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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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Il avait le sentiment de ne pas avoir achevé sa mission qui passait désormais aux mains de l’état-major et, de ce fait, craignait de décevoir Sa Majesté. L’enjeu ne dépassait-il pas ses attributions ? Il s’était efforcé de consigner son rapport avec la plus grande rigueur, « sans ombre ni concessions », puis en avait tiré un résumé oral concis.
    Il fut reçu de même dans la « chambre de bois », sauf que le roi, entouré de cinq militaires, se trouvait assis derrière un secrétaire marqueté d’essences diverses, occupé à rédiger des lettres. Celui-ci, après quelques lignes d’une écriture régulière, suspendit sa plume et, tout en relisant, assura :
    — Ainsi, Lebayle, votre instruction est close.
    — Je le crois, Sire. À moins que Votre Majesté ne souhaite un complément d’informations. J’ai reconstitué les circonstances du drame avec les principaux témoins, questionné toutes les personnes qui ont consenti à m’accorder leur avis et leurs confidences. L’ensemble est enregistré dans ce document.
    Il tendit sa liasse de feuillets, serrés par un cordon, à un capitaine qui la transmit au roi tandis qu’il livrait la synthèse de ses conclusions.
    — Le doute est donc confirmé, jugea le monarque en survolant le compte rendu. Lebayle, vous avez accompli votre tâche en un temps record. Vous êtes allé au bout de vos investigations. Je puis donc vous renvoyer aux services de notre chef de la police. Demain, un courrier vous sera remis à son intention. Vous le lui apporterez au plus tôt. Il vous signifiera de quelle manière nous comptons employer à nouveau vos compétences dans un proche avenir afin de conclure cette triste circonstance.
    L’un des gradés donna à l’enquêteur une bourse bien garnie. Celui-ci remercia de sa grande générosité le roi qui paraissait accaparé par des affaires importantes. Géraud demeura dans l’expectative. Après quelques secondes, Sa Majesté releva la tête, un sourcil interrogateur comme s’il l’avait déjà oublié et le congédia sur un mot aimable.
    *
    Soudain, la pensée de Maline l’accapara. Après ses trois semaines d’absence, dans quel état d’esprit cette superbe et fantasque sauvageonne, abandonnée par obligations professionnelles dans la capitale aux mille dangers, avec sa petite sœur Lisa, allait-elle l’accueillir ? Elle était si insaisissable et il avait eu si peu de temps pour l’apprivoiser et panser les plaies de ses mésaventures passées… Il avait hâte d’arriver pour la couvrir de cadeaux, de caresses et la distraire !
    La route se frayait un passage étroit entre un massif abrupt de roche noire à main droite où pendaient des guirlandes de mousse, s’accrochaient des arbrisseaux étiques, et les courbes envahissantes de la Meuse qui forçaient les arbres à se réfugier sur le moindre monticule d’alluvions. Les roseaux et les ajoncs poussaient à profusion jusqu’à une toise de hauteur, au cœur desquels nichaient des passereaux de toutes sortes : mésanges bleues ou charbonnières, bergeronnettes, rouges-gorges, bouvreuils, verdiers… autant qu’on en identifiait.
    Ils prirent le pas et laissèrent souffler les bêtes, des demi-sang un peu lourds mais résistants. Les quatre cavaliers n’avaient pas prononcé trois phrases depuis le départ, chacun immergé dans les pensées intimes qu’ils avaient mises sous l’éteignoir durant le siège. Goûter les bruits de la nature paisible était une douce musique qui atténuait l’écho des canons, des fourneaux, des mousquetades, des grenades et les multiples fracas. Il existait encore des petits oiseaux aux chants insouciants qui ignoraient la folie des hommes.
    Pistol se retourna sur sa selle, une main appuyée sur le troussequin et adressa un clin d’œil comique à Géraud. C’était un garçon sans prétentions, simple et direct, à l’esprit vif, à la repartie fleurie. L’amitié qui s’était déclarée à la première rencontre se renforçait au fil des jours et des aléas. Son défaut d’attention autorisa sa bête à s’arrêter subitement, le ramenant sur l’encolure. Suivant cet élan, il mit pied à terre afin de définir la cause de cette brusque réticence : une blessure, la menace d’une vipère, un caillou coincé sous un fer ?... Le décor sauvage incitait à la prudence. Il se pencha, souleva les antérieurs l’un, puis l’autre. Du coin de l’œil, il vit débouler à trente toises

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