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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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vous n’êtes ni blanche ni noire, et j’aime mieux pour moi être, tout franc, l’un ou l’aut’. »
    Personne, miss Ophélia le vit de reste, n’était disposé à laver et à habiller la nouvelle venue ; la bonne miss se chargea donc elle-même de la corvée, aidée de Jane, qui prêta son concours d’assez mauvaise grâce.
    De délicates oreilles ne sauraient entendre les particularités de cette première toilette. Hélas ! en ce bas monde, nombre de créatures vivent et meurent dans un état dont les nerfs de leur prochain n’endureraient pas même la description. Miss Ophélia, pleine d’une force pratique, s’acquitta scrupuleusement des plus repoussantes opérations ; mais son air, il le faut avouer, n’avait rien de flatteur, et la tâche atteignait les dernières limites de son courage. Cependant, lorsqu’elle vit les épaules et le dos de la petite négresse sillonnés de cicatrices profondes, de bourrelets de chair, de callosités, marques ineffaçables du régime sous lequel la malheureuse avait grandi, son cœur s’émut de pitié.
    « Voyez ! dit Jane montrant les marques rouges ou livides, voilà qui prouve quel démon ça fait ! elle nous en donnera du fil à retordre, j’en réponds ! Je hais ces négrillonnes ; elles sont si dégoûtantes ! Comment maître a-t-il pu se résoudre à acheter ça ! »
    La négrillonne écoutait ces obligeants commentaires de l’air humble, soumis, dolent, rivé sur son visage, et son regard furtif épiait de côté les ornements qui pendaient aux oreilles de Jane. Quand elle fut enfin revêtue d’un costume décent et complet, quand sa tête fut rasée, miss Ophélia déclara, avec une nuance de satisfaction, que « la petite avait l’air plus chrétien ; » et, préoccupée déjà de ses plans d’éducation, elle s’assit, et commença l’interrogatoire.
    « Quel âge avez-vous, Topsy ?
    – Sais pas, maîtresse, dit l’image avec une grimace qui laissa voir toutes ses dents.
    – Quoi ! vous ne savez pas votre âge ?…, jamais personne ne vous l’a dit ? – Qui était votre mère voyons ?
    – Jamais eu de mère du tout, dit l’enfant, et elle répéta sa grimace.
    – Vous n’avez point eu de mère ! Que voulez-vous dire ? Où êtes-vous née ?
    – Jamais née, moi, » persista Topsy avec une autre contorsion diabolique. Pour peu que miss Ophélia eût été nerveuse, elle aurait pu se croire en possession de quelque noir gnome, sorti du pays des lutins. Mais Ophélia était positive, allait droit au but, et elle ajouta, avec quelque sévérité :
    « Vous ne devez pas me répondre sur ce ton, enfant ; je ne plaisante pas avec vous. Dites-moi où vous êtes née, et qui étaient vos parents, père et mère ?
    – Suis jamais été née, moi, répéta le petit être avec plus d’emphase, jamais eu ni père, ni mère, ni rien du tout. Un espéculateur m’a nourrie avec un tas d’autres, et vieille tante Soué prenait soin du tas. »
    L’enfant était évidemment sincère.
    « Seigneur, miss Phélie, dit Jane avec un ris moqueur, il y en a des masses de ceux-là ! les spéculateurs les achètent tout petits, à bon compte, et les élèvent pour le marché.
    – Combien avez-vous passé de temps avec vos derniers maîtres ? reprit miss Ophélia.
    – Sais pas, maîtresse.
    – Est-ce un an ? plus ? moins ?
    – Sais pas, maîtresse.
    – Seigneur ! miss, ces engeances-là ne peuvent pas répondre ! ça ne connaît rien au monde, ni jour ni an, reprit Jane. Ils ne savent seulement pas leur âge, à eux-mêmes !
    – N’avez-vous jamais entendu parler de Dieu , Topsy ? »
    L’enfant prit l’air effaré, et répéta sa grimace usuelle.
    « Savez-vous qui vous a faite ?
    – Personne, bien sûr, » dit l’enfant avec un court éclat de rire.
    L’idée parut la divertir beaucoup, car ses yeux ronds brillèrent tandis qu’elle ajoutait :
    « Moi ai poussé, v’là tout ! je crois pas que personne m’a jamais faite.
    – Savez-vous coudre ? demanda miss Ophélia, convaincue qu’il fallait descendre à des questions terre à terre et plus positives.
    – Non, maîtresse ?
    – Que savez-vous faire ? – que faisiez-vous chez vos anciens maîtres ?
    – Je portais l’eau, je lavais les assiettes, je nettoyais les couteaux, et je servais le monde.
    – Étaient-ils bons pour vous ?
    – P’t-être bien qu’oui ! » et l’enfant examina sa maîtresse du coin de

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