Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
Vom Netzwerk:
de savoir s’il avait été volé ou si le type l’avait
vendu. Le temps qu’on tire l’affaire au clair, le type en question était en
Belgique avec son unité. Jamais de poursuites, il y avait tellement de monde
partout, et il se passait tellement de choses.
    Beaucoup de GI respectaient les MP, et beaucoup nous
détestaient parce qu’on n’avait pas froid aux yeux. Comme avec la police. Pire
même, parce qu’on était les seuls à les embêter. La police parisienne leur
fichait une paix royale. Quand ils semaient la panique quelque part, elle nous
appelait. On les arrêtait pour toutes sortes de trucs, allant du meurtre d’un
autre GI ou d’un civil à la vente de ces fameux camions.
    À Londres, treize soldats de couleur ont été affectés dans
notre unité. C’était la première fois que des Noirs et des Blancs se trouvaient
dans une même unité de MP. Ils avaient été envoyés là parce qu’on ne venait pas
à bout des Noirs du quartier de Limehouse. D’ailleurs on a perdu un homme dans
un de ces coins-là. Les soldats de couleur étaient utilisés comme renforts à Lichfield,
au quartier général de la 9 e division de l’armée de l’air. Ils
construisaient des ponts, des terrains d’atterrissage avec des plaques de beaching posées sur des tourbières. Pas de combat pour eux. Ils étaient des
citoyens de seconde classe dès le départ, dans l’armée ou pas. Ils avaient deux
ou trois unités de combat. Dont une dans l’armée de l’air, formée dans l’Alabama,
à Tuskegee. Ils étaient basés en Italie et c’étaient des as, ils avaient un
score époustouflant.
    Dans l’ensemble, ces MP noirs étaient vraiment sympas. Il y
avait un dénommé Morton qui venait de l’Alabama. Avec un grand sergent-chef, qui
venait aussi de l’Alabama, ils se traitaient de tous les noms, rien qu’eux deux,
sans arrêt. Le sergent lui disait : « Ceux de ta race ne sont pas
sortis de la jungle depuis assez longtemps pour avoir les droits que tu as. »
Ou un truc dans ce goût-là. Et Morton lui répondait : « Qu’est-ce que
tu en sais si tes ancêtres n’étaient pas aussi dans la jungle ? »
    Notre unité était composée de types de l’Indiana, de l’Ohio,
du Michigan, du Tennessee, de Georgie et de l’Alabama. Ç’a été toute une
histoire pour savoir qui allait travailler avec ces Noirs. Ils ne savaient pas
comment s’organiser. Alors ils m’ont dit : « Ce soir, c’est toi qui
es responsable. Avec qui tu vas mettre ces types ? » Ce soir-là on
avait six de ces Noirs de service. Et j’avais des types de la montagne. Première
fois qu’ils sortaient de chez eux. Ces types de Georgie disaient : « Pas
de problème, moi je veux bien travailler avec un nègre. » Ils ne disaient
pas homme de couleur ou Noir. Ils m’ont dit : « S’ils ont été
sélectionnés, c’est que ça doit être des types bien. » Et à partir de là
ils ont fait équipe, ces gars de Georgie et les Noirs. Il n’y en a pas un qui
ait refusé. J’avais deux types qui venaient de Kalamazoo dans le Michigan, et
je leur ai demandé : « Vous êtes d’accord pour travailler avec un de
ces types de couleur ? – Nom de Dieu, sûrement pas. » Voyez, ces gars
de Georgie, ils jouaient comme des gosses avec eux. Ils les connaissaient mieux
que les types du Nord.
    À Paris, on faisait le tour des hôtels borgnes pour
récupérer les GI qui faisaient le mur. Il y avait des femmes à gogo sur les
quatre ou cinq étages, dans les escaliers, dans les chambres, partout. Tout ce
qu’il y avait à faire, c’était de prendre la torche et de regarder sous la
porte. Si on voyait des chaussures de GI, on savait qu’il y avait un GI dans la
pièce. (Il rit.) On ouvrait la porte, et neuf fois sur dix, la Française
se glissait sous les couvertures et essayait de se cacher. (Il rit.) Il
y avait plein de Noirs des unités de ravitaillement qui faisaient le mur.
    Il y avait plus de Noirs à Paris que de Blancs. Les
Françaises ne faisaient pas de différence entre un type de couleur et un Blanc.
Alors évidemment, ils faisaient la belle, et allaient se trouver une Française,
une Blanche, ce qui devait leur être interdit là d’où ils venaient.
    Vers la fin de la guerre, il n’y avait plus un type de ces
unités, Blanc ou Noir, qui ne fasse le mur. Ils ont eu un boulot du diable à
garder les types au front, comme ils l’ont fait, pour gagner la guerre. Et vous
pouvez pas savoir, ils vous auraient tué,

Weitere Kostenlose Bücher