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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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la fin de la guerre j’ai écrit l’histoire de notre
compagnie, avec la liste de toutes les décorations que nos hommes ont reçues. Ils
ont tous été décorés. Ensuite j’ai fait des études de droit à l’université de
Georgetown, dans le cadre de la loi d’enseignement pour les GI.
    Je m’étais engagé en mars 42 et j’ai été démobilisé en
février 46. Quatre des meilleures années de ma vie, de vingt-quatre à
vingt-huit ans. Je suis retourné sept fois en Italie pour revoir les partisans
avec lesquels j’avais travaillé. Vous ne pouvez pas imaginer les tortures et
les souffrances qu’on leur infligeait quand ils se faisaient prendre. C’étaient
eux les vrais héros.

Irving Goff
    Comme il avait fait partie du bataillon Abraham Lincoln, il
s’est spécialisé dans les actions de guérilla derrière les lignes ennemies. Il
aurait pu servir de modèle à Hemingway pour Robert Jordan, le héros de son
roman sur la guerre d’Espagne : Pour qui sonne le glas ? « Je n’ai
jamais vu Ingrid Bergman pendant tout le temps de la guerre, parce que je crois
que si je l’avais rencontrée, je serais encore là-bas ! (Il rit.)
    Quant à Gary Cooper, il avait une façon de faire sauter
les ponts… comme s’il avait fait sauter une couche de charbon dans une mine. Moi,
j’en ai fait sauter des ponts. Il suffit de poser un détonateur dans le truc, et
après il vaut mieux se trouver à trente kilomètres de là ! On s’occupait
des ponts et des voies ferrées. En général, on restait pas plus de cinq ou six
jours derrière les lignes.
    Ma plus grosse opération de guérilla ç’a été la
libération de 315 mineurs des Asturies emprisonnés dans un fort sur les bords
de la Méditerranée. Nous étions trente-cinq, équipés de grenades. Avec un autre
Américain et deux Espagnols on s’est fait coincer, on se serait crus dans un
film. On nageait en direction de l’Afrique, et les fascistes nous tiraient
dessus. Les deux Espagnols se sont noyés. Un peu plus tard on s’est accrochés à
un rocher et on a vu leurs corps tout gonflés.
    Nous étions tout nus dans une petite grotte, avec les
fascistes juste au-dessus, on les entendait parler. Il était quatre heures du
matin, l’eau glacée nous éclaboussait, on essayait de se blottir l’un contre l’autre
pour conserver le minimum de chaleur qui restait encore dans nos corps, et on a
attendu là jusqu’au soir. Alors on a encore un peu nagé, et on a attendu
vingt-quatre heures de plus dans d’autres petites grottes, sans eau et sans
rien à manger.
    D’un côté les fascistes, et de l’autre l’armée
républicaine. Ils se tiraient sans cesse dessus. Nous avancions de rocher en
rocher, la tête sous l’eau, jusque-là, comme ça, vous voyez, pour qu’on puisse
quand même respirer, et au bout de trois jours nous avons rejoint nos lignes. »
    Je suis un gosse de Brooklyn, et je n’étais pratiquement
jamais allé dans la montagne. Voyez un peu ce que je pouvais connaître à la
guérilla ? J’ai tout appris en Espagne. Un jour je porte des explosifs sur
le dos, tandis qu’un Espagnol m’explique comment on les utilise, et deux jours
plus tard je suis derrière les lignes en train de faire sauter un train, rempli
de soldats italiens qui se rendaient à Cordoue. C’était ma toute première
opération. La première fois que je suis monté dans un avion, ç’a été pour faire
mon premier saut en parachute, j’étais déjà avec l’OSS, à ce moment-là. Je me
suis bien débrouillé parce que j’étais acrobate de profession, je savais donc
comment contrôler mon corps, comment tomber et me laisser rouler.
    Juste avant Pearl Harbor, Donovan voulait nous faire
travailler dans le désert égyptien pour les Anglais. Mais après Pearl Harbor il
nous a dit : « Changement de programme. » Notre nouvel objectif
était l’Espagne, où il fallait organiser un réseau d’espionnage et faire un
boulot de type paramilitaire afin de protéger Gibraltar. Franco avait des
forces au Maroc et pouvait pratiquement fermer la Méditerranée. Mais le
Département d’État y a mis le holà.
    Vous vous souvenez de Kasserine ? Cette grande bataille
en Afrique du Nord ? À ce moment-là une poignée d’anciens de la brigade
Lincoln travaillait pour l’OSS, et à Kasserine tous les équipages d’une flotte
de républicains antifranquistes étaient internés dans un camp de concentration.
D’ailleurs nombre d’anciens des Brigades

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