La bonne guerre
la brigade Garibaldi
pendant la guerre d’Espagne. Avec eux, il y avait un Italien qui parlait
anglais avec un superbe accent d’Oxford, vraiment impressionnant. Avec son
petit groupe de maquisards ils avaient capturé une division blindée allemande
dans les monts Albains, et comme les Anglais étaient un peu longs à arriver, il
est allé à leur rencontre, tout dépenaillé, et leur a dit avec son merveilleux
accent d’Oxford : « Qu’est ce que vous attendez là ? Je les ai
tous capturés, vous n’avez plus qu’à venir les cueillir. » Il avait réussi
ça, sans tanks, juste avec des pistolets-mitrailleurs. Il les leur a livrés, et
les Anglais en ont fait toute une affaire.
L’armée s’est emparée de Rome. Les Allemands remontaient
vers le nord : Florence, Sienne. À ce moment-là, les groupes clandestins
représentaient une force considérable. Nous avions en permanence en Italie du
Nord dix-huit équipes radio parlant allemand, français, anglais et italien. Nous
n’en avons pas perdu une. Les renseignements qu’on envoyait étaient considérés
au quartier général des forces alliées comme les meilleurs. Nous étions
extrêmement précis, au moindre détail près, c’était avec une masse énorme de
renseignements que les gars revenaient. Nous établissions une carte détaillée
de toutes les positions allemandes, si bien que l’armée américaine savait
précisément où se trouvaient tous les Allemands.
Le général Alexander, le chef britannique du quartier
général des forces alliées, a publié le bulletin suivant : « Que tous
les partisans rentrent chez eux jusqu’à l’offensive finale. » Ensuite, ils
devaient coordonner toutes les activités. Seulement quiconque connaît un tant
soit peu la guerre de guérilla sait que cela est impossible. Une troupe de
partisans doit toujours être en mouvement, à glaner des renseignements. C’est
complètement idiot de vouloir les renvoyer chez eux, à rester le cul sur leurs
chaises. On ne peut pas rassembler du jour au lendemain une force de 300 000
hommes, et espérer la trouver efficace. C’est ce que j’ai expliqué à l’OSS. Je
ne savais pas que Churchill et Roosevelt s’étaient rencontrés sur un cuirassé
au Québec et avaient prévu la fin de la guerre dans un avenir proche, etc.
J’ai envoyé un message radio, précisant qu’il était
nécessaire d’envisager un harcèlement encore plus systématique des positions
allemandes : de toutes les voies ferrées, de tous les ponts, de tous les
dépôts de munitions, de toutes les usines sans exception. Pour ça il nous
fallait une masse énorme de renseignements, pensez, avec dix-huit équipes radio ! (Il rit.) Mon Dieu, je n’arrive même pas à y croire !
On m’a fait appeler à Caserta, la principale base de l’OSS. Ils
voulaient savoir ce que j’étais en train de manigancer. Je leur ai dit que ce
message appelait au rassemblement final pour la victoire de tous, comment
avaient ils pu ne pas comprendre ça ? Le commandant a acquiescé, je suis
donc parti et on n’en a plus parlé. Je n’ai jamais pu savoir ce qu’ils
fabriquaient au haut commandement. Il y avait un type, un certain Scamperini, le
dernier des imbéciles, il s’imaginait tout le temps que ce que je faisais était
de caractère subversif, et que je machinais je ne sais trop quel complot au
lieu de lutter pour la victoire. Disons les choses telles qu’elles étaient :
ils voulaient se débarrasser de nous.
Vers la fin de la guerre j’ai préparé une mission en Chine, et
j’ai immédiatement reçu une réponse : « D’accord. » Donovan nous
a dit qu’il nous embarquerait sur le premier bateau. Il ne faut pas oublier que
rien n’était encore réglé avec le Japon. Deux jours plus tard débutait l’offensive
finale. Il faut bien comprendre aussi que ce sont les partisans qui ont capturé
l’armée allemande, c’est à eux que Kesselring s’est rendu. Le message de
reddition m’est parvenu par radio de deux endroits différents. Je leur ai
proposé de parachuter des gars de l’OSS que j’accompagnerais pour venir
chercher Kesselring. (Il rit.) C’est Allen Dulles, qui était le chef de
l’OSS à Berne, qui s’en est chargé, c’est lui qui a envoyé quelqu’un. Nous, ils
ne nous voulaient pas, je le savais. Ils m’ont fait attendre six mois pour me
nommer capitaine.
Donovan nous a toujours soutenus jusqu’au bout. Il m’a fait
venir à Washington. La guerre
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