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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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maréchal
de France, mais le nouveau promu n'en continue pas moins paisiblement
à faire vibrer les Cordes de son violon avec son archet et à
s'enfermer dans une si totale solitude que ses soldats le surnommant
le Hibou.

    Les Russes se
demandent si Gouvion-Saint-Cyr ne va pas maintenant s'engager sur la
route de Saint-Pétersbourg où se trouve toujours le
tsar. Dans la cité de Pierre le Grand, c'est aussitôt la
panique ! Tout le monde fait ses bagages. Si Alexandre et Élisabeth
conservent leur sang- froid il n'en est pas de même de
l'impératrice douairière et de la grande-duchesse
Catherine. Cette dernière se réfugiera à
Iaroslavl, tout en suppliant son frère de ne plus songer à
revenir commander l'armée : « Car il faut, sans
perdre de temps, un chef en qui la troupe ait confiance, et, sous ce
rapport, vous ne pouvez en inspirer aucune. » On le
constate, la franchise était une des qualités premières
possédées par la ravissante et impertinente sœur
du tsar...

Smolensk, « clé
et porte de la Russie »
    Le samedi 15 août,
Napoléon et son « armée de douze langues »
s'arrêtent devant Smolensk, une ancienne ville lituanienne,
annexée par les Russes en 1514. Elle se trouve à quatre
cent quinze kilomètres de Moscou et à sept cents
kilomètres de Saint-Pétersbourg. La ville, située
sur la rive gauche du Dniepr, compte seize églises orthodoxes,
trois couvents et une seule église catholique. Une cité
puissamment défendue par une longue, large et massive muraille
flanquée de dix-sept tours en brique rouge et aux créneaux
blanchis. Boris Godounov en avait fait construire trente-six, à
la manière tartare. Il en subsiste huit aujourd'hui. De
l'avant-garde, où l'Empereur s'est rendu au grand galop, il
aperçoit de forts mouvements de troupes. Les Russes vont-ils
quitter la ville ? – Si c'est ainsi, déclare-t-il, en
m'abandonnant Smolensk, une de leurs villes saintes, les généraux
russes déshonorent leurs armes aux yeux de leurs propres
sujets ! Sans tarder, Napoléon ordonne aux Polonais de
Poniatowski soutenus par une artillerie de soixante bouches à
feu, d'attaquer la ville, tandis que, au centre, Davout est chargé
d'emporter les faubourgs fortifiés. « Les Russes se
battent avec une étonnante âpreté et ne font même
pas attention à leurs blessures légères,
jusqu'au moment où ils tombent épuisés par la
fatigue et la perte de sang. »

    La nuit tombe...

    Le lendemain
dimanche, Ney entraîne l'Empereur – il chevauche Roitelet
– à travers les taillis jusqu'à une hauteur. Là,
ils voient dans un nuage de poussière, d'où jaillit.
L'éclair des armes, cent vingt mille hommes qui se trouvent
réunis. « Transporté de joie »,
Napoléon pousse son exclamation familière :

    – Enfin, je
les tiens !

    Le lundi 17 dès
la pointe du jour, l'Empereur se réveille avec l'espoir de
voir l'armée russe rangée sur le champ de bataille
qu'il lui a presque désigné, mais le gros de l'ennemi
est allé se réfugier à l'abri des puissants
remparts de la ville.

    L'artillerie
impériale se déchaîne.

    La bataille
commence furieusement dans les faubourgs s'étageant sur trois
ravins précédant les fortifications. Les troupes
impériales se heurtent maintenant aux épaisses
murailles qui, talonnées par des tirs rasants, résistent
au feu de trente-six pièces, crachant à gros boulets,
dans l'espoir finalement vain d'ouvrir enfin une brèche.
Repoussées par le courageux général Raïevski,
les colonnes d'assaut se retirent, laissant « une longue
et large traînée de sang, de blessés et de
morts ».

    Le combat reprend,
et l'on lutte avec rage devant les tours au son des nobles et
entraînantes musiques impériales. Le combattant Faber du
Faure nous décrit « l'aspect imposant de ces masses
éblouissantes, le son guerrier de toutes leurs musiques, le
ronflement sourd des canons russes qui, des hauteurs situées
en face, lançaient à des intervalles égaux leurs
foudres sur les troupes qui descendaient. Les éclats plus
rapprochés et plus clairs du tonnerre des canons français
cherchaient à imposer silence à ceux des Russes. Tout
cela, par un des plus beaux jours du mois d'août, sous un ciel
dégarni de nuages, au milieu des plaines de Smolensk éclairées
par les feux du soleil couchant, produisait sur l'âme une
impression magique qu'il est impossible de décrire et qui
vivra éternellement dans le souvenir de ceux qui en furent
témoins ».

    Le

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