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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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votre pays n’est pas le nôtre. Nous sommes ici, sous le ciel de Dieu, aussi libres que vous : et, par le Tout-Puissant qui nous a créés, nous défendrons notre liberté jusqu’à la mort ! »
    Georges était beau à voir, sur la cime de ce roc, faisant sa déclaration d’indépendance. Les rougeurs du matin teignaient de pourpre ses joues basanées, et les premiers feux du jour allumaient une flamme dans ses yeux noirs, alors que la main levée vers le ciel, il en appelait de l’homme à Dieu.
    Si c’eût été un jeune Hongrois défendant avec courage, dans quelque gorge de montagne, la retraite de fugitifs échappés de l’Autriche, en Amérique on l’eût proclamé un héros ! mais nous sommes trop bien appris et trop bons patriotes pour voir rien d’héroïque dans la défense de gens de couleur, de race africaine, s’enfuyant de l’Amérique au Canada. Ceux de nos lecteurs qui ne verraient pas la chose du même œil, en doivent prendre toute la responsabilité. Que des réfugiés hongrois, parvenus à se soustraire aux mandats et aux autorités de leur légitime gouvernement, mettent le pied en Amérique, la presse et les législateurs rivalisent d’applaudissements et de félicitations. Mais que des fugitifs africains au désespoir en fassent autant, c’est… hélas ! que n’est-ce pas ?
    Quoi qu’il en soit, il est certain que l’attitude, l’œil, la voix, le geste frappèrent un moment de mutisme le groupe au dessous. Il y a quelque chose dans la hardiesse et la décision qui impose, même aux plus grossières natures. Marks, seul, ne fut pas ému. Il arma secrètement son pistolet, et profitant du silence qui suivit le discours de Georges, il le visa et tira.
    « La somme à toucher dans le Kentucky est la même, qu’il soit mort ou vif, » dit-il froidement en essuyant son pistolet sur la manche de son habit.
    Georges fit un bond en arrière, – Éliza poussa un cri, – la balle, après avoir effleuré les cheveux de son mari, avait passé près de sa joue, et s’était logée dans l’arbre au-dessus.
    « Ce n’est rien, Éliza, dit vivement Georges.
    – Tu feras mieux de te tenir hors de vue, et de ne plus pérorer, reprit Phinéas : c’est de la vraie racaille.
    – Jim, dit Georges, regarde si tes pistolets sont en état, et veille avec moi au défilé. Je tire sur le premier qui se montre, toi sur le second, et ainsi de suite. Il ne faut pas, vois-tu, perdre deux coups sur un seul homme.
    – Mais, si tu ne touches pas ?
    – Je toucherai , dit Georges froidement.
    – Bien ! murmura Phinéas entre ses dents ; il y a de l’étoffe dans ce garçon. »
    Après le feu de Marks, l’ennemi parut un instant indécis.
    « Je crois que le coup a porté, dit un des hommes. J’ai entendu un cri perçant.
    – Je monte tout droit, pour mon compte, dit Tom. Je n’ai jamais eu peur de ces chiens de nèg’, et je ne commencerai pas à présent. Qui me suit ? Et il s’élança sur les rocs.
    Georges entendit distinctement ces mots ; il arma son pistolet, l’examina, et visa le point du défilé où le premier qui arriverait en haut devait se montrer.
    Un des plus courageux de la bande suivit Tom, et, l’impulsion donnée, tous se précipitèrent à la suite les uns des autres ; – la queue poussant la tête plus vite qu’il ne lui convenait d’aller. Ils avançaient ; bientôt la forme massive de Tom apparut de l’autre côté, presque sur le bord de la crevasse.
    Georges fit feu ; la balle pénétra dans le flanc droit ; mais, quoique blessé, il ne recula pas : poussant le mugissement d’un taureau furieux, il mesura l’espace et prit son élan.
    « Ami, dit Phinéas, se pinçant tout à coup en face, et lui allongeant une rude poussée à mi-chemin avec ses longs bras, on n’a que faire de toi ici. »
    Il roula dans le gouffre, dégringolant au milieu de souches, d’arbustes, de pierres détachées, que son poids entraînait avec lui, jusqu’à ce qu’il arrivât, meurtri et gémissant, à une profondeur de trente pieds. La chute l’eût tué, si elle n’eût été amortie par les branches d’un grand arbre qui accrochèrent ses habits au passage. Il n’en descendit pas moins avec une rapidité qui ne lui fut en rien agréable ou commode.
    « Le Seigneur nous assiste ! Ce sont de vrais diables ! » s’écria Marks, battant en retraite au bas du rocher, avec beaucoup plus d’empressement qu’il n’en avait mis à monter. Les

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