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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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une zone qui avait été occupée par les Allemands, ils laissaient
presque toujours un ou deux types cachés dans les arbres. (Il rit.) C’est
comme ça qu’un commandant s’est fait descendre à mes pieds. Là aussi c’était un
autre exemple d’esprit militaire. Selon le règlement, le subalterne devait
marcher à gauche de l’officier, et il a donc insisté pour que je marche à sa
gauche. (Il rit.) Il m’a dit : « Tu vas me servir de garde du
corps », et comme de bien entendu, tous les Allemands savaient que les
subalternes marchaient à gauche. (Il rit.) La balle lui a traversé le
cou.
    Une fois, par hasard, on a doublé nos effectifs. Devant nous
il y avait un petit village. Celui qui avait pris le commandement a déclaré qu’on
allait attaquer le village. On s’est mis en position comme pour un engagement. Il
n’y avait rien du tout, rien pour se cacher, rien pour se couvrir. Juste un
grand espace dégagé. Et on a attaqué. Aussitôt on s’est fait tirer dessus, et
on s’est tous jetés au sol. Tout à coup il y en a qui ont commencé à agiter des
drapeaux, et on s’est aperçus que c’étaient les Américains qui occupaient le village,
et qu’on était en train de s’entre-tuer. C’était vraiment la pagaille. Heureusement,
cette fois-là, on a eu assez peu de pertes.
    On avait emporté nos blessés avec nous, ils n’étaient pas
très nombreux. On n’avait plus de vivres, ça faisait deux jours qu’on n’avait
pas mangé, on était environ cent cinquante en tout. D’un seul coup, on a été
encerclés par les Allemands au sommet d’une colline couverte de neige. Nous
étions tous couchés dans la neige, et tout autour les Allemands tiraient sur
tout ce qui bougeait avec des petits canons de 20 ou de 40. On ne pouvait pas
riposter faute de munitions. On avait remonté un mortier, mais on n’avait rien
à mettre dedans. Alors on l’a démonté, et j’ai relevé la plaque verticalement
pour me cacher derrière. Ça ressemble à un moule à gaufres. Un de nos
artilleurs, un gosse de Pennsylvanie, m’a demandé : « Je peux venir
me mettre à l’abri avec toi ? » Je lui ai répondu que oui. Ça ne
faisait pas cinq minutes qu’il était là qu’il se faisait arracher la jambe. Je
crois qu’il est mort de l’hémorragie. C’est comme ça que ça se passait.
    On était le 19. Ça faisait déjà un bout de temps qu’on
tournait en rond dans ces collines sans rien faire de décisif. (Il rit.) Vers
trois heures et demie, le soleil commençait à se coucher, on a vu un drapeau
blanc, et un officier allemand s’est approché. Les Allemands portaient des
tenues blanches, c’étaient les troupes d’élite de l’armée. Il s’est adressé à
notre colonel dans un anglais parfait : « Ça fait maintenant un bon
moment que vous êtes coincés là, depuis midi vous n’avez pas tiré une seule
cartouche, et nous sommes quasi persuadés que vous êtes à court de munitions. Si
vous n’êtes pas descendus d’ici vingt minutes, aucun de vous ne descendra
jamais. » Notre colonel a réfléchi à peu près trois minutes, (il rit) et
il a dit : « OK les gars, détruisez vos armes. » La seule que j’avais
c’était ce superbe 45 que je conservais précieusement. Je l’ai démonté, et je l’ai
jeté dans la neige.
    Les Allemands sont tous montés. Ils ont pris nos
bracelets-montres, nos stylos, et toutes les cigarettes qu’ils ont trouvées.
    Quand on était dans nos casemates avant la bataille des
Ardennes, chaque homme recevait une cartouche de cigarettes par jour. Quand ou
a compris qu’on allait être obligés de partir, on s’est tous bourrés les poches
de cigarettes. On était en tenue de combat. J’ai mis quatre paquets de
cigarettes dans chacune des poches de mon pantalon, et j’en ai glissé à l’intérieur.
Ils avaient drôlement envie de ces cigarettes, au stalag où on nous a emmenés. Ils
disaient qu’avec cent cartouches, on trouverait sans problème un gardien pour
nous conduire à la frontière hollandaise. Je ne sais pas si c’était vrai, parce
que personne n’en a jamais eu autant ! (Il rit.) Celles que j’avais
mises à l’intérieur de mon treillis, ils ne les ont pas trouvées. Et quand je
suis arrivé au stalag avec les copains, on était pratiquement millionnaires !
    Ils étaient furieux qu’on ait détruit nos armes. En fait, leurs
P 38 et leurs Luger étaient bien supérieurs aux nôtres, mais ils aimaient
bien avoir des 45

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