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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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fini par le Japon.
    Je suis allé au quartier des officiers célibataires. J’ai
jeté mon ordre de mission sur la table, et j’ai dit : « Il me faut
une chambre. » Il y avait quatre, cinq Japonais dans ce bureau. Tous
debout à ne rien faire, à discutailler, à se raconter une histoire et à rigoler.
Leurs jacasseries m’ont mis à bout. J’ai senti la colère monter et j’ai tapé
sur la table : « Nom de Dieu, bande de cons, vous allez me la donner
cette putain de clé. Et que ça saute. » Un des gars s’est précipité et me
l’a donnée. Il m’a dit : « Il faudrait remplir ce formulaire. »
Je lui ai dit : « Va te faire foutre avec ton formulaire. » Je l’ai
pris et je lui ai dit : « Si tu veux ton formulaire à la con, t’auras
qu’à venir le prendre sous ma porte quand je l’aurai rempli. » Et je suis
parti. C’est de les entendre discuter qui m’a énervé. Cette espèce de manière
de jacasser en hachant les phrases que j’avais tellement entendue dans les
mines.
    Oui, il fallait la lâcher la bombe A. Si on avait débarqué
avec une armée, il y aurait eu bien plus de morts que ce que la bombe a fait. Tous
les prisonniers auraient été tués, bien sûr. Je me demande si ça aurait fait
quelque chose de la lâcher sur une zone inhabitée. Avec un autre peuple, peut-être.
Sûrement pas avec les Japonais. Ils étaient trop durs.
    La seconde guerre ce n’était pas la même chose que le Viêt-Nam.
Complètement différent. On a été trop coulants au Viêt-Nam, je crois. On avait
trop d’entraves. Et on n’a pas fait ce qu’on aurait dû. Quand on fait la guerre,
on fait la guerre. On ne dit pas, il y a des choses qu’on peut faire, et d’autres
qu’on ne peut pas faire. Ce qui nous a manqué, c’est des hommes comme MacArthur
et Patton.
    Je trouve qu’on devrait intervenir partout où le communisme
menace de s’installer. Et si on y va, on y va, Nom de Dieu ! On joue le
jeu jusqu’au bout, ou on dégage. Ce n’est pas possible de faire les choses à
moitié quand les autres en face les font à fond. Ce n’est pas un match amical.
    Il me tend une vieille photo. Des hommes en tenue de
base-ball à Clark Field. Il me montre du doigt les hommes dont il parle.
    On avait un club là-bas. On jouait à Manille tous les
week-ends. Il y avait des équipes philippines, des américaines et une japonaise.
Moi, j’étais lanceur. J’avais de la ressource dans les bras. À la première base,
il y avait Max ou O’Connell, en alternance. Ils sont tous les deux morts à Cabanatuan.
À la deuxième base, c’était Andy Olds de Milwaukee. C’était un Polack, un
chouette type. Andy s’en est sorti, et il est mort d’une crise cardiaque peu de
temps après son retour. Le joueur volant, c’était Armando Viselli. Il venait du
Connecticut. Armando est mort au cours d’un vol de reconnaissance au-dessus de
la baie de Lamon, le 22 décembre 1941. À la troisième base, il y avait Cabbage
Clan, un Hollandais de Pennsylvanie. On l’appelait Cabbage. Il est mort à la
suite du torpillage de son bateau au large de Mindanao. Torpillé par un
sous-marin de l’US Navy. On avait deux attrapeurs : Beck, qui a été blessé
au cours du premier bombardement japonais de Clark Field, une de ses jambes
avait été déchiquetée. Il a été évacué sur un navire-hôpital, et je ne sais pas
ce qu’il est devenu. Le deuxième, c’était Dumas. Il venait du Massachusetts. Dumas
a été tué à Iba, le premier jour.
    Je suis le seul rescapé de l’équipe, le seul à être revenu. C’est
pour ça que cette photo m’est si chère.

L’effort de guerre

Peggy Terry
    C’est une montagnarde installée à Chicago depuis vingt
ans. Elle est originaire de Paducah dans le Kentucky. Elle y retourne aussi
souvent que ses modestes revenus le lui permettent.
    Après la Crise, j’ai trouvé mon premier emploi dans une
usine de munitions à Viola dans le Kentucky. Entre Paducah et Mafield. On
faisait de gros obus de DCA, des bombes incendiaires et des obus traçants. Ceux-là,
on leur mettait de la peinture rouge au bout. Ma mère et ma sœur travaillaient
avec moi. On travaillait toutes les trois dans des équipes différentes parce qu’on
avait des gosses à la maison. On se faisait trente-deux dollars par semaine, c’était
fabuleux. (Elle rit.) Pour nous, c’était un vrai miracle. Avant, on ne
gagnait pas un sou.
    Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point j’étais
ignorante.

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