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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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Ne court-il pas au-devant d’amères représailles ?
    — Il sait que nous n’avons aucune preuve contre Monmouth lequel, fort de son impunité, drapé dans sa suffisance, n’a cure de nos piqûres d’insectes.
    — Toutefois, je n’occulterai rien dans mon rapport au roi qui – je le souligne –, informé de l’imminence de la bévue, avait envoyé en soutien cent de ses gardes du corps et quatre cents hommes du régiment des gardes armés de mousquets, pertuisanes et hallebardes.
    — C’est, ma foi, vrai. Mais à mon sentiment, harnachés comme ils étaient, chapeau à plume en sus, veste longue à brandebourgs entravant la démarche, double baudrier, bas et chaussures à boucles, l’épée pendulant entre les jambes pour les premiers et les lourdes lances pour les seconds, les larges cravates serrées, les hauts-de-chausses aux genoux et les revers de manches volumineux, ils ne pouvaient équivaloir l’efficacité et la promptitude des mousquetaires.
    — Monsieur le maître costumier Pistol veut rhabiller l’armée française à sa convenance !
    — Gausse-toi ! C’est avec une simple veste renforcée et cousue de protections aux endroits vitaux, avec un casque à l’ancienne, de bonnes chaussures de marche à la paysanne munies de semelles cloutées qu’ils bondiraient à l’assaut de telles structures plus vite que les balles et ceux qui rechargent les mousquets ! Je les observe et les croque depuis trop longtemps pour ne pas avoir quelques critiques à formuler.
    — J’ajouterai en annexe de mon compte rendu ces suggestions innovantes.
    Ils arrivèrent à l’entrée de l’antre. Géraud déclina l’invitation à se désaltérer, il avait encore tant à faire et à interroger les autres témoins. Il remercia son compère de son aide précieuse. Avant de se séparer, ils se promirent de se retrouver le lendemain.
    1 - Donneau de Visé, le fondateur de ce journal, auteur dramatique connu, critique de Racine et Corneille, puis leur admirateur ; adversaire farouche de Molière.

    2 - 1641-1723.

    3 - L’ancêtre du Premier ministre Winston Churchill.

VI
    D ÈS LE LENDEMAIN MATIN, Lebayle retourna au chevet de Pierre Quarré d’Aligny qui l’accueillit assis sur sa couche, dos calé par des coussins, un livre ouvert entre les genoux.
    — Constatez, mon ami, que nos médecins que l’on critique tant réalisent parfois des prodiges et que, d’assez bonne constitution grâce à Dieu, je m’obligerai à recouvrer la santé en moins de dix jours.
    — Vous m’en voyez ravi. Toutefois ne vous hâtez pas trop, ne brûlez pas les étapes… Je venais vous informer des derniers développements de mon enquête qui progresse dans le sens que vous avez initié.
    — Je n’en suis pas surpris. Prenez cette chaise, mais méfiez-vous, elle n’est pas très solide, et relatez-moi ce que vous avez découvert.
    Le visage d’Aligny se détendit. Ses yeux pétillaient d’un feu nouveau qui n’était pas celui de la fièvre. Géraud résuma les différentes rencontres qu’il avait faites et les conclusions qu’il pensait présenter au roi.
    — Je suis persuadé que ce compte rendu satisfera Sa Majesté, approuva le convalescent, sans pour autant la consoler, à l’évidence. Les proches du roi assurent qu’il a été profondément affecté par le décès, plus d’un ami véritable que d’un fidèle serviteur de l’État, en qui il plaçait une immense confiance. « Maréchal de camp » était la dernière distinction qu’il lui avait accordée l’année dernière. D’ailleurs, dans sa chapelle privée, a été célébré un office funèbre à la mémoire de celui qui était estimé des gens de toute condition, à la guerre comme à la cour, et parmi ses mousquetaires, un homme dévoué, d’une intégrité exemplaire durant quarante années.
    — Il est exceptionnel qu’un homme obtienne un tel plébiscite et, qui plus est, de la part de ses ennemis.
    — Il est aussi de rigueur de parer des plus belles manières l’éloge funèbre d’une personnalité disparue et de lui accorder tous les honneurs posthumes. En ce qui concerne d’Artagnan, il n’y a rien d’usurpé… D’autre part, on m’a rapporté une anecdote qui peut vous intéresser : le roi reprochait à monsieur de Villars d’aller aux attaques sans permission. Celui-ci aurait demandé le pardon de Sa Majesté, prétextant pour sa défense qu’il souhaitait apprendre le métier de l’infanterie au

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