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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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pertes. Ils ont d’ailleurs envoyé un hélicoptère à
Strehla, mais jamais sept jeeps. Quelque chose n’avait pas marché. Et pendant
ce temps il y avait une fête du tonnerre sur les lignes russes.
    Nous buvions, nous dansions, il y avait la musique des
accordéons et des balalaïkas. Ils ont joué des chansons américaines. Certains
types savaient jouer de la guitare. Il y en avait qui venaient de camps de
travaux forcés. Des jeunes filles russes dansaient. C’était un curieux
spectacle. Cet événement m’a si profondément marqué qu’il restera ancré en moi
jusqu’à la fin de mes jours. Ma vie s’en est trouvée moins fade, en dépit de
toutes les difficultés que j’ai rencontrées, et malgré l’indifférence générale,
car cette jonction n’a jamais été reconnue officiellement.
    J’ai toujours pensé que les relations américano-soviétiques
avaient été d’emblée placées sous de mauvais augures. Si on nous avait fait un
peu de publicité avec le Serment de l’Elbe, les gens se seraient sentis
davantage impliqués. Il suffit de penser aux millions de morts qu’il y a eus du
côté russe, et à l’énorme effort qu’ont fait les Américains, au milieu de tous
ces cadavres de femmes, d’enfants, et à cette petite fille serrant sa poupée
dans sa main. Mais non, rien.
    Il me tend à moi, son invité, une photo de GI dans une
jeep entourée de soldats soviétiques, ils sourient tous. Debout sur la Jeep, une
cigarette à la main, on voit le jeune Joe Polowsky. L’ancien chauffeur de taxi
de soixante-six ans observe le visage de son invité avec une certaine lassitude.
    Il y a eu une autre patrouille sous les ordres du lieutenant
Robertson. Accompagné de trois hommes, il a assuré la principale jonction avec
les Russes. Il a atteint les lignes soviétiques à quatre heures et demie de l’après-midi.
C’est-à-dire quatre heures après nous. Il a rencontré les mêmes problèmes de
tirs isolés entre les lignes que nous. Il est allé à Torgau, une paisible ville
de vingt mille habitants. Il a fabriqué un semblant de drapeau américain qu’il
a hissé en haut du clocher. Les Russes l’ont reconnu, et il a traversé dans une
barque en direction des lignes soviétiques.
    Il y a eu une grande cérémonie, Ç’a été la seule patrouille
mentionnée dans le communiqué de Truman, Churchill et Staline. Il avait réussi
à faire monter quatre Russes dans sa jeep et à retourner jusqu’aux lignes
américaines. Il avait foncé à Trebsen. Il y avait à peu près quatre cents correspondants
alliés et américains qui étaient là à ronger leur frein. Ils savaient qu’il y
avait quelque chose dans l’air. Ils attendaient de diffuser la nouvelle que le
monde entier attendait depuis Stalingrad. Et depuis la Normandie. C’était
émouvant et merveilleux (longue pause), mais ils avaient manqué cette
chose unique, le Serment de l’Elbe. Ç’aurait été tellement mieux.
    Nous étions de nouveau retournés aux lignes soviétiques. Quand
nous sommes rentrés aux États-Unis, Kotzebue a reçu une Silver Star, et nous
autres une Bronze Star.
    Quand Robertson est revenu ils étaient également furieux. Mais
ils se sont rapidement calmés. La nouvelle a d’ailleurs été complètement
étouffée, parce qu’ils voulaient que ce soit Truman, Churchill et Staline qui l’annoncent.
C’était mieux en réalité. Quand de simples soldats se rejoignent, comme
Robertson et nous l’avions fait, c’est tellement plus naturel.
    C’est comme ça que les armées devraient se rejoindre.
    Cette fois il me propose un numéro du Star &
Stripes du 28 avril 1945 « Une édition souvenir tirée à plus d’un
million d’exemplaires. Elle est parue le samedi. Nous avions fait la jonction
avec les Russes le 25. Le 27 avait eu lieu la déclaration tripartite. Cette
édition est parue le lendemain. » Une glorieuse manchette  : YANKEES
ET ROUGES FONT LA JONCTION.
    L’éditorial avait été confié à Andy Rooney, de la
rédaction du Stars & Stripes, sous le titre  : RENCONTRE DES
BONS SOLDATS. JOURNÉE D’ÉCHANGES LE LONG DE L’ELBE :
    « Nous avons pu assister à de folles scènes de joie sur
les rives orientales et occidentales de l’Elbe à Torgau, lieu de la jonction, quand
les fantassins du lieutenant-général Courtney H. Hodges, de la l re armée, ont échangé des rations K contre de la vodka avec les soldats du
maréchal Kornian de l’armée d’Ukraine, et se sont congratulés

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