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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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un connin velu comme un chaton de six s’maines, n’est-ce pas ?
    Il ne s’insurgea pas. Il retrouvait la Lisa, naturelle, directe et délurée de Rochefort. Il lui bisa le front. Elle en frémit.
    — Comment as-tu survécu, toute seule dans la grande ville aux mille pièges ?
    — Tu l’as vu, je me suis glissée à la table des Lefort, aussi souvent que possible, comme un chiot abandonné. J’me suis pas éloignée d’l’île, promis. Et puis, Maline m’a laissé un peu des sous que tu lui avais donnés.
    Nouveau pincement au cœur tandis que le cyclone se calmait à demi dans son ventre. La vie qu’il avait rêvée avec cette fille n’était pas possible, il devait l’admettre. Ils n’étaient pas issus du même monde et, s’il désirait s’élever dans la société, il lui fallait envisager un meilleur parti. De plus, il était souvent en déplacement, presque à l’égal des militaires. Brusquement, un nouveau souci dressa son épouvantail : qu’allait-il faire de Lisa ?
    1 - Capitale de la Crète assiégée par les Turcs en 1669.

    2 - Siège qui se déroula avant celui de Maëstricht.

    3 - Cité dans ses mémoires parmi d’autres aventures… aussi rocambolesques.

    4 - 2303 exactement.

    5 - Théophraste, le père, médecin du roi Louis XIII et créateur de la Gazette , était décédé en 1653, mais ses trois fils aînés (Isaac, Théo II et Eusèbe) poursuivaient son œuvre.

    6 - Fils aîné de Colbert, secrétaire d’État en Survivance.

    7 - Il sera parrain de l’aîné, la reine étant la marraine. Le dauphin et mademoiselle de Montpensier ceux du cadet, tous deux baptisés par Bossuet en 1674.

X
    L E COMMISSAIRE L EBAYLE DESCENDIT la rue du Bac pour atteindre le quai de la Grenouillère et découvrit le petit hôtel particulier des d’Artagnan, situé non loin de la caserne des mousquetaires, étroit de façade et tout en hauteur.
    Il franchit le porche, entra dans la cour où stationnaient deux carrosses, l’un à quatre places, décoré d’un camaïeu de vert, l’autre plus petit tapissé de damas rouge. Il s’attarda au premier, plus luxueux, agrémenté de quatre glaces de Venise (contre les portières et sur le devant), aux banquettes rembourrées quand, du bâtiment de gauche, un vieil homme sortit des communs.
    — Holà, monsieur ! C’est ici une propriété privée. Et l’on n’y reçoit plus. Que venez-vous chercher ?
    Géraud s’approcha, se présenta avec courtoisie, expliqua le but de sa visite, exhiba son ordre de mission officielle, ajouta qu’il arrivait de Maëstricht où le roi l’avait requis d’urgence. Le vénérable majordome hocha la tête et se radoucit :
    — Soyez le bienvenu, commissaire… C’est le Seigneur qui vous envoie.
    — Juste le lieutenant général de la police.
    — Vous êtes au fait des dramatiques événements qui nous bouleversent, si bien que j’aurais une humble requête à vous adresser.
    — De quoi s’agit-il ?
    — Serait-il possible d’obtenir quelques précisions sur la disparition de notre regretté maître, monsieur, car nous sommes dans l’ignorance totale ? Et cette ignorance nous mine.
    Lebayle acquiesça de bon cœur. Il fut introduit dans la cuisine. Le gardien des lieux lui présenta son épouse et une jeune servante bonne à tout . Il lui proposa de s’asseoir à la grande table qui occupait le centre. Le mobilier de la cuisine était modeste : deux bancs, une chaise, un bahut contenant de la vaisselle en étain, une armoire et un coffre ; aucun objet de luxe 1 . Il lui offrit à boire, écouta avec émotion le récit du tragique assaut de la demi-lune, secouant la tête avec un scepticisme évident. Puis il confia son inquiétude sur leur sort à tous les trois car l’hôtel allait être mis en vente.
    Afin de faciliter la visite de la maison, le commissaire proposa aussi ses compétences pour rechercher un acheteur qui les garderait à son service. Bertrand Gervais (s’était présenté le laquais qui bondit sur l’occasion) l’invita à passer par l’office où était placée la couchette à piliers bas de la servante Fiacrine Pinou. Géraud tenta d’en savoir davantage sur madame d’Artagnan, la double veuve 2 .
    — C’est une grande bénédiction que Sa Majesté daigne prendre sous sa protection les fils de notre maître. Ce sont deux beaux et braves garçons, âgés de bientôt douze et treize ans, qui deviennent plus qu’orphelins d’un père

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