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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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son œil rusé.
    Enfin, lorsque en ayant assez de l’encourageant dialogue, miss Ophélia se leva, elle vit Saint-Clair appuyé sur le dos de sa chaise.
    « Vous trouvez ici un sol vierge, cousine, semez-y vos propres idées. Vous n’aurez pas la peine d’en extirper beaucoup d’autres. »
    Les principes de miss Ophélia étaient, en éducation comme en beaucoup de choses, fixes et bien définis. C’étaient ceux qui avaient cours, il y a environ un siècle, à la Nouvelle-Angleterre, et dont on retrouverait des traces, dans plusieurs coins reculés, loin du voisinage des chemins de fer. Ils se résument en peu de mots : apprendre aux enfants à faire attention à ce qu’on leur dit, leur enseigner leur catéchisme, leur montrer à coudre, à lire, et les fouetter s’ils mentent. Bien que les flots de lumières qui illuminent, de nos jours, le grand sujet de l’éducation jettent dans l’ombre ces vieux errements, on ne saurait nier que nos grands-pères et nos grand’mères n’aient élevé, sous ce régime, des citoyens et citoyennes, passablement recommandables, comme plusieurs d’entre nous en peuvent témoigner. Quoi qu’il en soit, miss Ophélia n’en savait pas davantage ; elle se mit donc de tout cœur à sa petite païenne, résolue de déployer en sa faveur tout ce que pourraient le zèle et la vigilance.
    L’enfant avait été présentée dans la maison comme la propriété de miss Ophélia ; celle-ci la savait mal vue à la cuisine, et choisit en conséquence, pour centre de ses opérations, sa propre chambre ; sacrifice qui sera peut-être apprécié par quelques-unes de nos lectrices. Au lieu, comme par le passé, de faire elle-même son lit, de balayer, en dépit des offres empressées de toutes les femmes de chambre du logis, d’épousseter à son plaisir, elle se condamna à enseigner à Topsy ces divers exercices. Ô malheureux jour ! celles qui ont entrepris pareille tâche peuvent seules en comprendre les misères.
    Miss Ophélia, dès le premier matin, s’établit dans sa chambre, y confina Topsy, et commença avec solennité son cours d’enseignement.
    Voilà donc Topsy lavée, récurée, tondue de toutes les petites queues, orgueil de son cœur, et revêtue d’une robe propre, d’un tablier bien empesé, debout révérencieusement devant miss Ophélia, avec une expression lugubre, tout à fait convenable pour un enterrement.
    « À présent, Topsy, je vais vous montrer comment on fait un lit. Je suis vétilleuse pour tout ce qui concerne mon coucher. Il faut vous y prendre exactement comme moi.
    – Oui, ma’am’, dit Topsy avec un profond soupir, et la face de plus en plus allongée.
    – Voyez, Topsy, voilà le drap ; ceci est l’ourlet : là est l’envers, ici l’endroit ; vous le rappellerez-vous bien ?
    – Oui, ma’am’, et Topsy soupira de nouveau.
    – Bon ; maintenant le drap de dessous doit être tourné très-uni par-dessus le traversin, – de cette façon : – et remployé au pied sous le matelas, bien égal, bien lisse comme je fais : – vous voyez ?
    – Oui, ma’am’, dit Topsy, avec une grande attention.
    – Mais quant au drap de dessus, il doit être rabaissé et remployé dessous, bien ferme et bien droit ; ainsi – l’ourlet le plus étroit aux pieds.
    – Oui, ma’am’, » répliqua Topsy, toujours sur le même diapason.
    Nous ajouterons, ce que n’avait pas vu miss Ophélia : tandis que la bonne dame, le dos tourné, était dans le feu de la démonstration, sa jeune disciple avait lestement escamoté et fourré dans ses manches une paire de gants, un ruban ; puis elle avait pieusement recroisé ses mains devant elle.
    « Maintenant, Topsy, voyons comment vous vous y prenez, » dit miss Ophélia qui défit les draps, et s’assit pour regarder opérer son élève.
    Avec la même gravité solennelle et non sans adresse, Topsy exécuta toute la manœuvre, à la complète satisfaction de miss Ophélia. Elle mit les draps, effaça chaque ride, et le sérieux qu’elle apportait à remplir ses fonctions édifia grandement l’institutrice. Par malheur, un petit bout de ruban échappé du bord de la manche, juste au moment où Topsy terminait la besogne, attira l’attention de miss Ophélia. Elle fondit dessus : « Qu’est cela ? s’écria-t-elle. Vous, mauvaise petite fille, méchant petit être, vous avez volé ce ruban ! »
    Le corps du délit fut tiré de la propre manche de Topsy, sans qu’elle parût

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