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La belle époque

La belle époque

Titel: La belle époque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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promise. Dans un grand fauteuil, le comte Grey discutait avec quelques-uns de ses familiers. Dans un instant, il s'esquiverait à l'anglaise, une expression heureuse dans son cas. A l'autre extrémité de la salle, Fernand Dupire, intimidé, s'approcha d'Eugénie :
    —    Vous m'avez promis cette danse...
    Guère séduite par ses cavaliers précédents, elle l'accueillit plutôt bien, alla jusqu'à s'informer de ses études de droit pendant les trois minutes que dura la valse. Puis son attention se porta ensuite sur l'un des fils Légaré, le marchand de meubles de la rue Saint-Joseph. Le cadet des Brunet, la famille du
    pharmacien, viendrait ensuite.
    Chapitre 10
    Le 24 décembre, jour de congé scolaire, la boutique ALFRED bourdonnait d'une activité fébrile. Mathieu et Thalie étaient mobilisés dans le commerce de vêtements de la rue de la Fabrique, afin d'apporter leur aide. La fillette ouvrait de grands tiroirs afin de révéler une impressionnante collection de rubans et de dentelles à des clientes à la fois amusées et séduites, et en faire une description enthousiaste. Le garçon s'avérait compétent pour envelopper des cadeaux de Noël achetés à la dernière minute par des pères ou des époux négligents. Bien des jeunes femmes et des fillettes recevraient des gants ou des assortiments de mouchoirs élégamment brodés, conclut-il, un peu après midi.
    A ce moment, Alfred Picard verrouilla la porte derrière le dos de la dernière cliente en disant à travers la vitre :
    —    Un très joyeux Noël, Madame. Nous serons ouverts le 26, si quelque chose vous manque encore pour les étrennes du jour de l'An.
    Ensuite, il s'appuya le dos au mur, laissa échapper un soupir, puis continua :
    —    Je croyais qu'elle voulait souper avec nous, à s'accrocher comme cela.
    —    Ne fais pas le difficile. Entre le 1 er décembre et le 7 janvier, nous réalisons au moins le tiers du chiffre d'affaires annuel.
    —    Je sais bien, mais j'ai mal aux joues tellement j'ai souri au cours des dernières semaines.
    Après une pause, il demanda :
    —    Mathieu, comme tu as des jambes jeunes et robustes, veux-tu aller aider Gertrude à tout descendre ?
    —J'y vais aussi, déclara Thalie en s'élançant dans l'escalier.
    Parmi les motifs qui plaidaient en faveur du propriétaire de ce commerce, au moment de recruter du personnel, figuraient ses nombreuses attentions. D'abord, des bancs étaient placés dans des coins discrets, afin de permettre aux vendeuses de s'asseoir, quand aucune cliente ne se trouvait sur place. Dans la plupart des autres établissements, les employeurs s'attendaient à les voir se tenir au garde-à-vous des heures durant.
    Surtout, tous les jours à midi, Gertrude préparait un plateau de sandwiches et une grande théière. Elle descendait le tout au rez-de-chaussée à l'intention des employées. Alfred Picard assumait le coût des victuailles, la domestique effectuait ce travail supplémentaire sans trop s'en plaindre. Ce jour-là, cette dernière rompit la routine des sandwiches pour proposer deux poulets dodus. Alfred déboucha une bouteille de vin rouge achetée pour l'occasion.
    —    Aujourd'hui, vous allez manger avec nous ? demanda une vendeuse à Gertrude.
    D'habitude, elle disparaissait tout de suite après avoir confié à quelqu'un sa cargaison.
    —Je ne sais pas... fit-elle.
    —    Voyons, un 24 décembre, vous ne pouvez prétendre avoir un autre repas à préparer en haut.
    À la fin, comme tous les ans, elle se laissa convaincre. Au fond de la grande pièce où, de part et d'autre de l'allée centrale, s'étalaient des marchandises sur des tréteaux, des étagères ou des cintres, se trouvaient deux petits réduits. Un cabinet de toilette occupait le plus petit d'entre eux, l'autre servait de salle de réunion. Quelques chaises, autour d'une vieille
    table, permettaient de manger dans un confort raisonnable.
    Jusqu'à quatre heures, patrons et employées partagèrent la nourriture et les nombreuses anecdotes cocasses glanées au cours de la dernière année. Au moment de se séparer, les employées remirent un cadeau à Gertrude afin de marquer leur appréciation pour tous les repas préparés pour elles, jour après jour. La domestique accepta en ronchonnant, puis s'esquiva, la larme à l'œil.
    Avant de partir, les vendeuses reçurent une enveloppe de leur patron. En plus de la paie, elles y trouveraient deux jours de salaire supplémentaire en

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