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La campagne de Russie de 1812

La campagne de Russie de 1812

Titel: La campagne de Russie de 1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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trop longtemps, l'animal
gèle et il faut le dépecer à coups de hache.
Mais il existe une compensation à la situation : on
reprendre sa route en suçant un glaçon de sang de
cheval...

    Bientôt
les chevaux de trait viennent à manquer, aussi doit-on
abandonner de nombreux caissons d'artillerie, et l'on encloue 20 sur les lieux mêmes, bien que Napoléon ait qualité
cette opération de « déshonorante ».Il
n'oubliait pas qu'au siège de Toulon le jeune Buonaparte avait
été surnommé le capitaine Canon...

    Le vol se donne
libre cours. On prend au bivouac les effets placés sous la
tête de ceux qui dorment et l'on parvient à s'emparer
même du portemanteau des officiers pendant la marche !

    À Ghjat, on
rencontre, gardés par deux valets de pied des Tuileries, les
débris d'un convoi venu de France, destiné à la
maison de l'Empereur et qui avait été intercepté.
On distribue ce que les cosaques ont bien voulu dédaigner et
le clos-vougeot ainsi que le chambertin impérial se boivent à
l'ordinaire... Le 30 octobre, l'armée abandonne de nombreux
fourgons dont les attelages sont tombés exténués.
Le froid est à nouveau intense. Les chevaux qui n'ont pas été
ferrés à glace ne parviennent pas à se relever.
« À chaque instant, nous dit un secrétaire
de l'Empereur, il en tombait un et pendant qu'on le relevait. il en
tombait deux autres. De ma vie, je n'ai jamais rien vu d'aussi
pénible. » Ainsi les cosaques, la fatigue, la faim,
les tempêtes de neige, le vent glacé, le verglas ont
déjà eu raison, non seulement du charroi traîné
à sa suite par la « tribu », mais aussi
de très nombreux combattants.

    Et le véritable
hiver n'est pas commencé !

    « L'ennemi
fuit, écrit Raïevski dans une lettre inédite que
j'ai pu recopier au Musée d'Histoire de Moscou. Le chemin est
couvert de morts, de mourants d'inanition. 0n les tue, on leur prend
tous les jours des prisonniers : des officiers, des généraux.
Peu de soldats, car on les massacre. Après toutes les horreurs
qu'ils font et qu'ils ont faites, l'humanité a perdu ses
droits... » Selon le défenseur de la Grande Redoute
de Borodino, l'armée russe n'a plus désormais qu'à
se croiser les bras : « la besogne » sera
achevée « par les seuls cosaques... »

    Le
31 octobre, l'Empereur arrive à Viasma où il restera
deux journées. Koutouzov campe non loin de la ville et aurait
pu anéantir l'armée française. Mais le
généralissime, fidèle à sa tactique,
se refuse toujours à attaquer celle qui fut la Grande Armée
et dont il semble avoir encore peur... Pourtant, selon
Löwenstern, tout le monde « était sur pied »
et les soldats russes « trépignaient »
véritablement. Les officiers « murmuraient et
s'impatientaient ». Mais Koutouzov ne veut point risquer
ses forces dans une bataille générale. Il persévère
dans le système qu'il a adopté et décide de
continuer à côtoyer la marche française en la
menaçant. Ainsi que l'a remarqué Löwenstern,
« Koutouzov préfère le blâme de sa
fidèle armée aux plus beaux lauriers que jamais général
eut l'occasion de cueillir... Il est incontestable que toutes les
chances étaient pour nous. La retraite de l'ennemi entraînait
indubitablement sa ruine totale et il aurait été réduit
à mettre bas les armes ».

    Le 3 novembre, on
se bat cependant peu après le départ de Viasma. Pour ce
seul combat, les Français comptent quatre mille tués et
un nombre imposant de blessés dont bien peu survivront. Les
nuits sont longues et glaciales. Le matin, alors que l'on se remet
péniblement en route, les bivouacs abandonnés demeurent
couverts de cadavres.

    On s'étonne
en remarquant que l'Empereur a abandonné son chapeau
légendaire. Il porte maintenant une manière de bonnet
de couleur verte et s'est couvert d'une fourrure grise. Mais, même
sous ce déguisement, sa présence soutient le moral de
ses compagnons.

    – Tant que
Napoléon sera avec nous, s'exclament-ils, notre courage ne
faiblira pas. Pourvu seulement que les forces nous restent !

    En lisant la
lettre que le jeune Édouard de Ribeaux envoie à ses
parents, on constate à quel point certains membres de
l'état-major impérial, du moins avant Smolensk, « se
débrouillaient et souffraient infiniment moins que les autres
combattants ».

    « Soyez
tranquilles sur mon compte, leur écrit-il, je me porte bien
c'est tout dire. Je suis attaché au petit quartier impérial
et je n'ai encore

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