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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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ne t’a pas fait venir devant elle uniquement pour t’offrir des bijoux.
    Lilah sourit sans répondre.

La promesse
    La salle des eaux était tout en longueur. La voûte aux briques vernissées, décorée de monstres des mers, d’hommes-poissons, d’oiseaux que nul n’avait vus de ses yeux, en formait tout à la fois le plafond et les murs. Les volutes d’une vapeur odorante étouffaient le clapotis de l’eau, les murmures et les rires.
    Les eunuques avaient conduit Antinoès près d’un paravent de toile qui en clôturait l’extrémité et interdisait la vue sur le long bassin qui occupait quasiment tout l’espace. Des serviteurs faisaient bouillir de l’huile d’eucalyptus et de benjoin ainsi que de la résine d’ambre qu’ils versaient dans l’eau. L’air était si lourd, si odoriférant, qu’Antinoès dut s’y accoutumer avant de pouvoir respirer librement.
    On lui avait ôté son baudrier, ses armes et même ses sandales, car il était déjà arrivé que des lames meurtrières y fussent dissimulées. Lorsqu’il prit place sur une couche basse, un essaim de servantes lui apporta, sur des plateaux de cuivre, des boissons aux couleurs vives, des petits gâteaux à la poudre d’amande et au miel parfumé à la cardamome.
    Déjà la sueur perlait à son front. Il s’était préparé à être patient, à ce que le fiel de la peur ne mine pas sa raison. Pourtant, lorsque la voix jaillit de derrière le paravent, il tressaillit comme si l’on avait dégainé par surprise des glaives autour de lui.
    — Antinoès ! Bel Antinoès ! Discret Antinoès ! Ainsi, il a fallu que je te réclame pour obtenir ton salut, alors que tu es dans Suse depuis des jours !
    — Ma reine… balbutia Antinoès.
    Il y avait dans le ton de Parysatis une ironie sensuelle qui le déroutait tout autant que le reproche.
    — Ma reine, reprit-il en tentant d’insuffler plus de fermeté à sa voix, comment aurais-je osé me présenter devant toi sans y être convié ?
    Un rire rauque vibra de l’autre côté du paravent.
    — Oui, n’est-ce pas ? Comment aurais-tu osé ?
    Parysatis rit encore. Les muscles d’Antinoès se détendirent. Cela avait été la bonne réponse.
    Il entendit des bruits d’eau, mais plus aucun mot pendant longtemps. Antinoès n’osait ni boire ni manger. La couche où on l’avait installé était moelleuse et accueillante. Il s’y tenait pourtant avec raideur, aussi immobile que les eunuques et les servantes qui l’entouraient.
    Soudain, Parysatis lança :
    — Tu ne manques pas de courage, à ce qu’il paraît, jeune Antinoès. Notre Roi des rois a posé les yeux sur toi, il fallait bien que j’en fasse autant.
    Sa voix venait de plus loin, résonnait contre la voûte :
    — Karkemish, Gordion, Sardes, Arbèles et Opis… Entends-tu comme je t’aime ? Je connais par cœur tous les noms de tes batailles. Ta Juive Lilah en sait-elle autant ?
    Au nom de Lilah, Antinoès perçut la morsure de la peur dans ses reins. Il y avait eu peu de combats, parmi ceux que Parysatis venait de citer, où il l’avait ressentie avec une telle intensité.
    Parysatis s’impatienta :
    — Eh bien, Antinoès ? Dois-je attendre ta réponse ?
    — Non, ma reine. Je songeais seulement que tu as raison. Lilah ne connaît pas le nom de mes batailles.
    — Modeste Antinoès ! gloussa Parysatis.
    À nouveau il y eut des bruits d’eau, des rires de femmes. Antinoès entendit la reine donner des ordres, réclamer des linges et à boire. Sa voix s’approcha. Il perçut des frôlements de tissu. Elle devait à présent se tenir tout près de lui derrière le paravent.
    — Ainsi, tu veux l’épouser ?
    — Oui, ma reine.
    — Elle raconte que tu lui en as fait la promesse.
    — Oui, ma reine. Nous étions enfants, mais nous n’avons pas changé.
    — Comment cela se fait-il ? Toi, le fils de mon bien-aimé Artobasanez ! Ton père te laissait courir avec cette Juive ?
    — Il l’aimait comme sa fille, et moi comme ma sœur.
    Parysatis ricana.
    — Ne mens pas, beau guerrier. Tu ne l’aimes pas comme une sœur. Est-il vrai que les Juives sont inventives en amour ? On le prétend.
    — Je ne le sais pas, ma reine. Je n’ai jamais connu d’autre femme.
    — Oh ! Antinoès !
    Le rire jaillit et rebondit contre la voûte de brique.
    — Antinoès ! Pas une Grecque, pas une Assyrienne, pas même une fille des montagnes ?
    Antinoès devina les sourires dans les yeux des eunuques

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