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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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sa fin... »

    Le général
Barclay de Tolly veut faire face à l'envahisseur et défendre
la ville sainte de Smolensk, d'autant plus que Bagration et sa petite
armée s'apprêtent à le rejoindre. Les deux chefs
russes sont aussi différents que possible l'un de l'autre.
Barclay de Tolly, fils d'un pasteur livonien, est courageux,
infatigable, modeste, naturel, franc, animé d'une bonté
et d'une politesse rares. Au surplus, il est d'une simplicité
et d'une sensibilité admirables pour tout ce qui le concerne,
ne sentant jamais le besoin de repos et encore moins celui de se
restaurer par un bon repas. « Ce qui fit que nous autres,
ses aides de camp, soupire le baron de Löwenstern, nous étions
très souvent l'estomac vide... » Bagration,
Géorgien de naissance, au teint basané, est courageux
et généreux jusqu'à la prodigalité. « Ne
connaissant pas les règles de la science militaire, racontera
Ermolov, chef de l'état-major de Barclay, il commet parfois
des erreurs, mais souvent son opinion est la plus justifiée. »

    L'armée de
Barclay a tout pillé sur la route de Smolensk. Aussi Bagration
supplie-t-il son rival de ne pas « exténuer l'armée
pour rien ».

    – Je n'ai ni
foin ni avoine, ni pain ni eau, ni position, soupire-t-il.

    Et de conclure :

    – Qu'on en
choisisse un autre, et qu'on me laisse démissionner !

    Le lundi 10 août
il écrit à Ermolov : « On me traite avec
franchise et si désagréablement qu'il m'est impossible
d'écrire : mon maître l'a voulu, mais je ne peux aucun
prix rester avec le ministre. Pour l'amour de Dieu, envoyez-moi où
vous voulez, même commander un régiment en Moldavie, au
Caucase, mais je ne peux plus rester ici ; tout l'état-major
pullule d'Allemands, un Russe ne peut plus respirer, et quelle
pagaille ! Mon Dieu ! Ils me rendent fou avec leurs changements
quotidiens... Et cela s'appelle une armée ! On n'a que
quarante mille hommes, on les étire comme un fil, puis on les
tire en arrière et de côté ! »

    Et à son
ami Araktcheïev, il précise encore : « Je
croyais servir l'empereur et la patrie, mais en réalité.
je sers Barclay. Je l'avoue, cela m'est impossible. »

    Cependant une
nouvelle rencontre entre les deux chefs se passe le mieux du monde.
Enterrant leur rancune réciproque, ils se félicitent
mutuellement pour leur retraite « irréprochable »,
et le succès avec lequel ils ont tous deux évité
les pièges préparés par l'ennemi. Bagration,
flatté, met son armée sous les ordres de Barclay de
Tolly.

    *****

    Que devenait le
maréchal Oudinot ?

    Le 15 août,
le deuxième corps venant de Drissa était seulement
arrivé avec ses cinquante-deux mille combattants à
Polotsk, à cent kilomètres au nord de Gloubokoje, sur
la rive droite de la Dvina, une ville entourée de remparts de
terre. Le lendemain, lors d'un combat, alors que les Russes reculent
en désordre pour essayer de se reformer dans la plaine,
Oudinot, au lieu de demeurer sur sa position, préfère
suivre l'ennemi et se trouve à son tour repoussé avec
pertes. Une grande partie de cette journée du dimanche 16
août, nous raconte Marbot, se passa ainsi : les Russes revenant
sans cesse à la charge et les Français les refoulant
toujours au-delà des jardins.

    Oudinot est blessé
au bras et passe son commandement au général
Gouvion-Saint-Cyr, qui se trouve attaqué par les fameux
escadrons des chevaliers-gardes du tsar. Vêtu d'une simple
redingote bleue, sans marque distinctive, il demeure couché
par terre et ne fait aucun mouvement à rapproche des
chevaliers-gardes. Ceux-ci le croient mort, le prennent pour un
simple employé d'administration, passent outre et continuent
leur charge à travers la plaine...

    Sauvé par
des cuirassiers français, Gouvion-Saint-Cyr reprend son
commandement et parvient à battre les assaillants russes.
Trente-sept officiers tzaristes et six cents sous-officiers et
soldats sont faits prisonniers.

    « Tout
autre que le général Gouvion-Saint-Cyr, nous dit encore
Marbot, aurait, après de si rudes engagements, passé
ses troupes en revue pour les féliciter sur leur courage et
s'enquérir de leurs besoins ; mais il n'en fut pas ainsi, car,
à peine le dernier coup de fusil fut-il tiré que
Gouvion-Saint-Cyr alla s'enfermer dans le couvent des jésuites
où il employait tous les jours et une partie des nuits à
quoi faire ? À jouer du violon !... »

    Napoléon
ayant appris le succès de Gouvion-Saint-Cyr le nomme

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