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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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nous a guidés… l’un vers l’autre !
    Lebayle leva brièvement les yeux vers le ciel de lit :
    — Que grâce lui soit rendue… Qui étaient ces hors-la-loi qui en voulaient à votre… vertu ?
    — Qu’importe !
    — M’est-il possible d’entrer… en contact avec ces gens qui comme moi protestent contre l’injustice ?
    — Tu l’es… déjà… et très en avant !
    — Vous ?... Mais encore ?
    Le dialogue devint de plus en plus haché et moins aisé car la furieuse veuve caracolait comme si mille diablotins lui couraient aux trousses. Géraud ne pouvait que suivre la cadence, introduisant çà et là une brève question à laquelle elle marmonnait une réponse mêlée d’exclamations et d’appels à davantage d’impétuosité. Elle réagissait à ses caresses comme une pouliche rétive, mais en réclamait avec une impatience autoritaire dès qu’il se relâchait. Un moment, elle désira inverser les positions. Frôlant le pansement, elle se ravisa et mena à bien cette fringante offensive pour leur contentement réciproque qu’elle conclut par des soubresauts incontrôlés semblables à la mise à mort d’un gibier. D’un coup, elle se relâcha et s’alanguit sur le flanc, reprit son souffle en le regardant avec intensité comme pour sonder son âme, puis mendia de nouveaux baisers et des chatteries inédites qu’il n’eut pas le cœur de lui refuser. Il put à loisir contempler ce corps délié et frémissant, avide de désir. Il comprenait désormais la passion du jeune des Préaux qu’elle avait materné sans aucune arrière-pensée, depuis qu’orphelin de sa mère, elle l’avait pris en affection, puis aidé à constituer son équipement pour ses premières campagnes de Malte et de Candie… Elle avait veillé sur lui à ses retours, jusqu’à ce que l’âge et la sagesse de son second mari, quarante-huit ans – à qui elle avait de son propre chef proposé sa main ! – lui apparaissent comme un fardeau, comparés à ce vaillant soldat, lorsque les sentiments s’en étaient mêlés.
    Lebayle, très émoussé, voulut différer la suite de l’entretien et de cette relation afin de ne pas laisser naître un soupçon d’investigations trop poussées.
    — Non, il n’en est pas question. Ce matin, tu es mon prisonnier et tu m’obéis en tout. Par ton intermédiaire expérimenté, je veux vérifier que je ne m’engage pas à la légère avec Auguste, un Adonis qu’il me faudra combler. Tu m’exprimeras donc ton sentiment sincère en ce qui concerne mes capacités amoureuses. Mais, dès tantôt, nous ne serons plus, sur ce terrain, que des étrangers qui ne se sont jamais approchés.
    — Il en sera fait selon votre volonté, belle dame aux charmes envoûtants, au corps de naïade, aux élans de guerrière, capable d’enchanter un prince.
    D’une certaine façon, Géraud n’était pas mécontent de servir de maître étalon – sa fierté dût-elle en souffrir si son rival l’emportait ! – et de pouvoir tirer sa révérence à son avantage. Toutefois, il lui fallait se montrer encore plus diplomate et disponible pour la questionner. Puisqu’elle laissait tomber ses défenses quand l’émoi submergeait ses sens, il devait sur le métier remettre son ouvrage. Ainsi, elle lui livra – sous couvert du secret absolu – les grands principes de leur ligue, « l’Union des gentilshommes de France » puis, après quelques réticences le nom de leur chef, un ancien militaire, George de Hamel, sieur de La Tréaumont, que l’on ne rencontrait pas facilement car il se déplaçait en permanence de Rouen à Paris, d’un havre à une retraite, par mesure de sécurité et pour rallier à leur cause de nouveaux mécontents.
    Satisfait, Lebayle n’insista pas et recentra le débat sur les ébats car un regain d’énergie que l’insatiable marquise avait aussitôt détecté laissait présager des délices originales dont elle souhaitait se rendre experte pour des Préaux qu’elle n’avait pas nommé une seule fois par son patronyme.
    La matinée s’acheva. Il fallut se résoudre à la séparation. La frivole infirmière, avec l’aide de Louisette, confectionna un pansement propre à Géraud, s’extasiant sur la saine cicatrice qui offrait tous les espoirs d’une rapide guérison. Celui-ci remercia son hôtesse des divers soins qu’elle lui avait prodigués et se retira à regret… au pas léger de Jurance car l’estafilade, sensible, frottait

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