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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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m’empêcher de le plaindre.
    – Doucement, doucement ! ne t’avise pas d’aboyer ou de mordre, l’ami, dit Phinéas à Tom, qui faisait mine de vouloir ruer, et qui le repoussait de la main. Tu n’as de chance de salut que si j’arrête le sang. » Il s’occupa aussitôt à faire des compresses et des bandes avec son mouchoir de poche, et le linge que ses compagnons purent lui fournir.
    « C’est vous qui m’avez poussé en bas, dit Tom faiblement.
    – Eh bien, si je n’avais pris les devants, c’est toi qui nous dépêchais à ta place, tu vois ! dit Phinéas, en se penchant pour appliquer l’appareil. Là, là, – laisse-moi fixer ce bandage. Nous te voulons du bien et ne te gardons pas rancune. Tu seras conduit dans une maison où tu seras supérieurement soigné, – comme par ta propre mère. »
    Tom gémit et ferma les yeux. Chez les hommes de cette classe, la vigueur et la résolution sont tout à fait physiques et s’écoulent avec le sang. L’abattement de ce pauvre géant était pitoyable à voir.
    Les nouveaux venus avaient maintenant rejoint. On enleva les banquettes du chariot. Des peaux de buffle doublées en quatre furent étendues dans un des côtés, et quatre hommes y transportèrent, à grand’peine, la lourde masse de Tom. Dès qu’il fut dans la voiture, il s’évanouit. La vieille négresse, dans son ardeur de compassion, s’assit auprès et lui soutint la tête sur ses genoux. Éliza, Georges et Jim se casèrent comme ils purent dans ce qui restait d’espace, et on se mit en route.
    « Que pensez-vous de la blessure ? demanda Georges, assis sur le siège à côté de Phinéas.
    – Elle a pénétré assez avant dans les chairs, et les culbutes qu’il a faites, les écorchures qu’il a attrapées en dégringolant de là-haut, ne l’ont pas précisément remis. Il a copieusement saigné, – ce qui l’a mis à sec de sang et de courage, tout à la fois ; – mais il en reviendra, et peut-être y aura-t-il appris une ou deux choses essentielles…
    – Je suis bien aise de ce que vous me dites-là, reprit Georges. La pensée d’avoir été cause de sa mort, même dans une juste défense, m’eût toujours pesé.
    – Oui, dit Phinéas, tuer est une vilaine besogne, qu’elle s’attaque à homme ou à bête ! J’ai été grand chasseur en mon temps, et j’ai vu un daim, blessé à mort et mourant, me regarder avec des yeux qui me donnaient à penser que j’étais un méchant d’avoir tué la pauvre bête. Quand il y va d’une créature humaine, la chose est encore plus grave ; car, comme le dit ta femme, après la mort vient le jugement. Je ne crois donc pas que les scrupules de nos gens, en pareille matière, soient par trop stricts ; et vu la manière dont j’ai été élevé, il m’a fallu leur faire joliment de concessions.
    – Que ferons-nous de ce pauvre homme ? dit Georges.
    – Eh ! nous le porterons chez Amariah. Il y a la grand’mère d’Étienne, Dorcas, qu’on l’appelle, qui est une fameuse garde. C’est comme qui dirait de nature, chez elle ; jamais elle n’est plus contente que quand elle a un malade à soigner. Nous pouvons le lui laisser pour une bonne quinzaine. »
    Au bout d’une heure de route, on atteignit une belle ferme, où un déjeuner abondant attendait les voyageurs fatigués. Tom Loker fut bientôt déposé dans un lit beaucoup plus propre et plus moelleux qu’aucun de ceux qu’il eût jamais occupés. Sa blessure fut pansée et bandée avec soin. Ouvrant et fermant, comme un enfant fatigué, ses yeux languissants, il regardait les rideaux blancs de la fenêtre, et les douces ombres qui glissaient sans bruit dans sa chambre et autour de son lit.
    Nous allons pour l’instant prendre congé de lui et de ses compagnons.

CHAPITRE XIX

Expériences et opinions de miss Ophélia.

Notre ami Tom, en ses innocentes rêveries, comparait souvent son heureux sort d’esclave à celui de Joseph, en Égypte : et plus il avait occasion d’agir sous l’œil du maître, plus le temps s’écoulait, plus le parallèle devenait frappant.
    Indolent et faisant peu de cas de l’argent, Saint-Clair avait jusqu’alors abandonné le soin d’approvisionner la maison à son valet de chambre, Adolphe, pour le moins aussi insouciant et aussi prodigue que lui. Entre eux deux ils avaient mené les choses grand train. Tom, accoutumé, depuis longues années, à faire passer les intérêts du maître bien avant les siens,

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