Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
stupéfaction, et s’adressant à l’enfant :
    « Topsy, lui dit-il, regarde ! c’est là ta nouvelle maitresse ; je lui fais cadeau de toi. À présent, vois à te bien comporter.
    – Oui, maître ! dit la petite sainte nitouche, toujours grave et solennelle, mais avec un nouveau scintillement de l’œil.
    – Tu vas être sage, très-sage ; tu comprends, Topsy ?
    – Oh ! oui, maître, répliqua Topsy, les mains toujours dévotement jointes, les yeux toujours miroitants.
    – Or ça, Augustin, qu’est-ce que cela signifie ? dit miss Ophélia. La maison regorge déjà de ces petites pestes : on ne saurait marcher sans mettre le pied dessus. Ce matin, je me lève, un négrillon roule endormi de derrière ma porte ; une tête noire se dresse de dessous la table ; je heurte un troisième moricaud couché sur le paillasson. De tous côtés, sur les balcons, sur les balustrades, on voit grimacer quelque face de suie ; partout moricauds, moricaudes, négrillons, négrillonnes, dorment, rient, pleurent, cabriolent, se roulent à terre, et fourmillent sur le plancher de la cuisine. Au nom du ciel, pourquoi nous embarrasser d’une de plus ?
    – Pour vous la donner à élever ; – ne vous l’ai-je pas dit ? – Vous la formerez. – Votre grand thème n’est-il pas l’éducation ? – Eh bien, cousine, je vous donne un sujet tout neuf, tout frais, pour vous exercer la main.
    – À moi ? je n’en ai que faire ; j’ai de quoi m’exercer dans la maison, je vous assure.
    – Vous voilà bien, vous autres parfaits chrétiens ! vous créez des sociétés de bienfaisance, vous envoyez quelque infortuné missionnaire user ses tristes jours au milieu de païens de cette espèce ; mais s’agit-il de recevoir chez soi, près de soi, l’un de ces infidèles, de se charger personnellement de sa conversion : nenni vraiment ! Arrivé là on trouve le néophyte désagréable et sale, l’œuvre trop ennuyeuse, et ainsi du reste.
    – Vous savez assez, Augustin, que ce n’est pas là mon point de vue. – Miss Ophélia, cela était clair, se radoucissait. – Il se peut qu’il y ait là une tâche vraiment chrétienne. » Elle jeta sur l’enfant un regard moins défavorable. Saint-Clair avait touché la corde sensible, car la conscience de miss Ophélia était toujours sur l’éveil. « Pourtant, ajouta-t-elle, je ne puis voir la nécessité d’acheter cette enfant, quand il y a certes dans votre maison de quoi employer tout mon temps, toute ma science et au delà.
    – Eh bien donc, cousine, et Saint-Clair la prit à part, je vous demande tout d’abord pardon des fariboles que je viens de vous débiter ; vous êtes si parfaitement bonne qu’elles ne sauraient avoir de portée avec vous. Le fait est que l’objet en question appartenait aux propriétaires, mari et femme, d’une gargotte devant laquelle je passe tous les jours. J’étais las d’entendre l’enfant crier, et ses maîtres, un couple d’ivrognes, l’assommer de coups et d’injures. Elle a un certain air si comique, si vivace, qu’il m’a semblé qu’on pourrait en tirer parti ; je l’ai donc achetée, et je vous en fais cadeau. Essayez-vous-y, et donnez-lui une de vos bonnes éducations orthodoxes de la Nouvelle-Angleterre : nous verrons ce qui en résultera. Vous savez que je n’ai pas le don du professorat ; mais j’aimerais fort à vous voir à l’œuvre.
    – Soit ! je ferai ce que je pourrai, dit miss Ophélia, et elle s’avança vers sa nouvelle propriété, comme on pourrait s’approcher d’une grosse araignée noire, en supposant qu’on n’eût pour l’insecte que de bénévoles intentions.
    – Elle est à moitié nue et d’une affreuse malpropreté !
    – Eh bien ! faites-la descendre, et que quelqu’un là-bas la récure et l’habille. »
    Miss Ophélia emmena sa prise dans les régions de la cuisine.
    « Je vois pas que maît’ Saint-Clair ait besoin d’aut’ négrillons ici ! » Ce fut la remarque de Dinah, qui considérait la nouvelle emplette d’un air peu amical : « Je veux toujours pas l’avoir à rouler sous mes pieds !
    – Pouah ! dirent Jane et Rosa avec un suprême dégoût ; elle fera bien de se tenir à distance. Je vous demande un peu si maître n’a pas déjà plus qu’assez de cette engeance de nègres !
    – Passez votre chemin ! Engeance vous-même, miss Rosa ! reprit Dinah, qui sentit l’allusion : vous croyez être blanche peut-être,

Weitere Kostenlose Bücher