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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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demandèrent les uns et les autres.
    — Ceux de Moab, ou les guerriers de Guersheme. Considérant les flèches et les traces que nous avons retrouvées, je dirais : ceux de Guersheme. Le royaume de Guersheme jouxte les terres de Judée le long du Jourdain. Les attaques contre les habitants ont été nombreuses au cours des années passées et au temps de Néhémie. Mais la paix était revenue, car Jérusalem était pauvre et vide.
    — Mais nous ne les connaissons pas ! Nous ne pouvons être en guerre contre eux !
    — Pourtant, vous l’êtes, assura Yahezya tristement. Vous êtes là sans défense, sans armes, avec des milliers de femmes et d’enfants. Vous possédez des chariots pleins de vêtements, de meubles, de tapis, et même d’or. Pardonne ma franchise, Ezra… Mais vous voici à étaler tout autant votre faiblesse que vos richesses ! Quelle aubaine pour ceux qui n’ont d’autres lois que la rapine et la guerre !
    Ces paroles semèrent la stupeur. Je suis bien certaine qu’Ezra n’avait jamais pensé à cela. Comme, en vérité, la plupart d’entre nous, moi y comprise.
    Zacharie fut le premier à objecter que nul n’était venu à Jérusalem pour faire la guerre et que Yhwh ne nous attendait pas sur la terre de Judée pour y voir couler notre sang.
    — Sans doute, répondit Yahezya. Mais tu parles ainsi parce que tu ignores ce qu’était Jérusalem. Ces murs que vous voyez ont été redressés par Néhémie. Et Néhémie n’a jamais hésité à engager le combat. Il disait : « Jérusalem se reconstruit la truelle dans une main et l’épée dans l’autre. »
    Des protestations s’élevèrent, mais Ezra approuva Yahezya.
    — Il dit vrai. Maître Baruch, qui m’a enseigné ce que je sais, m’a fait lire des lettres de Néhémie adressées à Babylone et au Roi des rois. Ce sont ses mots : « La truelle dans une main, l’épée dans l’autre ! »
    Et il déclara qu’à partir de ce jour ces paroles seraient aussi les nôtres.
    Ainsi commença notre nouvelle vie à Jérusalem.
    La purification du Temple fut repoussée. Les uns se mirent au travail pour se bâtir un toit en dur à l’intérieur de la ville, tandis que les autres redressaient les brèches les plus béantes de l’enceinte.
    Yahezya conduisit Zacharie et les siens près de Jéricho, chez les forgerons, afin d’acheter des épées, des glaives, des lances. Tout ce qui était susceptible de tuer.
    L’entreprise était risquée : les soldats de Toviyyah pouvaient les massacrer aisément sur le chemin, avant même qu’ils se fussent fournis en armes. Pourtant, ils ne rencontrèrent pas la moindre difficulté. Yahezya avait sans doute raison : Toviyyah refusait de reconnaître la force de Yhwh, mais il la craignait tout de même.
    Dès leur retour, des groupes d’hommes furent formés, qui apprirent à nous défendre.
    Ainsi, avant que les grandes chaleurs de l’été rendent le travail encore plus éprouvant, la ville fut à nouveau peuplée, les rues dégagées et des centaines de champs labourés et semés.
    Ce fut également en cette période que naquit une belle affection entre les uns et les autres. L’ouvrage était loin d’être semblable d’une maison à l’autre. On nous donna, à Ezra et à moi, une étroite bâtisse près du Temple. Elle ne nécessita qu’une dizaine de jours de labeur, son toit n’ayant pas été démoli. D’autres exigeaient beaucoup plus. Aussi, sans hésiter, nous nous aidions mutuellement, au gré des besoins.
    Durant tout ce temps, Sogdiam transforma un appentis en cuisine commune, indispensable tant que les uns et les autres ne possédaient que de chiches foyers. Des vieilles femmes qui l’avaient pris en affection vinrent l’aider à cuire des centaines de pains, soir et matin. Il les faisait pleurer de rire en racontant quantité d’histoires que je ne lui savais pas connaître. Jour après jour, ils fournirent la nourriture pour un peuple d’affamés qui s’épuisaient à tailler les pierres et le bois, à charrier et à tourner le mortier.
    Des hommes en armes accompagnaient ceux qui allaient dans les collines abattre les arbres dont nous avions besoin et tirer des blocs de pierre dans des falaises que les anciens de Jérusalem connaissaient. Hormis quelques bagarres avec des voleurs, il n’y eut plus aucune nouvelle attaque.
    Ainsi, en peu de temps la ville redevint vivante. Des enfants couraient dans les rues. Des jardins naissaient ici et là. Des

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