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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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ligne sur la pente ?
    — Sire d’Artagnan s’y opposa avec courtoisie, mais fermeté. Le temps pressait. Le ton monta. Comme le duc restait sur sa décision hardie, ce gentleman qui ne voulait pas froisser ses alliés décida de rester à ses côtés. Ils franchirent la première barricade sans grandes difficultés. Le duc gravit le talus de la tranchée et engagea ses hommes.
    — Baron, m’expliquerez-vous un épisode qui m’intrigue ? Tous les témoignages indépendants entendus jusqu’à présent concordent pour affirmer que monsieur d’Artagnan se trouvait à la tête de la riposte.
    —  That’s right . « Faisant contre mauvaise fortune bon cœur » comme vous disez , il avait repris d’autorité la direction des opérations, lançant ses mousquetaires aguerris et very entraînés avec une velocity … une vélocité qui nous relégua, je le reconnais, quelques toises en arrière. Par cet assaut fulgurant, il comptait préserver le plus grand nombre de vies. C’est au passage d’un nouvel… étranglement qu’il reçut le coup mortel, sous une pluie de balles sans précédent.
    — Le duc de Monmouth ne reconnut-il pas comme sienne cette erreur stratégique ?
    — Avec ardeur, il se jeta alors à l’assaut, nous entraînant dans son sillon . Mister Obrien fut touché à son jambe. Puis ce fut le capitaine Churchill. Par deux fois, nous avons repoussé l’ennemi. Quand Sa Grâce jugea que celui-ci commençait à reculer et à plier, nous avons obtenu qu’elle se retire dans la tranchée pour mieux distribuer ses ordres.
    Lebayle et Pistol s’adressèrent un regard entendu et connivent. Cette dernière phrase démontrait le caractère emporté et velléitaire du jeune prince de vingt-quatre ans. Comment était-il possible de diriger des hommes depuis le fond protégé de la tranchée ?
    Ils remercièrent le baron de sa franchise et se retirèrent. Ils remontèrent vers le camp des Français.
    — Ce n’est pas d’Artagnan qui aurait accepté de commander de la sorte, les yeux bandés depuis l’arrière, ironisa Géraud.
    — Est-ce la légendaire bravoure de celui-ci ou l’irresponsabilité qu’il faut blâmer, pour ne pas dire la veulerie de celui-là car ce serait diffamatoire de ma part et indigne d’un prince de sang, même britannique ?... Quoi qu’on en dise, la perte est irréparable, le remplaçant d’un tel homme n’est pas né.
    — Ses deux fils – âgés de douze et treize ans si je ne me trompe – seront bientôt aptes à porter les armes. « Bon sang ne saurait mentir. »
    — S’ils n’ont pas trop pris du côté de leur mère car madame d’Artagnan, d’un naturel jaloux et convoiteux, s’en est depuis longtemps retournée vivre à Chalon et n’escompte sans doute pas en faire des militaires.
    — Pis que le Mercure galant , tu es une véritable gazette de ragots, de caquetages et de commérages, mon cher Pistol.
    — Parfois très utiles pour étoffer un dossier, mon brave. Mais tout ceci est de notoriété publique.
    Ils étaient parvenus à la limite du quartier des plus hautes autorités, surveillé nuit et jour par des sentinelles vigilantes.
    — Quel est ce personnage richement vêtu de blanc, s’enquit Géraud, empanaché et paradant, entouré de tous ces officiers ?
    — Est-ce à la médisante gazette ou au dessinateur curieux que la question est posée ?
    — Aux deux, s’il y a à boire et à manger dans la réponse.
    — C’est à voir !... Il s’agit du chevalier de Rohan, colonel des gardes de Louis XIV et ami d’enfance de Sa Majesté dont il partagea les jeux : un caractère bien trempé lui aussi… « Doué de la plus grande mine – comme tu peux le constater –, l’homme le mieux fait de son temps », assure-t-on. Voilà pour les hors-d’œuvre. Tu remarqueras qu’il porte un bandage au bras, conséquence d’une récente blessure. C’est un héros. En ce qui concerne le plat de résistance, nous pourrons en reparler plus tard. Le menu sera copieux. Non loin, sur la droite, placé de trois quarts, tu reconnaîtras le major des gardes, monsieur de Brissac, puis ton guide, et Jean-Charles du Cauzé qui entre sous la tente, le marquis de Vauban en discussion avec le général de La Feuillade et quelques autres. Cet attroupement sent le conseil de guerre, passons notre chemin, nous ne sommes pas concernés.
    — Volontiers. Pour en revenir au baron de Killard, sa franchise est-elle guidée ou volontaire ?

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