La bonne guerre
stratège, toute
opinion concernant le nazisme mise à part.
On raconte qu’il a été écrasé d’un côté par Montgomery et de
l’autre par nous, rien n’est plus éloigné de la vérité que ce mythe stupide. En
fait tous les panzers et tous les avions étaient à Stalingrad. Un jour on a vu
un ciel noir d’avions, le lendemain plus rien, et plus rien jusqu’à la fin de
la guerre. Ils avaient tous rejoint Tunis, puis regagné l’Europe. Regardez la
carte, ça ne fait pas loin pour aller à Stalingrad. C’est exactement ce qui s’est
passé en Afrique du Nord. Tout ce qu’on raconte d’autre c’est de la blague.
D’Afrique du Nord nous sommes passés en Sicile. Donovan
était sur notre bateau, sur la plage et dans les trous d’homme avec nous. On
est arrivés à Anzio, sur la même vedette, et un avion allemand nous descendait
dessus, lui, il était debout en plein milieu, c’était vraiment un type
remarquable qui n’avait pas froid aux yeux, mais quand même un peu dingue. Je
lui ai hurlé : « Planquez-vous, mon général. » Mais rien à faire,
il est resté planté là, au milieu de cette pluie de bombes.
Si on a débarqué à Anzio, c’était pour dépasser Monte
Cassino. On était complètement coincés à Monte Cassino. Ça se trouve à une
trentaine de kilomètres au nord de Naples, dans les montagnes. Pensez, ils n’étaient
pas fous les Allemands, ils ne se battaient jamais sur terrain plat. Quand on
est arrivés à Cassino, ils nous lançaient des grenades, et il n’y avait rien à
faire pour les déloger, ni les camions, ni l’artillerie, ni les tanks ne
pouvaient monter. On a essuyé un sacré paquet de bombardements là-bas, six mois
ça a duré, et ça a fait huit mille morts.
Avec Lasowski, on entraînait de jeunes types à pénétrer les
lignes ennemies, et à récolter des renseignements. Je les emmenais avec-moi, et
on revenait au bout de deux jours. Vingt-deux équipes qu’on a envoyées derrière
cette ligne. Elles ont toutes réussi sauf la mienne.
Il n’y avait aucun service de renseignements. Et du jour au
lendemain, ils ont reçu tous ces rapports, et la 3 e division était
aux anges. L’équipe qui s’était fait capturer était dans une prison de la
Gestapo, ils s’étaient fait arracher les ongles, mais n’avaient pas parlé. On
les a retrouvés à Rome plus tard, nous n’avions pas perduun
seul homme.
Donovan était dans le même avion que moi de Naples à Alger. Il
est venu s’asseoir à côté de moi pour me parler de mes liens avec le parti
communiste. Sans aucun antagonisme, mais par simple curiosité : « Comment
vous vous en sortez ? » Il savait que tous les rapports de mission de
l’OSS venaient de moi, et il m’accordait vraiment toute sa considération, à tel
point que si je lui avais demandé un million de dollars il n’aurait même pas
cillé. Je lui ai raconté tout ce que faisaient les types avec qui j’étais en
relation, et ce que j’avais derrière la tête : faire sauter les voies
ferrées. Il m’a répondu : « Tu ne trouves pas ça intéressant, mon
petit gars, qu’on collabore avec le parti communiste ? » Il m’appelait
toujours affectueusement « mon petit gars ». Il a seulement ajouté :
« Une seule chose, tu fais attention dans tes contacts que ce ne soit pas
le parti communiste qui en tire le plus gros bénéfice. » Je lui ai dit :
« Ça me paraît correct. Ils veulent gagner la guerre, nous aussi, je ferai
tout ce que je peux pour gagner cette guerre. » Il m’a dit qu’il était satisfait,
et il m’a laissé.
À Naples le parti communiste comptait 150 000 membres, et
pendant les vingt-deux ans de la période mussolinienne les employés des chemins
de fer ont conservé dans la clandestinité un syndicat de gauche. Sous l’occupation
nazie les partisans italiens assassinaient les Allemands, surtout pendant leur
fuite. Vous n’avez pas vu dans ce film, La Bataille de Naples, comment
les gens leur jetaient de l’eau bouillante par les fenêtres ? Chaque
secteur du front était placé sous le commandement d’un gars qui avait fait
partie des Garibaldini en Espagne. Le type qui a capturé Mussolini et qui l’a
pendu par les pieds, c’était Muscatalli. Un gars qui avait combattu en Espagne.
Au nord de Rome, nous parachutions des équipes radio aux
maquisards connus sous le nom de Comité Garibaldi de libération nationale. Ils
étaient dirigés par un type qui avait été le chef de
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