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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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de
Pasadena. Je leur ai demandé s’ils avaient du boulot pour moi. Pendant la
guerre, les hôpitaux manquaient de personnel. Tous les hommes étaient au combat,
en train d’en tuer d’autres. Les femmes gagnaient plus que jamais à jouer les
héroïnes dans les usines d’armement. Alors je suis allé dans un hôpital parce
que je savais que c’était un endroit où on essayait d’aider les gens. L’hôpital
avait besoin d’un jardinier.
    J’ai dit à la dame qui m’a reçu que j’étais parti d’un camp
pour objecteurs de conscience, et que je finirais bien par être arrêté à cause
de ça. Elle m’a dit : « Qui vous a autorisé ? » Je lui ai
dit : « Moi. – Qui peut me donner l’assurance qu’il n’y a pas de
problème à vous engager ? » Je lui ai dit : « Appelez le
FBI si ça vous fait plaisir. » C’est ce qu’elle a fait, et le FBI lui a
dit qu’ils n’auraient pas de mandat contre moi avant qu’un rapport soit envoyé
à Washington et leur revienne. Ça pourrait prendre plusieurs mois. Eux ne voyaient
pas d’inconvénient à ce qu’elle m’engage. Comme ça, elle avait sa caution
divine. (Il rit.)
    Je suis allé dire au FBI où je me trouvais. J’étais logé et
nourri à l’hôpital. (Il rit.) S’ils voulaient me voir, je me ferais un
plaisir d’aller chez eux. Ils m’ont dit : « Ne te fais pas de souci
pour ça. » J’ai su plus tard qu’ils touchaient des primes pour venir
cueillir les gars.
    Un jour, j’étais en train de déjeuner à l’hôpital – j’avais
dans ma poche une espèce de petit couteau de jardinage, ils sont arrivés
par-derrière, un de chaque côté. (Il rit.) « Allez, suis-nous. »
Je me suis levé, et le couteau dépassait de ma poche. « Pose ce couteau
sur la table. » (Il rit.) «  On n’est pas là pour rigoler, c’est
du sérieux. – Ça vous prend souvent ? » je leur ai dit. Alors ils m’ont
conduit à la prison du comté, à Los Angeles. Ils m’ont enregistré, ont établi
ma fiche, et pris tout ce que j’avais sur moi. Quand on m’a transféré de la
maison d’arrêt au palais de justice, j’avais des menottes et des chaînes aux pieds.
C’était très humiliant. J’avais l’impression d’être un criminel. Je n’avais
rien fait d’autre que de dire que je refusais de tuer des gens : « Tous
les autres veulent devenir des meurtriers, moi pas. »
    D’abord, j’ai plaidé non coupable. Puis j’ai plaidé «  nolo
contendere  », le refus de combattre. Je n’avais pas l’intention de me
soumettre à quoi que ce soit. Le juge m’a condamné à deux ans de prison
fédérale. À Tucson, en Arizona.
    Dans le train j’ai discuté avec les autres. Il y avait
quelques objecteurs de conscience mais presque tous avaient commis des délits :
vol de voiture, vol avec effraction. Deux des objecteurs ont voulu savoir
pourquoi je m’étais enfui du camp. Je leur ai expliqué qu’il n’était pas
question pour moi de me plier aux directives du service de sélection. Je leur
ai dit que si on se soumettait au système carcéral, qui était une forme de
sanction, c’était une sorte de compromission. Le juge m’avait seulement
condamné à un certain temps. Il ne m’avait pas dit de faire un travail quelconque.
Il ne m’avait pas dit de me soumettre à qui que ce soit. Donc on a décidé dans
le train qu’on ne travaillerait pas.
    On s’est entendus avec presque tous les autres prisonniers. Il
y avait des Indiens qui refusaient de participer à la guerre des hommes blancs.
On a lancé une grève du travail. On passait tout notre temps à utiliser
machines à écrire, papier et matériel de bureau pour faire connaître notre situation.
On envoyait ce qu’on écrivait à des amis, des procureurs, des procureurs
généraux, et à des directeurs de prison. (Il rit.)
    Comment ont réagi les autorités ?
    Ils n’ont pas bougé. Les deux premiers jours il ne s’est
rien passif. Le jour suivant, vers deux heures du matin, ils sont venus arrêter
trois d’entre nous, nous ont mis les menottes, nous ont fait asseoir à l’arrière
d’une voiture, et nous ont conduits jusqu’à La Tuna au Texas. Juste au-dessus d’El
Paso. On a été accueillis par un directeur de prison texan. On nous a alignés
devant lui. Ses gorilles nous entouraient. Avec ses bottes de cow-boy et son
gros cigare dans la bouche, il nous a dit que son fils était en train de se
battre contre les Japs, et que si ces dégonflés de

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