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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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tisanière ?
    — Pour la grâce de vos charmes incomparables.
    Géraud se leva, baisa la main de la marquise, tentant encore de sonder l’énigmatique retroussis du coin de sa lèvre.
    Elle invoqua des ordres à donner à son personnel et le laissa « monter en éclaireur ». Quelques minutes plus tard, il l’entendit repousser la porte de sa chambre tandis qu’il inspectait sans résultat les recoins de la sienne. Rien ne lui parut suspect bien qu’il ait l’habitude de ce genre d’examen.
    Un index tendre toqua doucement. Il alla ouvrir, plaçant le sien en travers de sa bouche. Louisette lui répondit d’un battement de cils nerveux. Elle en savait plus que lui dans ce domaine.
    — Monsieur, j’apporte votre tisane de tilleul et un linge de corps pour dormir… Puis-je vous être utile ?
    La voix de la jeune fille trahissait une émotion inattendue. Il était certain qu’ils étaient espionnés, mais quel autre message lui adressait-elle ? D’où venait ce trouble ? Le mieux était de lui répondre par une question :
    — Merci Louisette, tu es charmante, mais que pourrais-je exiger de plus ?
    — Tout ce qu’il vous plaira… Je suis à votre service.
    Lebayle comprit le mandat qui lui avait été imposé. Il jeta la chemise sur le lit tandis qu’elle déposait le bol fumant sur le manteau de la cheminée.
    — Garde-t’en, petite innocente ! Il est des services qu’il serait trop tentant de demander à une aussi ravissante jeune personne.
    — Madame m’a recommandé de… vous satisfaire en tout point. À la moindre défaillance, je serai renvoyée.
    — Dans ce cas, agis à ta guise afin que rien de fâcheux ne t’advienne. Je suis très fatigué.
    — Bien, monsieur… Je vais bassiner votre lit tandis que vous vous apprêterez…
    Géraud avait l’impression qu’elle récitait un mauvais rôle. Elle passa du côté de la ruelle. Il s’en désintéressa, considéra le portrait d’une femme hautaine accroché au mur opposé, s’assit sur une chaise face au foyer, ôta ses bottes, puis son habit, son justaucorps, s’étonna alors qu’elle n’ait pas décroché la chaufferette pendue au-dessus de l’âtre où de courtes flammes caressaient sans hâte une vieille bûche. Il tourna la tête pour la voir abandonner prestement sa robe et se glisser nue sous l’édredon. Il ne s’était pas trompé sur la mission que lui avait confiée la marquise. Il cueillit la chemise parfumée :
    — Que fais-tu, Louisette ?
    — Faute de braises, monsieur, je réchauffe votre couche.
    — Tu es une fille très dévouée.
    Y avait-il une échappatoire à cette douce torture ?
    Il devait donner le change. Il finit de se dévêtir, négligea cette camisole qui sentait trop la femme et rejoignit sous les draps la camériste. Qui saurait résister à un tel attrait ? Mais, d’évidence, la demoiselle n’était pas prête à ce sacrifice sans quelques concessions ou confidences de sa part.
    — Que se passe-t-il, Louisette ? chuchota-t-il. À quoi rime cette comédie ?
    — Elle veut que je vous questionne… Elle nous observe par un orifice dissimulé dans le cadre du tableau. Je ne pouvais pas agir autrement.
    — Nous feindrons donc, sinon elle se doutera de quelque chose.
    — Je ne m’en sens pas capable…
    — Ne suis-je pas assez bien constitué pour toi ?
    — Vous êtes bel homme mais là n’est pas la question.
    — Que veut-elle savoir ?
    — Si vous dites la vérité… Qui vous êtes et… mais que faites-vous ?
    Géraud s’était rapproché de Louisette, seulement son corps ne savait pas simuler. Il s’en excusa, ne sachant comment trouver une parade. Bien qu’elle ne fût pas précisément belle avec ses yeux exorbités, ses seins minuscules et ses hanches de poulinière, elle avait du charme. De plus, elle exhalait des odeurs juvéniles d’herbe folle et des fragrances de bichette sauvage.
    Elle le repoussa, tourna le dos, se recroquevilla. N’était-ce qu’un jeu de séduction ou cela cachait-il autre chose ? Tâchant de ne pas même l’effleurer, il lui parla à l’oreille, chercha à la rassurer, à l’amadouer. Elle paraissait terrorisée soudain de céder aux avances qu’elle avait provoquées. Il exigea la raison de cette rebuffade puisqu’elle avait semblé consentante. Elle lui répondit dans un souffle qu’il n’était pas en cause. Il lui opposa qu’il n’était probablement pas le premier et que la marquise allait

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