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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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charitable.
    — Et vous avez pensé à votre ancienne… infirmière qui vous serait redevable d’un petit service ?
    La remarque était ambiguë et Lebayle ne sut comment l’interpréter. Il esquissa un élan vers la fenêtre.
    — Seriez-vous de nouveau blessé ? le retint-elle de la voix.
    — À mon honneur seulement, madame, car on ne peut m’imputer aucun forfait, sinon de clamer l’indignation d’un modeste propriétaire lésé. En aucune façon, je ne voudrais vous mettre dans l’embarras.
    Il réitéra sa fausse sortie.
    — Auguste est en voyage à Beauvais avec son oncle et son cadet le curé, s’empressa-t-elle. La maison a l’air vide et désolée. S’il vous est loisible d’égayer ma soirée, je mettrai volontiers la chambre bleue à votre disposition.
    La proposition était nette et sans ambiguïté.
    — Madame, je serais très ingrat de ne pas battre le rappel de mes modestes qualités d’histrion pour vous être agréable.
    — Toutefois, si la soldatesque survenait, je ne pourrais vous défendre sans nuire à « l’Union des gentilshommes de France » et nierais connaître vos répréhensibles agissements qu’entre nous j’applaudis.
    — Je ne le conçois pas autrement. Ne vous inquiétez pas, je prendrais tout sur moi.
    — Ne vous chargez pas tant, je ne puis vous assurer que l’hospitalité. S’il vous plaît de descendre m’attendre dans le grand salon tandis que j’achève une rapide toilette et passe une robe. Louisette préviendra à l’office.
    — Je me confonds en remerciements.
    Géraud recula vers la porte, salua et s’éclipsa, sceptique. Saint-Aignan était peut-être un administrateur compétent, mais un piètre stratège. Ce n’était pas de cette façon qu’il avait imaginé la rencontre. Le commissaire se demandait de quelle manière il allait pouvoir renouer des relations sans équivoques avec la veuve qui le considérait d’une prunelle ironique. Était-elle dupe ? Que savait-elle ?
    Les domestiques ne manifestèrent aucune surprise en le voyant survenir dépenaillé par les étages, et ajoutèrent un couvert. Il se campa face à la cheminée tandis qu’on lui cherchait au moins une veste à sa taille. Il avait besoin de chaleur et d’un temps de réflexion.
    Sa première impulsion faillit lui faire prendre la poudre d’escampette, certain d’avoir plus à perdre qu’à y gagner, puis il se ravisa. Il se devait d’exploiter la filière de la marquise jusqu’au bout ; La Tréaumont occupait une position trop importante au cœur du système.
    Au cours du dîner, Géraud s’appropria et enjoliva le passé d’un ami, fils d’un négociant aisé et accorda sa propre carrière à un cousin imaginaire, se prémunissant ainsi d’une bévue, d’une indiscrétion en narrant le siège de Maëstricht qui le rapprochait d’Auguste des Préaux et de son oncle. Ensuite de quoi, il s’intéressa à la vie de son hôtesse en la questionnant de façon évasive afin de ne pas l’indisposer. Il lui avoua être le père d’une petite fille (sans en préciser l’âge) qu’il élevait seul, non sans difficulté, et lui demanda quelques conseils. Elle se prêta volontiers à cet exercice jusqu’à ce que minuit sonne. Il émit alors le désir de se retirer, n’ayant pas obtenu les confidences escomptées par Saint-Aignan, mais cependant une promesse d’entrevue avec La Tréaumont.
    — Voulez-vous que Louisette vous porte une verveine ? lui demanda-t-elle avec une intonation particulière.
    La proposition l’intrigua. Il devina un sous-entendu qu’il n’osa pas interpréter. Lui offrait-elle un bouillon de onze heures très à la mode, ou les tendres services de sa soubrette ? Elle ajouta, plissant les yeux :
    — C’est un excellent moyen pour espérer de beaux rêves.
    Avait-elle des doutes sur Louisette ? Elle pouvait utiliser cet expédient pour la percer à jour… La chambre bleue jouxtait celle de la marquise et les cloisons avaient peut-être des oreilles complices !
    — Je crains qu’après toutes ces émotions, je ne sombre corps et biens, à peine libéré de mes oripeaux.
    — En une autre saison, je vous aurais mis en demeure de vous présenter à ma table dans le plus simple appareil, ce qui aurait été moins inconvenant et vous siérait mieux que n’importe quel habit de cour. Je vous enverrai quérir un vêtement convenable pour demain et, dans l’attente, une chemise chaude pour la nuit. Recevrez-vous ma

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