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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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désagréablement contre le petit quartier de la selle, l’obligeant à garder la jambe écartée.
    Il s’arrêta plusieurs fois pour se reposer, réfléchir, apprécier le paysage et discourir avec sa jument, moins rapide mais aussi moins brutale qu’un étalon. Il décida de retourner auprès du gouverneur du Havre afin de lui rendre compte de son entreprise et d’obtenir, si possible, des précisions à propos de ce Hamel de La Tréaumont.
    Il n’arriva que le surlendemain, claudiquant à cause de l’échauffement de la selle qui avait annihilé en partie les soins attentionnés de madame la marquise. Monsieur de Saint-Aignan était absent. Il ne put le rencontrer que le matin suivant.
    — La Tréaumont est donc de retour ! s’exclama celui-ci après le résumé du commissaire.
    — Vous semblez, monsieur le gouverneur, quelque peu affecté par la présence de cet individu dans votre région.
    — Bigre ! On le serait à moins. Cet homme est un démon, herculéen qui plus est, chassé de l’armée pour des aventures scandaleuses – rendez-vous compte de l’importance de ses forfaits, au point d’en offusquer de braves généraux qui en ont vu d’autres ! –, il était allé se faire oublier en Hollande. Il a dû solliciter l’entremise de monsieur de Brissac auprès du roi pour se voir autorisé à franchir la frontière dans l’autre sens. Oui, je suis perplexe quant à sa présence en Normandie. Incorrigible, le voilà déjà à la tête d’une ligue, sinon d’une rébellion.
    — Que savez-vous de lui qui pourrait m’aider ?
    — Jadis brillant officier, ce géant à la force prodigieuse qui a eu la chance de passer entre les balles ennemies, est l’homme des coups de main les plus dangereux, les plus pervers. Il se montre sans préjugés, sans scrupules ni morale. Il vit aux dépens de ses proies et de ses contemporains. Tantôt ici, tantôt ailleurs, il a coutume de camper dans une auberge rouennaise où je pourrai le faire surveiller. Ce spadassin brutal a toutes les audaces, et il est plus roublard qu’un singe mâtiné furet par une vipère femelle.
    — Superbe portrait ! joli monstre.
    — C’est le mot juste. Acoquiné au cours de parties de débauche avec la noblesse dépravée de Rouen, il est capable de fomenter des troubles graves dans notre province. Je vais sur-le-champ en référer par écrit à monsieur de Louvois ; s’il vous plaît de lui transmettre mon courrier quand vous pourrez regagner la capitale. Je lui demanderai aussi de m’octroyer quelques renforts, vous avez pu constater l’état et les aptitudes de mon contingent.
    — En effet. Dès que cette estafilade me permettra de chevaucher sans souci, je reprendrai la route.
    — Je suis navré de ce malheureux accident qui aurait pu entraîner de graves conséquences.
    — Grâce à Dieu cela ne s’est pas produit. Ne regrettez rien, monsieur, il m’a permis de rendre crédible mon intervention au secours de madame de Villars à laquelle il est difficile d’en conter. Cependant, Louisette est un précieux élément qui vous aidera à garder en permanence un œil et une oreille discrets sur l’altière veuve. Il serait peut-être souhaitable que bientôt, par le bouche à oreille, la marquise apprenne que je ne me porte pas si bien, de manière à justifier mon absence à son offre d’intégrer « l’Union des gentilshommes de France ».
    — Judicieuse proposition. Ainsi, vous vous ménagez un possible retour. Avec de telles gens toujours aux aguets, il ne faut rien négliger. Il est bientôt l’heure de déjeuner, je vous convie à ma table, puis je vous confierai à mon médecin. Il vous remettra sur pied dans les meilleurs délais.
    — Volontiers, je dois reprendre des forces car il me tarde, pour plusieurs raisons, de regagner Paris.

XV
    À L’ÉCOLE DES M USES , la majorité des élèves était revenue assister aux cours du vieux savant, de sa fille Anna-Maria et de son gendre qui étaient les principaux professeurs. Bien que maître Affinius fût très pédagogue, patient et attentif, ainsi entourée de jeunes, Lisa-Gautier appréciait d’être moins exposée aux regards des adultes ; et rassurée de constater à son grand étonnement qu’elle n’était ni la seule illettrée ni la plus ignare du groupe des débutants. En permanence sur le qui-vive afin de ne pas être démasquée, elle parvenait cependant à se relâcher par intermittence.
    Jamais elle n’aurait imaginé

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