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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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qui le surveillaient. Il ne laissa pas vibrer un seul muscle de son visage. Il ne doutait pas que sa peur, son calme ou sa colère seraient bientôt rapportés à Parysatis avant d’être, dès le soir, colportés à travers la Citadelle entière.
    — Non, ma reine, admit-il après un temps.
    — Ainsi, tu l’aimes, susurra la voix de Parysatis.
    Antinoès perçut un roucoulement pareil à celui d’un pigeon, puis comprit que c’était un rire… Un autre rire de Parysatis.
    — Un héros du Roi des rois qui aime une Juive. Voilà ce qu’on n’a pas entendu depuis longtemps, par ici ! Mais tu n’es plus un enfant, Antinoès. Les promesses de l’enfance sont destinées à mourir avec l’enfance.
    Il n’y avait rien à répondre, et Antinoès se tut.
    — Ainsi, c’est vrai, s’amusa Parysatis, tu es courageux. Tu oses ne pas me dire : « Oui, ma reine ! »
    Il se tut encore.
    — Sais-tu que si tu épouses cette Juive, tu deviendras le fils d’un marchand de chars.
    — Oui, ma reine.
    — Allons, ne sois pas stupide ! Ne me réponds pas : « Oui, ma reine ! » Réponds-moi : « Non, ma reine, c’est impossible. Moi, un futur satrape, je ne peux épouser une Juive ! » Fais-en ta concubine, si tu ne peux t’en passer. Un héros du Roi des rois, un futur satrape peut avoir autant de concubines que de caprices.
    — Ma reine, tu dis la vérité : j’aime Lilah. Elle est mon amante, celle à qui j’ai fait la promesse des épousailles.
    — Ah ! Que tu es bête !
    Il n’y avait plus de rire dans la voix de Parysatis, plutôt une sécheresse coupante.
    Malgré son orgueil, Antinoès ne put éviter sa respiration de se précipiter, trop rapide et chaotique. Il ne put empêcher la sueur de couler sur son front. Et ce n’était pas seulement l’effet de l’air étouffant.
    — Qu’as-tu à me dire, Antinoès ?
    Il ferma les yeux.
    — Ma reine, j’obéis en tout à mon roi. J’ai déposé la tablette annonçant mes épousailles, comme un officier se doit de le faire.
    De l’autre côté du paravent, il y eut un silence, un long silence. Puis un violent claquement de paumes. Les eunuques se précipitèrent et, en un tournemain, ils écartèrent l’un des panneaux de toile.
    Stupéfait, Antinoès découvrit le bassin d’eau chaude et transparente où nageaient une demi-douzaine d’adolescentes. Et, tout près, sur une couche, un eunuque au visage livide qui massait en mouvements réguliers le corps petit et huilé de Parysatis.
    Elle était nue, allongée sur le ventre. Ses paupières étaient closes, son visage pressé contre la couche plus étrangement fripé et vieilli que jamais. Antinoès se prosterna et demeura le front contre le sol.
    Parysatis déclara d’une voix caressante :
    — Ils ne sont pas nombreux, Antinoès, ceux qui ont vu Parysatis dans son bain et qui peuvent encore se le rappeler. Redresse-toi, que je t’examine.
    Il obéit, pressa les mains sur ses cuisses pour qu’elles ne tremblent pas. Parysatis ouvrit les paupières et détailla le visage du jeune guerrier tandis que l’eunuque poursuivait son massage. Puis, d’un geste brutal, elle le repoussa et se redressa, dévoilant son buste aux seins juvéniles.
    Elle frappa dans ses mains. Les fillettes se ruèrent hors du bain pour venir s’aligner près d’elle. La plus âgée n’avait pas quinze années, certaines n’étaient encore que des enfants. Leurs sourires ne masquaient ni leur embarras ni leur crainte.
    — Les nièces de Parysatis, annonça la reine avec un sourire qui laissait ses yeux de glace. Tu peux choisir. Antinoès, neveu de Parysatis ! Voilà qui me plairait !
    Antinoès resta muet. Parysatis grogna et claqua des doigts en direction des jeunes filles, qui s’empressèrent de disparaître dans le bassin.
    — Depuis quand les guerriers parlent-ils d’amour, héros du Roi des rois ? Tu seras la risée de l’Apadana si on l’apprend !
    Elle se mit debout, ne voilant plus rien de sa nudité. Antinoès baissa les yeux alors qu’elle ordonnait à des servantes de l’enduire d’huiles parfumées.
    — Tu es un enfant, Antinoès. Tu ignores tout de ce qui est sérieux. Heureusement que ta Juive a plus de cervelle que toi. Elle, elle sait ce qu’est la sagesse.
    Reprises par leurs jeux, les fillettes se mirent à rire en s’éclaboussant. Parysatis fronça les sourcils de fureur, leur hurla de disparaître. Son ordre résonna contre la voûte de la salle d’eau.

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