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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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charpie. » De
plus, les malheureux sont assaillis par des nuages d'insectes qui,
jour et nuit, tourmentent hommes et chevaux. En outre, la poussière
est telle que certains combattants en ont la poitrine affectée
tandis que d'autres deviennent même aveugles. Certes – le
Dr Larrey le confirme –, on s'occupe comme on peut des six
mille blessés... Mais ceux qui sont frappés d'une
maladie mortelle sont abandonnés à leur triste sort.

    Les blessés
sont couchés sur une mince jonchée de paille Ceux qui
peuvent encore parler supplient qu'on leur donne du pain, de la
charpie ou du linge à pansement. « Les plaies les
plus simples explique un rescapé, deviennent mortelles. La
faim emporte chaque jour un nombre considérable de blessés
et on entasse les cadavres à la vue des mourants, car il n'y a
ni pioches ni bras pour les enterrer... L'odeur de putréfaction
est répandue dans tous les quartiers. »

    Plus tard, le
colonel François de Puybusque, demeuré à
Smolensk après le départ de l'armée, dressera
dans une lettre datée du 17 septembre un tableau déchirant
de la situation à Smolensk. Des vieux soldats sont en proie a
une étrange maladie : « Ils pleurent, ne veulent
prendre aucun aliment et meurent au bout de deux ou trois
jours...D'autres enflent pendant vingt-quatre heures... et meurent en
peu de temps. Des soldats ont leurs cheveux qui se dressent, se
raidissent en cordes, ils vomissent des injures puis expirent comme
par un coup de sang... Des chevaux qui paraissaient bien portants
meurent du jour au lendemain, sans qu'on puisse en deviner la cause :
d'autres paissant dans une prairie sont saisis d'un tremblement aux
jambes, ils tombent et ne se relèvent plus... Cinquante
voitures traînées par des bœufs sont arrivées
d'Italie et de France, ces animaux paraissaient en bon état ;
pas un n'a voulu manger, quelques-uns se sont couchés et sont
morts peu après... Afin d'en tirer parti, on les assomme
encore vivants sans qu'ils fassent un mouvement pour éviter le
coup... Une mare au milieu de la place sur laquelle je suis logé
reçoit les intestins de ces animaux ; ils vont pourrir avec
des cadavres humains qu'on y a jetés depuis notre arrivée
dans cette ville... Jugez du spectacle que j'ai sous les yeux et de
l'air que je respire... Je ne suis plus moi-même qu'un
squelette. »

    Mais revenons au
mercredi 19 août. L'arrière-garde de l'armée de
Barclay, poursuivie par Ney, pourrait, dans sa marche de flanc, être
prise entre deux feu.

    – Barclay a
agi en fou, constate l'Empereur qui monté sur Courtois, s'est
rendu près de Valentine. Cette arrière-garde est à
nous si Junot marche seulement l'arme au bras.

    Mais Junot, duc
d'Abrantès, chef du corps westphalien, qui avait remplacé
Vandamme, est frappé d'immobilisme. Déjà atteint
par la folie qui finira par envahir complètement son pauvre
cerveau – il avait reçu trop de coups de sabre au
visage, et venait, en outre, d'être victime d'une insolation –,
il refuse de prendre l'initiative de lancer ses troupes en avant.
Comme le dira Murat, le même soir, à Napoléon
installé depuis la veille dans la maison du gouverneur de
Smolensk :

    – Il faut le
dire, malgré mes instances, malgré les instances de
Votre Majesté que j'ai pris sur moi d'aller lui rappeler,
jamais le duc d'Abrantès n'a voulu déboucher sur la
route. Il n'avait qu'un pas à faire pour se trouver derrière
les Russes, toutes nos instances ont été vaines.

    – Tu es
fâché de ne pas être maréchal, lui aurait
dit Murat. Profites-en, tu es sûr de gagner ton bâton.

    Mais tout avait
été inutile.

    – Il me fait
perdre la campagne, soupire l'Empereur qui garde, pour son vieux
compagnon du siège de Toulon, une vive affection. Je ne veux
pas qu'il commande les Westphaliens. Il faut le remplacer par Rapp,
qui parle allemand et les conduira bien.

    On se bat ce
jour-là avec acharnement. Cinquante mille hommes luttent pour
occuper une crête. Il faudra neuf charges successives pour
l'enlever à la baïonnette ! Bagration et Barclay sont
sains et sauf... On les retrouvera ! Napoléon, le lendemain,
parcourt la fameuse crête.

    – Voilà
un champ de bataille que j'aime voir, déclare-t-il : quatre
morts russes pour un français !

    Ne serait-il pas
maintenant plus raisonnable d'arrêter la poursuite et
d'hiverner à Smolensk ? Mais Napoléon expose sa pensée
:

    – Il me faut
une immense victoire, une bataille devant Moscou, une prise de

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