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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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déroulés à Maëstricht et des amitiés qu’il avait nouées. Il promit un rapport écrit complet, avant de se retirer, avec la hâte amère et maîtrisée de rentrer chez lui au plus tôt.
    Il emprunta le Pont-Neuf, toujours encombré par des marchands ambulants, des camelots, des musiciens, des flâneurs, des filles de joie, des tire-laine, des badauds, mais le passage restait malgré tout plus dégagé que par les autres ponts, alourdis de constructions, et rallia la rue de la Calandre. Il attacha son cheval dans la cour jouxtant la maison où il logeait, ressortit, leva la tête comme si un signe quelconque était visible, là-haut sous les toits, ou quelqu’un attendant son retour, une sœur Anne… Il haussa les épaules et pénétra dans l’étroit couloir au fond duquel s’élevait un escalier raide et exigu. Il grimpa trois à trois, jusqu’au quatrième. La porte n’était pas fermée à clef. Il entra, appela… n’obtint aucune réponse, visita prestement les deux pièces et l’alcôve attenante : vides !
    Tout semblait en ordre, mais cette absence le troubla. Il se raisonna. Elles ne pouvaient pas être très loin, dans le quartier, chez un commerçant, au marché voisin, à la fontaine… Il explora en détail son logement. Bien entendu, il ne reconnaissait pas ses repères habituels, c’était normal, les deux filles avaient marqué les lieux de leur empreinte.
    Quelque chose titillait cependant le commissaire : le réduit de Lisa paraissait le plus investi. Il retourna dans les autres pièces, fouilla ses coffres et l’armoire, n’y vit guère d’effets féminins, mais les siens étaient en place et aucun objet n’avait disparu.
    Une sueur glacée lui jaillit au front. Que s’était-il passé ?... Et cette porte palière qui n’était pas fermée à clef ! Il dégringola l’escalier, frappa à la porte de ses logeurs. Une petite voix l’invita à entrer. Lisa était attablée avec le vieux couple des propriétaires qu’il salua, éberlué. La fillette se dressa, radieuse soudain, lui sauta au cou. L’hôte proposa à Géraud de se joindre à eux. Il déclina l’invitation, il n’avait pas faim.
    — Nous finissions de manger, viens, lui intima Lisa en lui saisissant la main. J’ai des choses à te raconter.
    Il s’excusa et se laissa entraîner. Elle le hala jusqu’au quai entre le pont Saint-Michel et le petit Pont. L’impatience le figea soudain :
    — Lisa, vas-tu m’expliquer ? Que s’est-il passé pendant mon absence ?
    — T’es pas content de me revoir ?
    — Je suis ravi, mais…
    — Tu aurais préféré r’trouver Maline, je sais. Ma sœur, elle est partie.
    Géraud chancela. Une griffe d’acier lui déchira le cœur, lui ravagea les entrailles. Il s’en était douté, n’avait pas osé se l’avouer. Il avait voulu mettre en cage un oiseau de paradis qu’il n’avait pas eu le temps d’apprivoiser. Un instant, il maudit La Reynie et le roi, puis se rasséréna. Il ne servait à rien de se morfondre… Il regarda Lisa, petit bout de femelle, plus souple qu’une couleuvre, aussi malicieuse qu’un singe de foire qui, les yeux plissés, scrutait l’effet de sa brutale révélation.
    — Tu ne ménages pas tes annonces, Lisa.
    — Exact. Marchons, si tu veux bien.
    Il approuva sans conviction. Elle s’élança, louvoya devant ses pieds à la manière des chats, l’obligeant à des embardées. Il lui passa le bras autour des épaules.
    — Raconte…
    Il ne sut en exiger davantage, la gorge vrillée par la déception.
    — Que te dire, mon pauvre Géraud ? Tu connais ma sœur. Au bout d’trois jours, elle a commencé à tourniquer en rond. La campagne, la mer, le ciel lui manquaient. Par contre, les odeurs, mes aïeux ! Paris, c’t’une infection ! Alors, on a visité l’île de la Cité, puis la rive gauche. On a filé vers les quartiers nord de la Seine quand soudain elle s’est crispée : « C’est plus possible. Trop de murs. Trop de pestilence, de goujateries. Tu fais c’que tu veux, Lisa, moi, je pars. » Sur le coup, j’ai été éberlurée . J’ai essayé de discutailler. Elle m’écoutait déjà plus. Le lendemain quand je me suis réveillée, elle avait disparu avec son balluchon. Depuis, plus d’nouvelles… Alors moi, je suis restée, pour t’accueillir.
    — Tu es gentille.
    — Je sais, mais Maline, tu l’aimes.
    — Toi aussi, je t’aime…
    — C’est pas pareil. Moi, j’ai pas des gros tétons et

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