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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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l’entrée du palais Blanc. Si j’insiste, j’indisposerai Parysatis. Cependant, si Lilah n’est pas de retour demain, j’irai devant la reine, quoi qu’il en coûte.
    — Dieu du ciel !… marmonna Mardochée. Nous qui nous réjouissions tant de ton retour et de tes noces avec Lilah ! Je n’ose même plus parler à Sarah de crainte de l’entendre gémir !
     
    *
    * *
     
    La pluie était moins violente, mais la lumière du jour baissait rapidement. Ni Mardochée ni Antinoès n’avaient réclamé de lampe. Le ciel était tout simplement à l’unisson de leur humeur.
    — Et moi qui suis allé me disputer avec Ezra ! grogna soudain Antinoès avec dépit.
    — Ah ? grinça Mardochée en levant les sourcils. Comment va notre sage de la ville basse ?
    — J’ai pensé qu’il était bon que je lui parle de Lilah et de moi, expliqua Antinoès.
    Il se tut en haussant les épaules, les yeux guettant à nouveau les ombres pluvieuses de la cour. Il sursauta en croyant entendre le grondement de char. Mais ce n’était qu’un bruit venu de l’atelier. Mardochée, repoussant les tourments qui le rongeaient au profit d’une solide et coutumière colère contre Ezra, s’exclama sur un ton acide :
    — Ne me dis rien, Antinoès ! Ne me dis rien ! Je sais comment cela s’est passé. Notre sage Ezra t’a traité comme s’il ne te connaissait pas. Il t’a jeté au visage quelques phrases tirées des rouleaux de papyrus qu’il lit à longueur de journée et t’a déclaré qu’il est impossible que tu fasses de Lilah ton épouse, car l’Éternel s’y refuse.
    Antinoès ne put retenir un mince et amer sourire.
    — Oui, acquiesça-t-il. Il menace de ne jamais revoir Lilah si elle m’épouse.
    Mardochée leva les yeux vers le ciel ruisselant.
    — Ah, Ezra ! gémit-il. J’ai aimé ce garçon comme mon fils. Antinoès, tu étais là, tu sais que je ne mens pas. Je l’aime toujours. C’est le plus fin et le plus intelligent des jeunes hommes à qui l’Éternel a donné vie. Mais je l’avoue : parfois, Sarah doit me retenir, tant l’envie me prend de courir jusqu’à la ville basse pour lui infliger une bonne leçon. Que Yhwh me pardonne !
    Il grogna encore, balayant l’air de ses bras puissants. Puis son long visage, d’ordinaire plein de vie, parut se vider de toute énergie, comme lavé par la pluie.
    — Ezra n’est pas Parysatis, grogna-t-il. S’il nous faut célébrer le mariage sans Ezra, nous le célébrerons sans Ezra. Lilah peut se satisfaire de mon accord. Mais à condition que…
    Il n’acheva pas sa phrase et se redressa d’un bond : agitant une lampe sourde, Axatria traversait la cour détrempée. Le bruit de la pluie couvrit ses cris jusqu’à ce qu’elle soit proche.
    — Lilah est revenue ! Lilah est revenue, maître Mardochée !
    Elle s’interrompit en découvrant Antinoès. Elle reprit son souffle tandis qu’un sourire radieux illuminait ses joues ruisselantes.
    — Elle est là, elle va bien. L’échanson l’a raccompagnée, dans son char plein de dorures. Trempé, grelottant et beaucoup moins fier que ce matin !
     
    *
    * *
     
    La nuit était venue et les lampes éclairaient la longue pièce commune lorsque Lilah, la voix lasse, acheva de raconter sa rencontre avec Parysatis. Elle se tenait bien droite. La fatigue lui creusait les traits plus encore que les ombres des lampes. Mais seul Antinoès remarqua un éclat grave et dur dans son regard.
    Mardochée et Sarah, tout à leur joie de la retrouver, la pressèrent de questions. À nouveau Sarah et Axatria voulurent entendre comment on l’avait baignée et parfumée, comment elle avait passé les voiles de la salle de réception. Mardochée, lui, souhaitait mieux comprendre ce que la reine lui avait confié.
    Lilah leur répondait avec calme, évitant avec soin de décrire la tunique qu’on l’avait contrainte à revêtir aussi bien que certains mots prononcés par Parysatis au bord de la fosse aux lions.
    Antinoès l’observait en silence, refrénant le désir de la prendre dans ses bras, de la caresser doucement, la rassurant et se rassurant lui-même en respirant le parfum de sa peau. Le calme et l’étrange assurance que Lilah montrait après une pareille journée, il dut en convenir, l’intimidaient. Et la lui rendaient légèrement étrangère, pour la toute première fois depuis qu’ils étaient Antinoès et Lilah.
    Finalement, masquant sa surprise, il demanda :
    — Ainsi, Parysatis

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