Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gerard Hubert-Richou
Vom Netzwerk:
Villars ? Médisance ?... Sinon, la malheureuse jouait franchement de malchance… Second frisson. N’était-elle pas une sorte de nouvelle Marguerite de Bourgogne qui faisait assassiner et jeter ses amants d’une nuit dans la Seine au petit matin, depuis la tour de Nesle ?... À cet instant, elle avait l’air si inoffensive ; mais l’Eure coulait à deux pas…
    Devait-il profiter de son sommeil pour s’esquiver ? Alors, il perdrait le bénéfice de l’interroger à nouveau dans de délicieuses circonstances… Si toutefois il lui était encore possible d’assouvir les appétits voraces de cette étonnante marquise normande. En attendant, il lui fallait élaborer une stratégie qui ne lui mettrait pas la puce à l’oreille. Il se sentait bien, détendu, comme si un voile de brume s’était dissipé… C’était cela, en quelque sorte… Oui, le souvenir amer de sa précédente déconvenue avait besoin de ce coup d’éponge. Même s’il n’était pas le premier de ses amants puisque trois noms circulaient avant des Préaux : messieurs de La Musse, Brisbare et Aigremont.
    La marquise lâcha un coquet petit collier de perles, pas très poétique mais si naturel qu’elle en paraissait plus tendre… et s’étira en ronronnant. Elle se retourna, écarquilla les yeux, le découvrit. Il lut dans ses prunelles d’azur pâle : « Que faites-vous là, monsieur, en tenue d’Adam sur ma couche ? » Puis, après un battement de paupières : « Tu n’es pas parti ? Tant pis pour toi. »
    Elle se redressa, s’assit sur les talons, le contempla malicieuse de haut en bas, puis de bas en haut avec une station à mi-parcours. Il la détailla à son tour, n’avait pas remarqué auparavant qu’elle avait des seins en poire, ronds et polis.
    — Que serait-ce si tu étais tout à fait valide ? soupira-t-elle.
    Flatté mais pas dupe, Géraud comprit qu’elle faisait allusion à ses performances nocturnes. Il n’avait aucun mérite après une si longue abstinence.
    — Je n’ai aucun mérite avec une telle enchanteresse, sculptée comme une déesse grecque dans un marbre de Paros.
    Elle se pencha au-dessus de lui, prenant appui de chaque côté de ses épaules.
    — Devrai-je te soumettre à la question extraordinaire pour t’obliger à parler, chevalier inconnu ?
    La somptueuse poitrine vint le narguer à quelques pouces de son visage.
    — Est-ce là votre supplice, madame ? Il est irrésistible. Je m’y soumets sans condition.
    Elle promena ses mamelons sur les lèvres du martyr qui se fit un devoir de les léchicoter dévotement au passage. Elle en frémit, retroussant une babine sur ses canines blanches.
    — Ce ne sont que les prémices de tortures dont tu n’as aucune idée, le menaça-t-elle à bout portant. Que cherchais-tu par nos campagnes désolées ?
    — Je revenais d’Évreux, chez des amis, et regagnais ma chaumière reçue d’un oncle en héritage, sise du côté de Gisors quand votre attelage me coupa la route près d’Autheuil et que, dans un éclair, je vous entrevis par la portière. Fasciné, je laissai ma jument décider de ma conduite. Son instinct fut salvateur.
    — La version est plausible. Vous complotiez ?
    La jambe gauche de la souple panthère effleura le ventre de sa victime et son pied mignon s’attarda à réveiller plus bas le pauvre spectre endolori et recroquevillé. Géraud se vengea en happant et gobant le globe côté cœur. Une pression des orteils au confluent de ses cuisses lui fit lâcher prise.
    — Êtes-vous devineresse ?
    — Que tramiez-vous ?
    En trois roulis du bassin, elle se cala sous le nombril de sa victime.
    — Dois-je tout vous avouer ? improvisa-t-il, annulant son vague dessein.
    Elle feula quand elle sentit ramper et s’insinuer entre ses fermes hémisphères une ardeur ressuscitée. Elle se courba et son échine s’arrondit. Son front descendit au contact de celui de Géraud.
    — Tout…, susurra-t-elle.
    — Très bien… Ce n’est qu’une banale question pécuniaire. Nous, petits propriétaires terriens de futaies et de forêts, sommes étranglés par cet impôt inique appelé des « tiers et dangers » qui nous dévore trente livres sur cent.
    Elle redressa brusquement son buste admirable, rejeta sa chevelure en arrière et d’une ruade se crucifia.
    — Vous aussi ?..., râla-t-elle.
    Il l’accompagna dans son ressac. Elle poursuivit :
    — Nous sommes faits… pour nous entendre… C’est Dieu qui

Weitere Kostenlose Bücher