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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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gronde, chaque fois que nous nous revoyons, et il a bon marché de moi ; car lui, il accomplit quelque chose. Sa vie est le résultat logique de ses opinions, tandis que la mienne n’est qu’un méprisable avortement.
    – Mon cher cousin, pouvez-vous être satisfait de passer de la sorte ce temps d’épreuve ?
    – Satisfait ! ne viens-je pas de vous dire que je m’en méprisais ? Mais, où en étions-nous ?… Ah ! à la grande affaire de l’affranchissement. Je ne crois pas que mes sentiments sur l’esclavage me soient particuliers. Beaucoup d’hommes, au fond de leur cœur, pensent comme moi. La terre gémit sous le poids de cette iniquité : fatale à l’esclave, elle est, pour le moins, aussi funeste au maître. Il n’est pas besoin de lunettes pour voir qu’une classe nombreuse d’êtres vicieux, imprévoyants, avilis, est un double fléau, pour elle et pour nous. Le capitaliste, l’aristocrate anglais ne sentent pas de même, parce qu’ils ne se mêlent pas à la classe qu’ils dégradent. Nous, au contraire, nous l’avons dans nos maisons ; ce sont les compagnons de nos enfants, et ils exercent plus d’influence que nous sur leurs jeunes esprits, car c’est une race à laquelle l’enfance s’attache et s’assimile. Si Éva ne tenait pas de la nature des anges, elle serait déjà perdue. Nous pourrions tout aussi bien laisser circuler la petite vérole dans nos familles, et nous flatter que nos enfants ne l’attraperont pas, que de les croire à l’abri des dangers du contact impur de créatures ignorantes et vicieuses. Cependant, nos lois interdisent formellement un système d’éducation générale, et elles font sagement ; car du jour où une génération sera élevée, il y aura explosion jusqu’aux nues. Si nous ne leur donnions pas la liberté, ils la prendraient.
    – Et comment pensez-vous que cela doive finir ?
    – Je ne sais. Une chose certaine, c’est que dans le monde entier les masses s’entendent et s’appellent, et que tôt ou tard viendra un Dies iræ . Le même travail s’opère en Europe, en Angleterre et dans ce pays-ci. Ma mère avait coutume de me parler de l’accomplissement prochain des temps, alors que régnerait le Christ, alors que tous les hommes seraient libres et heureux. Elle m’enseigna quand j’étais enfant à dire : « Que votre règne arrive. » Je me prends quelquefois à penser que tous ces soupirs, tous ces gémissements, tout ce fracas frémissant d’ossements desséchés, sont les avant-coureurs de ce qu’elle croyait proche. Mais qui pourra soutenir SA présence ? qui pourra résister au jour de SA venue ?
    – Augustin, il me semble parfois que vous n’êtes pas loin du royaume céleste, dit miss Ophélia. Elle interrompit son travail et le regarda avec anxiété.
    – Merci de votre bonne opinion ! – J’ai mes hauts et mes bas, – à la porte du ciel en théorie et rampant dans la poussière en pratique. Mais j’entends la cloche du déjeuner. – Allons, venez ! – Vous ne direz pas maintenant que je n’ai pu avoir, de ma vie, une conversation vraiment sérieuse. »
    À table, Marie fit allusion à l’incident de Prue. « Je suppose, cousine, dit-elle, que vous nous prenez tous pour des barbares.
    – L’acte me paraît d’une révoltante barbarie, répliqua miss Ophélia, mais je n’en conclus pas que vous soyez tous des barbares.
    – Quant à moi, reprit Marie, je sais qu’il est impossible de venir à bout de quelques-unes de ces créatures. Elles sont si mauvaises qu’elles ne méritent pas de vivre. Je n’ai pas l’ombre de sympathie pour des malheurs de ce genre. Cela ne leur arriverait pas, si elles voulaient se bien conduire.
    – Mais, maman, dit Éva, la pauvre femme était trop malheureuse : c’est ce qui la poussait à boire.
    – Sottises ! Bah ! comme si c’était là une excuse ! Est-ce que je ne suis pas malheureuse, moi, bien souvent ! Certes, dit-elle d’un air pensif, j’ai eu de plus rudes épreuves qu’elle n’en a jamais eues ! C’est de la méchanceté toute pure. Il y a de ces gens-là qu’on ne peut rompre par aucune espèce de sévérité. Je me rappelle que mon père avait un nègre si paresseux, qu’il s’enfuyait, rien que pour échapper au travail : il couchait dans les marais, volait, et faisait toutes sortes de choses horribles. Il fut rattrapé et fouetté, je ne sais combien de fois, et ne s’en amenda pas davantage. Après la dernière

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