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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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sous la surveillance de la famille en général, et de Sally en particulier. La chère case, à la vérité, était fermée pour l’heure, mais Georgie ne tarissait pas sur les embellissements et additions qui devaient signaler le retour de l’oncle Tom.
    Le reste de l’épître contenait : la liste des études de Georgie ; chaque article orné en tête d’une superbe majuscule ; plus le nom de quatre poulains, nés depuis le départ de Tom ; et, d’une même haleine, Georgie annonçait que papa et maman se portaient bien. Cette lettre, d’un style naïf et concis, paraissait à l’oncle Tom la plus rare pièce d’éloquence des temps modernes. Il ne se pouvait lasser de la lire et relire, et il eut, avec Éva, une grande consultation pour savoir s’il ne la ferait pas encadrer, afin de la suspendre dans sa chambre. La difficulté d’exposer à la fois les deux côtés de la page put seule annuler ce projet.
    L’amitié de Tom et d’Éva croissant avec l’âge de celle-ci, il serait difficile de dire quelle place l’aimable enfant occupait dans ce cœur tendre et dévoué. Tom l’aimait comme quelque chose de terrestre et de frêle, et rendait en même temps une sorte de culte à cette nature toute céleste. Le matelot italien ne contemple pas l’enfant Jésus avec plus de vénération et de tendresse. Son bonheur était d’aller au-devant des innocentes fantaisies, de prévenir les mille désirs, arc-en-ciel changeant et coloré de l’enfance. Le matin, au marché, ses yeux parcouraient les étalages de fleurs, cherchant pour Éva les plus rares. La pêche la plus veloutée, l’orange la plus dorée, étaient glissées dans sa poche pour être au retour offertes à la petite fille qui le guettait de la porte. Les délices de Tom, c’était de voir cette figure radieuse, c’était d’entendre l’enfantine question : « Oncle Tom, que m’apportez-vous aujourd’hui ? »
    Pour reconnaître ces attentions affectueuses, Éva n’était point en reste. Quoique enfant, elle lisait admirablement bien ; – son oreille musicale, son tour d’esprit poétique et vif, sa native sympathie pour le noble et le beau, lui donnaient, surtout lorsqu’elle lisait la Bible, des accents qui remuaient, jusqu’au fond, le cœur de Tom. D’abord elle n’avait voulu que lui faire plaisir ; bientôt, toutes les aspirations de son ardente nature s’attachèrent, s’enlacèrent au livre saint. Elle l’aima pour lui-même ; parce qu’il soulevait en elle d’étranges élans, parce qu’il la pénétrait de ces émotions indistinctes, profondes, dans lesquelles les jeunes imaginations, actives et passionnées, se complaisent.
    C’étaient surtout l’Apocalypse et les Prophéties qui la ravissaient. – Leurs images obscures et merveilleuses, leur langage fervent, l’impressionnaient d’autant plus qu’elle n’en pouvait clairement saisir le sens. – Elle et son naïf ami, le vieil enfant et la petite fille, sentaient juste de même. Tous deux savaient que le livre parlait d’une gloire qui se révélerait un jour, de prodiges à venir, – merveilles dans lesquelles leurs âmes s’épanouissaient sans savoir pourquoi. Il n’en est pas des sciences morales comme des sciences physiques, l’incompréhensible n’y est pas toujours sans profit. L’âme s’éveille, pauvre étrangère, tremblante entre deux mystérieuses éternités, – l’éternel passé, l’éternel futur. Un seul point s’éclaire autour d’elle, et sans cesse elle aspire à l’inconnu. Les appels confus, les signes indistincts qui lui viennent de cette colonne de feu et de nuées, qui marche devant les générations, comme jadis devant les enfants d’Israël, éveillent en elle de puissants échos. Les mystiques images de la Bible lui sont comme autant de talismans, pierres précieuses empreintes d’hiéroglyphes inconnus ; elle les recueille dans son sein, en attendant que le voile du temple se déchire, et qu’elle puisse les lire à cette lumière, qui dissipera toute obscurité.
    Les chaleurs de l’été ayant chassé de la ville, étouffante, et malsaine, tous ceux qui pouvaient aller respirer à la campagne les fraîches brises de mer, Saint-Clair émigra avec toute sa maison à sa villa du lac Pontchartrain.
    C’était un charmant cottage indien, entouré de légères et élégantes vérandas de bambous, et situé au centre de jardins et de parcs. Le grand salon de réunion ouvrait sur un parterre, où

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