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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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prochain !
    « Eh bien ! dit Cassy, le lendemain, après avoir épié au trou de la lucarne, voilà leur chasse qui recommence ! »
    Trois ou quatre cavaliers caracolaient devant la façade, et une ou deux paires de chiens étrangers luttaient contre les nègres qui les tenaient accouplés, aboyant et grondant les uns contre les autres.
    Deux de ces hommes étaient surveillants des habitations les moins éloignées ; les autres, camarades de bouteille de Legris, venaient des tavernes de la ville voisine, amenés par l’attrait de la chasse. On aurait eu peine à imaginer une plus odieuse bande. Legris leur servait du rhum à profusion, et ne le ménageait pas non plus aux nègres, glanés pour ce service dans les diverses plantations, car il est d’usage de faire, autant que possible, de la chasse d’un esclave une fête pour les autres.
    Cassy, l’oreille collée à la lucarne, entendait une partie des paroles qui s’échangeaient, et que lui apportait la brise du matin. Un rire sardonique venait encore assombrir sa triste physionomie, à mesure qu’elle les écoutait se partager le terrain, débattre le mérite des différents boule-dogues, donner des ordres pour faire feu, et décider de la façon de traiter, en cas de capture, chacune des fugitives.
    Elle se recula, joignit les mains, et levant les yeux au ciel : « Ô Seigneur Dieu tout-puissant ! dit-elle, nous sommes tous pécheurs ; mais, pour être ainsi traités, qu’avons-nous fait, nous de plus que les autres ? »
    Il y avait dans la voix, dans l’expression des traits, une terrible véhémence.
    « Si ce n’était vous , enfant, poursuivit-elle, et son regard tomba sur Emmeline ; si ce n’était vous, j’ irais droit à eux, et je remercierais celui qui m’abattrait d’un coup de fusil. Qu’est-ce que la liberté pour moi désormais ? me rendra-t-elle mes enfants ? me rendra-t-elle ce que je fus jadis ? »
    Emmeline, dans son innocente simplicité, à demi effrayée des sombres fureurs de Cassy, la regarda, inquiète, émue, et ne fit nulle réponse. Seulement elle lui prit la main avec un mouvement de caresse timide.
    « Non, dit Cassy, essayant de la repousser ; vous m’amèneriez à vous aimer ; et je ne peux plus, je ne veux plus rien aimer !
    – Pauvre Cassy, dit Emmeline, ne désespérez pas. Si le Seigneur nous accorde la liberté, peut-être vous rendra-t-il votre fille ; et quoi qu’il arrive, je serai une fille pour vous. Je sais que je ne reverrai jamais plus ma pauvre vieille mère ! et, que vous m’aimiez ou non, je vous aimerai, Cassy ! »
    Le doux esprit enfantin triompha. Cassy, assise près de la jeune fille, l’entoura de ses bras, caressa ses soyeux cheveux bruns, et Emmeline s’émerveilla de la beauté de ses magnifiques yeux maintenant attendris et voilés de larmes.
    « Oh ! Emmeline, dit Cassy, j’ai faim, j’ai soif de mes enfants ! Mes yeux s’usent à les chercher dans le vague.
    Là, s’écriait-elle se frappant le sein, là tout est désolé ! tout est vide ! Ah ! si Dieu me rendait mes enfants, alors je pourrais prier !
    – Confiez-vous à lui, Cassy, dit Emmeline ; il est notre Père !
    – Sa colère s’est allumée contre nous, repartit-elle. Il a détourné de nous son visage.
    – Non, Cassy, non ; espérons en lui. Oh ! moi, j’espère, j’espère toujours ! »
     
    La chasse fut longue, tumultueuse, complète, mais à pure perte, et Cassy abaissa un regard d’ironique triomphe sur Legris, lorsque, déconfit, harassé, il descendit de cheval devant la maison.
    « À présent, Quimbo, dit-il, lorsqu’il se fut étendu au salon, va-t-en me chercher ce vieux drôle ; fais-le monter ici, et au plus vite. Ce satané Tom est au fond de tout ceci, et je lui ferai sortir cette trame du corps à travers sa vieille peau noire. S’il se tait, ah ! il dira pourquoi ! »
    Sambo et Quimbo, tout en se haïssant à la mort l’un l’autre, se réunissaient pour détester Tom non moins cordialement. Dès l’origine ils avaient su que Legris n’achetait ce nègre que pour en faire leur surveillant durant ses absences. L’aversion qu’ils conçurent en conséquence contre lui, s’accrut chez ces hommes bas et serviles à mesure que celui qui en était l’objet encourait le déplaisir du maître. Ce fut donc fort joyeusement que Quimbo s’acquitta de sa commission.
    Tom reçut le message d’un cœur ferme et prévoyant ; car il était au fait du plan

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