de la mère patrie.
    —    Il s'agit de Lord Roberts, le chef de toutes les armées britanniques, répondit une voix dans un français au lourd accent.
    La blonde se retourna pour apercevoir un trio de jeunes officiers de la marine impériale. L'un d'eux s'adressa à elle en lui tendant la main :
    —    Je me présente: Richard Harris.
    Eugénie lui offrit sa main gantée, l'autre s'inclina pour
    baiser ses doigts en disant :
    —    Mademoiselle...
    —    Eugénie Picard.
    Il présenta ses deux camarades, qui se limitèrent à une poignée de main. Un peu rougissante, la jeune fille déclina le nom de sa compagne et les salutations se répétèrent. Pour se donner une contenance, elle fit tourner son ombrelle au-dessus de sa tête, puis demanda :
    —    Et qu'est-ce que monsieur Roberts vient faire dans le parc Savard ?
    —    Lord Roberts, insista l'officier, vient passer en revue les troupes canadiennes, afin de s'assurer qu'elles seront en mesure d'assister celles de la métropole, en cas de conflit.
    —    Vous pensez qu'elles seront à la hauteur ? minauda-t-elle en se tournant vers son interlocuteur.
    Le général marchait maintenant entre les rangs des militaires, s'arrêtant parfois pour dire quelques mots à l'un ou l'autre d'entre eux.
    —    En face d'un ennemi déterminé, je ne donnerais pas cher de leur peau, ricana le lieutenant Harris avec une arrogance affectée.
    —    Ce qui n'est pas plus mal, observa Elise, dissimulant mal son agacement, puisque nous n'avons aucun ennemi.
    —    L'Allemagne... commença l'autre.
    —    ... représente peut-être une menace pour le Royaume-Uni, admit-elle, certainement pas pour le Canada.
    L'officier demeura un moment interdit, puis remarqua:
    —    Le Royaume-Uni et le Canada, c'est la même chose.
    —    Vous le croyez vraiment ?
    Élise Caron arqua les sourcils pour exprimer son scepticisme, tout en esquissant un sourire ironique. Les Britanniques n'étaient pas au bout de leurs surprises, dans cette curieuse colonie. Lord
    Roberts achevait sa petite revue des troupes canadiennes. Dans un instant, il remonterait dans son landau pour regagner sa suite au Château Frontenac.
    —    Auriez-vous l'obligeance de nous faire visiter la ville? demanda Richard Harris.
    —    Comme c'est malheureux ! s'exclama Eugénie, je dois rentrer.
    —    Voyons, nous sommes au début de l'après-midi.
    —Justement, j'ai un rôle dans la représentation théâtrale...
    L'officier sembla un moment perdu, puis la mémoire lui
    revint :
    —    Le fameux pageant. Vous êtes l'une des cinq mille vedettes !
    —    Quatre mille, précisa Eugénie, peu certaine d'apprécier l'ironie du jeune homme.
    —    Et vous, mademoiselle... Caron?
    —J'ai décidé tout récemment d'abandonner ma carrière de guide touristique.
    Le sourire

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