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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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guerre. Alors le rideau de fer est tombé, et pas
seulement par le fait des Russes. Nous aussi nous l’avons fait tomber. Nous
avons fait des SS de bons prophètes.
    Post-scriptum  :
Alors que nous nous dirigeons vers l’aéroport de Détroit, un souvenir lui
revient. La guerre s’est terminée le 8 mai, n’est-ce pas ? Le 12
avril 45, je traversais en voiture une petite ville du centre de l’Allemagne, Neidersachwerfen.
Près de Nordhausen dans les montagnes du Harz.
    Un type squelettique, vêtu du costume rayé des
prisonniers, errait dans la rue. Il m’a demandé : « Vous avez vu le
camp de Dora ? » Je lui ai répondu : « Je ne sais pas de
quoi vous voulez parler. » Il m’a dit : « Attendez, je vais vous
montrer. » Il a sauté dans la jeep pour me conduire jusqu’au camp de
concentration.
    J’ai dû être le premier Américain à y entrer. C’était un
grand camp, où vivaient des travailleurs forcés qui construisaient une usine
dans les montagnes. Ce type était un des prisonniers, un survivant. J’ai vu que
les portes d’un des baraquements étaient condamnées par des grandes planches
clouées. J’ai arraché une porte, pour découvrir les corps de gens qui étaient
morts de faim. C’est la seule fois de ma vie que j’ai vu une scène de
cannibalisme. Sur le sol, il y avait deux cadavres côte à côte, et l’un d’eux
avait la mâchoire plantée dans la fesse de l’autre. C’est apparemment ainsi qu’ils
étaient morts. Au dernier moment, vous essayez de rester en vie par n’importe
quel moyen.
    J’ai appelé l’armée, et nous avons immédiatement encerclé
le camp. Il n’y restait plus personne à part ces corps. Tous les gardiens s’étaient
enfuis. C’est dans ce camp qu’Eisenhower est venu, avec Patton et quelques
personnalités. Il a déclaré : « Si vous ne savez toujours pas
pourquoi nous combattons Hitler, eh bien, cela vous le dira ! » Ç’a
été dans tous les journaux de l’époque.
    C’est une énorme montagne de calcaire, de roche tendre, à
l’intérieur de laquelle ils avaient construit une usine d’un kilomètre et demi
de large et de cinq kilomètres de long. Ils avaient des ascenseurs sur douze
étages. Ils avaient des pharmacies, des hôpitaux, des bars, et une gigantesque
salle de montage où étaient construites ces armes de représailles que les
Allemands appelaient V1 et V2.
    Les sorties de l’usine étaient extrêmement bien
camouflées. Nous n’avons jamais pu la bombarder.
    Ce prisonnier nous a dit qu’un millier d’hommes étaient
morts pendant la construction de cette usine. De temps en temps ils attachaient
quelqu’un à une grue et le laissaient suspendu comme ça dans le vide pendant
deux ou trois jours, afin de décourager toute tentative de sabotage. Il m’a
raconté qu’une fois un type avait pissé dans un coin et avait éclaboussé un
fuselage. Ça avait été considéré comme un acte de sabotage, et ils l’avaient
laissé pendre au bout d’une chaîne pendant plusieurs jours.
    Ce sont malheureusement les Russes qui ont récupéré cette
usine dans les accords de partage. Elle se trouve maintenant dans le secteur
soviétique de l’Allemagne, en RDA.
    Ce squelette vivant se cachait, et quand il avait vu
approcher une jeep il s’était montré. Le camp n’était pas un secret. Les
habitants de la ville savaient que ces gens étaient là. Il n’y a pas eu qu’Auschwitz
en Pologne. Ces types se faisaient exterminer en plein cœur de l’Allemagne. D’abord
il fallait transporter tous ces travailleurs dans cette usine tous les jours. Les
gens étaient aux champs et dans les fermes. On ne peut pas toujours se taire. On
finit par parler : « Le camp là-bas a reçu une nouvelle fournée de
travailleurs. » Ils arrivaient par milliers parce que l’usine avait besoin
de cette main-d’œuvre.
    Bien sûr, on pouvait toujours dire qu’on n’avait rien vu.
Mais ç’aurait été un mensonge. Tout le monde dans le voisinage connaissait l’existence
du camp de Dora. Ce n’était pas un camp d’extermination des Juifs. C’était un
camp de travail forcé.

Milton Wolff
    L’histoire dira que les six
mois qui se sont écoulés entre la victoire des fascistes en Espagne et l’invasion
de la Pologne n’ont été qu’un armistice au milieu d’une guerre : la
seconde guerre mondiale.
    Claude G. BOWERS, ambassadeur
des États-Unis auprès du gouvernement de l’Espagne républicaine, 1936-1939.
    Il était

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