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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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mari blessé et quatre enfants. Je
suis devenue différente. Avant la guerre je voyais tout en rose, je vivais pour
la musique et pour la danse. Après la guerre j’ai commencé à faire toutes
sortes de choses. Il a fallu que je m’occupe de l’éducation de mes enfants. Il
a fallu que je m’habitue à ne jamais avoir d’argent parce que nous n’avions que
la pension de mon mari pour vivre. J’ai renoncé à regarder les vitrines car je
savais que je ne pourrais jamais m’acheter de jolis vêtements. Il ne fallait
pas non plus envier les autres parce que ça ne pouvait que vous rendre laide et
détestable.
    La guerre m’a ôté beaucoup d’espoirs et de plaisirs, mais j’ai
commencé à voir les gens et les choses sous un autre angle. Je cherche toujours
à connaître les raisons économiques qui poussent les gens ou les gouvernements
à agir. C’est toujours bien de savoir. (Elle rit.)
    Je suis peut-être pessimiste. On connaîtra peut-être une ère
nouvelle et merveilleuse. Maintenant je me fais terriblement de souci pour mes
petits-enfants. J’ai de la peine pour eux. Mais il y a peut-être des gens qui
ont eu de la peine de savoir que j’avais vécu ma jeunesse pendant la seconde
guerre mondiale. (Elle rit.) Pourtant avec toutes ces horreurs les gens
ont été amenés à mieux se comporter les uns envers les autres qu’ils ne s’en
croyaient capables.
    Les femmes ont été de bien meilleures cuisinières pendant la
guerre que depuis la guerre. C’est incroyable, non ? Nous avions si peu de
choses à notre disposition qu’il fallait faire preuve d’imagination. Quand on
réussissait à avoir un petit peu de riz et un morceau de côtelette, on
préparait une mixture qu’on faisait durer plus longtemps. Si on réussissait à
avoir des raisins secs, on les ajoutait avec de l’eau à tous les bouts de pain
qu’on pouvait trouver, et ça faisait un pudding génial. Quand on réussissait à
trouver du sirop de sucre et de la cassonade, avec un peu de chance, on pouvait
faire des caramels pour les gosses. Comme ça on faisait des échanges fantastiques.
    J’avais pour voisine une femme absolument charmante, son
mari aussi d’ailleurs. Son fils devait venir en permission et elle n’avait pas
de viande. Mais ce jour-là le boucher m’a proposé du lapin. Pendant là guerre
nous mangions du cheval et des steaks de baleine, alors le lapin c’était
vraiment un mets de choix. Je ne voulais pas garder le lapin, parce que je
préférais donner un œuf à mes jeunes enfants quand je pouvais m’en procurer. Je
lui ai donc apporté le lapin. Elle était ravie. Ce jour-là son fils s’est fait
tuer. Le lapin était devenu le dernier de nos soucis, on l’aurait vraiment fichu
n’importe où. Son fils était un garçon tellement gentil, un jeune officier de
dix-neuf ans.

Le jour J et la suite

Elliott Johnson
    Homme délicat mais circonspect, il est plutôt laconique, même
si les détails prennent à ses yeux une importance considérable. Depuis de
nombreuses années, il est directeur d’une société de Stockton en Californie. De
jeunes cadres dynamiques, produits d’une autre ère et d’autres valeurs, commencent
à occuper des postes de responsabilité.
    J’étais dans un restaurant chinois de Portland dans l’Oregon,
avec trois amis. Soudain, le petit patron chinois est sorti de la cuisine en
trombe, avec un poste de radio portatif dont il avait monté le volume. C’est
ainsi que nous avons appris que Pearl Harbor avait été attaqué. Nous étions
furieux. Pas question que qui que ce soit nous envahisse ! Nous nous
sommes immédiatement rendus au bureau de recrutement des marines.
    Il y avait une quelle longue de deux pâtés de maisons. Un
marin était installé à une petite table située devant la porte. Quand mon tour
est arrivé, il m’a dit : « Sortez de la file, vous allez avoir une
lettre du Président. » Le lendemain, un lundi, je recevais une lettre du
président des États-Unis. Félicitations. Le 12 janvier, j’étais incorporé.
    Et vos trois camarades ?
    L’un d’eux avait une mauvaise vue. Il a essayé de s’engager
dans tous les corps possibles. Il ne voulait pas renoncer. Il fallait qu’il
fasse quelque chose pour son pays. C’était cette forme d’esprit qui régnait à
cette époque. Il a fini dans la marine marchande. Un autre s’est engagé dans
les marines, il était à Guadalcanal. Le troisième était trop petit, alors il
est resté au lit quatre

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