Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
Vom Netzwerk:
parti.
    J’avais deux sergents que j’aimais bien. Ils s’occupaient d’un
ou deux autres magasins. Je croyais avoir un système imparable pour empêcher
les vols. Mais ces deux types, quand tout a été fini, tenaient à Chicago la
plus grosse boîte de pièces détachées d’automobiles que j’aie jamais vue. Ils
avaient réussi leur coup. Vous comprenez, après mon départ ils ont continué
avec quelqu’un d’autre.
    Il y avait des types qui faisaient du trafic d’essence, de
cigarettes. Il y avait deux types qui envoyaient des montres Patek Philippe aux
États-Unis tous les mois. Elles devaient bien valoir cinq cents dollars là-bas.
De nos jours, il faut bien compter mille dollars pour une Patek Philippe. Le
lieutenant qui a pris ma suite envoyait régulièrement à Paris un chargement d’armes
rempli de cigarettes. À la fin de la guerre, il était riche. Je ne lui en ai
pas voulu pour autant, et à chaque fois que je lui ai demandé une cartouche
pour quelqu’un il ne me l’a jamais refusée.
    Je voulais être sur le théâtre européen. Je suis allé
trouver mon colonel et je lui ai dit : « Je ne veux plus diriger de
PX. » Il m’a envoyé avec les services de renseignements.
    Je suis arrivé en Normandie vingt et un jours après le
débarquement. À ce moment-là ça roulait tout seul. Les haies avaient été
nettoyées, et vous pouviez avancer sans crainte. Tous ceux qui avaient la
chance de passer après les types qui avaient fait le premier boulot de
nettoyage n’avaient plus à craindre pour leur peau. J’étais dans la 3 e armée, celle de Patton. On nous avait surnommés « les veinards de l’arrière ».
    J’ai remarqué qu’ils nous envoyaient du front des gars qui
étaient complètement dérangés. Pendant la première guerre mondiale on parlait
de traumatisme. Nous on appelait ça l’épuisement. Il n’y avait personne pour
les soigner. Je suis allé trouver mon colonel pour lui dire que je pourrais
leur passer des films en plein jour. Il m’a répondu : « Comment tu
vas t’y prendre pour faire ça ? » Je lui ai dit : « Je vais
retourner sur les plages, récupérer des caisses, et je vais fabriquer un
dispositif permettant de maintenir tout le devant de l’écran dans l’obscurité. »
Et c’est ce que j’ai fait. Il y avait de gigantesques caisses qui flottaient. J’ai
pris des camions de deux tonnes cinq, je les ai remplis avec les grands
panneaux de bois des caisses, et j’ai fait construire ce dispositif par les
gars qui restaient le cul sur leur chaise. Avec du charbon de bois je leur ai
fait noircir tout l’intérieur de cette gigantesque boîte, et comme ça je
pouvais projeter des films en plein jour. Je pouvais faire asseoir trois cents types
devant cette boîte. Ç’a été la première véritable distraction qu’a eue le dépôt
des troupes de relève en France.
    Ces malins d’Allemands avaient des maisons préfabriquées. Quand
je suis tombé dessus j’y ai trouvé des morceaux de plancher préfabriqué. J’ai
assemblé six morceaux pour me faire une scène de campagne. Je suis allé trouver
mon poivrot de colonel, qui était un homme merveilleux, pour lui demander de me
passer un camion de deux tonnes cinq. Dans l’armée on disait toujours :
« Il ne faut jamais être volontaire. » Qu’ils aillent se faire foutre.
Moi j’étais toujours volontaire. Il m’a donné le camion et j’ai transporté ces
six morceaux de plancher préfabriqué. Partout où j’allais je pouvais les
installer pour me faire une scène. J’ai monté cette scène dans toute la France.
J’y ai eu Dinah Shore, Bing Crosby. C’étaient les spectacles qui suivaient les
troupes.
    J’avais un sergent pour me protéger, parce que tout le monde
voulait discuter avec moi. Tout le monde avait une idée. Une fois de plus je
donnais dans cette connerie de puissance et de gloire. Quelqu’un est venu me
trouver pour me dire qu’il voulait mettre un orchestre sur pied. Je lui ai
demandé : « Qui est-ce que vous avez trouvé ? » Il m’a
répondu : « Je joue du saxophone, et je crois que j’ai trouvé un
pianiste. » Je suis allé discuter avec le pianiste : « Comment
est-ce que vous vous appelez ? – Dave Brubeck. » Je lui ai dit :
« Vous jouez comme qui ? Stan Kenton ? » Il m’a dit oui. J’ai
dit d’accord.
    J’ai sorti sa fiche 20 : Brubeck était
tirailleur-fantassin. Une fois que sa fiche était sortie, il ne pouvait plus
être

Weitere Kostenlose Bücher